Une santé fragile de Sainte-Anne
Le bassin de la rivière Sainte-Anne compte vingt-une municipalités, ainsi qu’une proportion considérable de terres publiques. Le territoire comprend une partie des deux zones d’exploitation contrôlée. Le bassin nord se situe dans la réserve faunique des Laurentides, dont le secteur Tourilli est géré par le conseil de la nation huron-wendat. Le lac Long et le lac Montauban sont le pôle d’attraction du parc régional dans le secteur.
Environ 80 pour cent de la superficie totale du bassin de la Sainte-Anne est occupée par la forêt, 12% par l’agriculture, moins d’un pour cent par les zones urbaines, à peu près 5% par l’eau et les milieux humides. Au début du XXIe siècle, on a relevé dans l’ensemble du bassin versant la présence de 74 barrages servant d’abord à maintenir un niveau d’eau propice aux usages récréatifs, dont le barrage industriel de Chute-Panet, et, en second lieu, à l’aménagement de la faune. Les ouvrages les plus imposants, trois barrages hydroélectriques, un barrage industriel et un brise-glace, sont postés sur la rivière.
Une campagne d’échantillonnage menée vers le début du nouveau siècle révèle que l’eau de la rivière Sainte-Anne, d’excellente qualité dans la portion supérieure du bassin, se détériore progressivement dans le voisinage des villes, des villages et des terres agricoles de la portion méridionale. Le début relativement élevé y contribue à diluer les sources de pollution de sorte que la qualité de l’eau de la Sainte-Anne redevient satisfaisante dans le secteur de l’embouchure. Le problème majeur à cet endroit semble être relié à la turbidité trop élevée.
Au cours de la dernière décennie du XXe siècle, la fromagerie constituait le principal facteur agissant sur la qualité de l’eau du Bras-du-Nord. L’acheminement des eaux usées de l’industrie vers le réseau municipal de Saint-Raymond, en 1998, a grandement amélioré la situation : le phosphore a diminué de 17 pour cent et les nitrites-nitrates, de 21 pour cent. L’assainissement des rejets des municipalités de Saint-Raymond et de Saint-Léonard-de-Portneuf, couplé aux traitements primaire et secondaire des effluents de la papetière voisine, a entraîné une diminution des coliformes fécaux et de la turbidit. Dans ce secteur. En même temps, la teneur en phosphore total chutait de plus de 30% dans les dernières décennies. Les efforts déployés ont agi sur la qualité de l’eau à l’embouchure de la rivière, où la teneur en phosphore total a diminué de plus de 35% et les matières en suspension, de 30%. Le cours inférieur de la Sainte-Anne est irrigué par des ruisseaux très affectés par l’érosion et la dé-végétalisation.
L’état de santé du bassin versant montre donc une amélioration notable de la qualité de l’eau de surface, en particulier dans la rivière Sainte-Anne. L’intégrité des communautés ichtyologiques de la rivière s’en trouve améliorée. Par contre, les cours d’eau tributaires situés en milieu agricole affichent un bilan moins positif. L’assainissement des eaux usées municipales concentrées dans cette zone n’est pas encore terminé. Les activités agricoles entretiennent les côtes douteuse et très mauvaise attribuées à la qualité des eaux de ces rivières. Les perspectives d’amélioration envisagées dès à présent laissent espérer un redressement de la situation dans les années à venir.
En tout cas, le bassin versant de la rivière Sainte-Anne est soumis à un climat de type subpolaire, subhumide continental; les pluies y sont réparties également dans l’année et l’ensoleillement correspond à la moyenne mondiale.
La région de la Sainte-Anne connaît de grandes amplitudes thermiques et de fortes précipitations qui influencent la distribution de la végétation sur le territoire, au même titre que l’altitude, le type de sol et le relief. Le bassin versant peut être subdivisé en zones végétales et en domaines bioclimatiques. La portion la plus septentrionale du bassin se situe dans la zone boréale du domaine de la sapinière à bouleau blanc.
La zone tempérée nordique, qui s’étend de Saint-Raymond à Sainte-Anne-de-la-Pérade, voit se succéder les domaines de la sapinière à bouleau jaune, de l’érablière à bouleau jaune et de l’érablière à tilleul. Une dizaine de plantes vasculaires figurant sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec colonisent la vallée de la Sainte-Anne. On croit qu’un inventaire plus poussé révélerait la présence d’au moins deux fois plus de ces végétaux fragiles. Le bassin versant regroupe plus de 1 300 milieux humides totalisent une superficie d’environ 25 kilomètres carrés, comprenant des étangs de castors, des herbiers aquatiques, des marais, des tourbières, des marécages et des prairies humides. Un certain hombre d’entre eux sont l’objet d’ententes et de projets de conservation. Les zones humides et aires couverts végétaux fournissent gîte et nourriture à de nombreuses espèces fauniques : le grand héron, les canard, les oies et d’autres oiseaux migrateurs, le rat musqué, l’orignal, le chevreuil, l’ours, ainsi que de nombreux reptiles et amphibiens. Bref, le bassin versant de la rivière Sainte-Anne comprend un éventail fort intéressant de milieux humides.
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