
Histoire de la rivière Richelieu au XVIIIe siècle
Le premier homme blanc à remonter la rivière Richelieu fut Samuel de Champlain en 1603. À vrai dire, le nom sous lequel ce cours d’eau était connu à l’époque, était la rivière Masoliantekw (la graphie varie comme toujours dans les transcriptions de noms amérindiens).
Samuel de Champlain arrive jusqu’à la hauteur de la municipalité actuelle de Saint-Marc et il constate que la rivière est poissonneuse et les forêts environnantes particulièrement riches en gibier. En raison de son importance comme voie majeure de communication et de position stratégique, les tribus des Iroquois qui habitaient à l’ouest et les Abénakis qui se trouvaient à l’est menaient de fréquents combats sur ces lieux. Le nom de Masoliantekw est en effet un mot Abénaki signifiant eaux où il y a beaucoup de nourriture.
En 1609, Champlain entreprend une expédition vers les terres des Cinq Nations arrivant jusqu’à Albany dans l’État de New York. Les Français de Champlain sont accompagnés d’une soixantaine de Hurons, d’Algonquins et d’Abénakis. L’expédition fut annoncée comme une mission visant à établir la paix… Lors de cette «expédition pacifique» les participants rencontrent un groupe de chasseurs iroquois sur les rives du Richelieu. Une trentaine d’entre eux sont tués dans la bataille qui s’ensuit… Finalement, cette démarche pacifiste des Français et de leurs alliés, ennemis jurés des Iroquois, a abouti à une guerre qui a causé la mort de plus de la moitié des colons français et de nombre inconnu d’Amérindiens.
Au XVIIe siècle, on nomme d’abord la rivière, rivière Iroquois, puis on la baptise rivière Champlain. Mais peu après, en 1642, le roi décrète que la rivière portera désormais le nom de Richelieu.
La rivière Richelieu devient le théâtre de luttes acharnées entre les Français, les Anglais, les Mohawks, les Hurons, les Abénakis, les commerçants de fourrures, les milices américaines, les Bostonnais (les Américains indépendantistes) et les Patriotes.
C’est sur le Richelieu que le Régiment de Carignan, envoyé par le roi en Nouvelle-France à la demande des autorités canadiennes, entre en combat en 1665, en remontant la rivière pour «pacifier» la région. C’est ici que les militaires français construisent le premier fort (il fut érigé sur l’Île aux Cerfs ou sur la rive ouest, près de cette île) afin de créer une place d’armes pour guetter l’arrivée des Iroquois et concentrer les forces afin de contre-attaquer.
Un peu plus tard, les soldats du régiment de Carignan, commandés par M. de Tracy, érigent le premier fort de Chambly, ce qui n’empêche toutefois pas la guerre meurtrière contre les Iroquois de se poursuivre jusqu’en 1701.
Par ailleurs, cette situation explique pourquoi il y eut peu de défrichement autour de la rivière Richelieu et pourquoi on octroya peu de seigneuries dans ces lieux au XVIIe siècle. La première fut octroyée en 1672 au capitaine Jacques de Chambly et celle de Cournoyer, fut concédée en 1695. Les premières paroisses y seront fondées à partir de 1740, mais elles sont désertes et ce sont des convois militaires qui accompagnent les canots, les radeaux et les barques qui parcourent la rivière.
Ce n’est qu’après la Conquête que des marchands de New York commencent à sillonner les lieux. Ils ne tardent pas à établir de nombreux entrepôts un peu partout le long de la rivière et organisent l’échange des produits locaux de la chasse et de l’agriculture. Ce sont eux qui introduisent des barges à fond plat, des gabares à voile dirigées par de longues piques et des radeaux de bois tirés par des chevaux qui avancent sur les rives (les gabares sont des chalands servant au déchargement des navires).
Alors, dès 1780, la rivière Richelieu sert de voie d’exportation pour la potasse, les céréales d’orge et de pois entre autres. Tout le long de la rivière, on construisit de vastes entrepôts flanqués de magasins, où des cultivateurs apportaient leurs céréales et s’approvisionnaient au magasin général.
En 1809, Napoléon impose son blocus sur la mer Baltique privant ainsi l’Angleterre du bois de construction qu’elle recevait, grâce aux efforts de la cour royale française qui siégeait alors en exil à Riga.
Aussi, en 1809, de grands radeaux de billots de chênes et de pins de la meilleure qualité, coupés en Montérégie, seront-ils exportés le long du Richelieu et acheminés jusqu’à Québec au fil du courant.
Île aux Noix
En Montérégie, l’île aux Noix émerge sur 1,5 km de longueur de la rivière Richelieu, à 14 km au nord de la frontière de l’État du Vermont. Au début de la colonie, l’île est en partie couverte de noyers, ce qui explique le choix du toponyme. Lors de son exploration de la rivière Richelieu en 1609, Samuel de Champlain écrit : Tout cedict pays est fort uny, remply de forests, vignes et noyers. Le 2 avril 1733, le gouverneur de la Nouvelle-France concède l’île aux Noix au seigneur Pierre-Jacques Payen de Noyan et de Chavoy. Le premier occupant de l’île, Pierre Jourdanet, soldat de la compagnie de Lorimier, en obtient la location pour une période de huit ans avec obligation de ne point abattre les noyers.
La guerre de Sept ans faisant rage, les Français se consacrent surtout à la fortification de l’île dont les Britanniques s’empareront néanmoins le 28 août 1759. Abandonnée après la Conquête, l’île est occupée quelques jours à l’automne de 1775 par les Américains qui se portent ensuite à l’attaque des forts du Richelieu et de Montréal. Après la retraite américaine, en 1776, les Britanniques élèvent des redoutes sur l’îsle aux Noix ; quelques familles loyalistes viennent s’y établir à la fin du XVIIIe siècle. Lors de la guerre de 1812-1814, un important chantier de construction du fort Montgomery, un peu plus au sud, les Britanniques, en 1819, érigent une importante structure militaire à l’extrémité sud de l’île, le fort Lennox. En 1870, au moment du départ des Britanniques, l’île est louée à des cultivateurs qui en font un grand pâturage et, au tournant du XXe siècle, elle devient un lieu de villégiature. Cédée au ministre de l’Intérieur en 1921, il en fait un lieu historique. Durant la Seconde guerre mondiale, le gouvernement canadien utilise la fortification comme camp d’internement. L’île aux Noix est aujourd’hui inhabitée mais le fort Lennox, propriété du Service canadien des parcs, demeure un lieu touristique très fréquenté.
Un volcan à Saint-Luc sur le Richelieu ?
Doit-on croire ou ne pas croire cet habitant de Saint-Luc, Ferdinand Manie, lorsqu’il affirme avoir été le témoin oculaire d’une explosion volcanique? Voici les faits tels que rapportés par National, au cours des premiers jours du mois de mai 1873.
Étant occupé à ériger une grange pour le compte d’un cultivateur de la Petite Savane, Ferdinand Manie entendit soudainement un bruit semblable à celui « d’une bâtisse qui s’écroule avec fracas, et au milieu de tout cela comme des détonations d’armes à feu ». Trois arpents plus loin, il voit « une masse de terre de la forme et les dimensions d’un tonneau, s’élever jusqu’à la hauteur de 15 à 16 pieds, puis laisser échapper à son sommet une colonne de fumée qui monta très haute et s’évanouit à l’instant. La terre était déjà retombée sur elle-même quand la fumée eut disparu. On se rendit sur les lieux et l’on trouva, à l’endroit même où la terre avait té soulevée, une bouleversement très considérable ».
Ce qui nous convainc de l’authenticité du phénomène est que le bruit fut entendu par plusieurs personnes, ce qui est d’autant plus inquiétant que l’opinion généralement répandue parmi nous est que les rives du Saint-Laurent sont les plus solides du monde et que nous pouvons y dormir en paix.
(Source : Nos racines).

Rivière Richelieu, image libre de droit.
Pour en apprendre plus :
- La ville de Saint-Marc-sur-Richelieu
- La ville de Saint-Mathieu-de-Beloeil
- Église de Saint-Marc-sur-Richelieu
- Vallée du Richelieu
- Site des Cinq Nations
- Invasion américaine de 1775
- Fort de Chambly
- La ville de Richelieu
- La ville de Carignan
- La ville de Mont-Saint-Hilaire
- La ville de Sorel-Tracy
- La ville d’Otterburn Park
Facebook
Twitter
RSS