L’eau douce
« Isalade: Je regrette mais l’eau potable est complète et la municipalité m’en alloue juste assez pour les besoins de mon business. Ne lisez-vous donc jamais les journaux? Le lac Ontario et le lac Erié ont été tout bus par des algues géantes. Il ne reste qu’un pied de profondeur dans les lacs Huron, Michigan et Supérieur. »
Réjean Ducharme. Ines Pérée et Inat Tendu, Leméac, Montréal. 1976, p.33
Plus de 40% de la population mondiale souffre de la pénurie d’eau potable alors que l’eau recouvre 70% de la surface de notre planète.
Cependant, dans tout ce volume d’eau, 2,5% seulement est constitué d’eau douce et uniquement 0,3% de cette eau est facilement accessible et renouvelable. La situation est particulièrement alarmante dans 80 pays où les réserves d’eau douce sont pratiquement épuisées (les pays qui vivent sous ce seuil de pénurie, sont situés pour la plupart en Afrique et au Moyen Orient). Il y a une trentaine d’autres pays dont les réserves d’eau potable sont insuffisantes.
Par ailleurs, plus de 40% des humains sont privés d’installations sanitaires.
On constate que chaque année, plus de onze millions de personnes, dont plus d’un million et demi d’enfants de moins de 5 ans, décèdent suite à des maladies liées à de l’eau impropre à la consommation.
Le Canada, heureusement pour lui, se trouve parmi les dix pays qui partagent 60% des réserves mondiales d’eau douce.
Le Québec, quant à lui, possède la plus grande partie de ces réserves, grâce au fleuve Saint-Laurent, à ses majestueuses rivières et ses lacs innombrables. Plus de 3% de la réserve mondiale d’eau douce se trouve au Québec, dont la population représente environ 0,15% du total des habitants de la Terre. Au Québec, ces réserves sont concentrées dans les rivières, neige et glaciers (70%), dans le sous-sol (plus de 30%) et dans les lacs et réservoirs (0,5% approximativement).
L’agriculture consomme 70% de l’eau douce, 20% est utilisé par l’industrie et moins de 10% par les particuliers. Pour produire un 1 kilogramme de blé, il faut 1000 litres d’eau, pour un kilogramme de riz, il en faut 1400 litres et pour 1 kilogramme de bœuf, plus de 13 mille litres.
Au Québec, nous utilisons en moyenne plus de 300 litres d’eau par jour et par personne pour nos besoins quotidiens. En Afrique, la consommation en eau est de 10 à 20 litres par jour et par personne.
Note de GrandQuebec.com :
Personne ne conteste que l’eau douce nous est indispensable. Uniquement pour survivre nous devons en consommer sous une forme ou une autre ; il en va de même pour l’ensemble des organismes vivants. Au Québec, 80% de la population d’abreuve à partir des eaux de surface, dont 45% proviennent du fleuve et 35% des lacs, des rivières et des ruisseaux. L’équation ne saurait être plus claire : la détérioration et l’appauvrissement de cette ressource essentielle se répercutent directement, à court ou à long terme, sur notre qualité de vie, sinon sur notre survie.
Ceux qui adhèrent plus volontiers à la valeur pécuniaire seront surtout sensibles au fait que la dégradation du milieu aquatique génère des coûts sociaux faramineux. L’accès sans restriction à une eau de consommation qui réponde aux plus hauts critères de qualité exige soit des traitements raffinés, soit l’accès à des sources d’approvisionnement multiples, parfois éloignées. Les deux options réclament des infrastructures onéreuses.
Sur un plan plus personnel, on peut regretter que la qualité de l’eau et la dégradation de sa source limitent des activités simples et autrefois très accessibles comme la baignade, le canotage et la pêche sportive, aujourd’hui plutôt marginales dans les zones organisées. La couleur et la grâce des paysages riverains ne sont plus, en maints endroits, qu’un vague souvenir. Comment maintiendrons-nous la valeur touristique de nos cours d’eau?
En marge de la surveillance des lacs et des rivières, la protection des marais, des tourbières et des zones riveraines est devenue le chef de bataille de la lutte environnementale. Ces écosystèmes, gardiens d’exceptionnelles richesses, résistent mal aux assauts impulsifs de l’homme. Au cours du XXe siècle, la plupart des régions du Canada, particulièrement les zones organisées, ont vu disparaître plus de 70 % de la superficie des milieux humides. Seulement au Québec, des milliers d’hectares de ces types d’habitats ont été détruits le long du Saint-Laurent. L’urbanisation et le développement des terres agricoles font la loi presque partout dans le sud de la province – les zones humides y sont drainées ou remblayées sans autre forme de procès que le goût du jour. À peine prenons-nous conscience collectivement des conséquences de ces actes irréfléchis.
Nous ne le dirons jamais assez, la dégradation du milieu aquatique au Québec engendre des coûts croissants. La restauration et la préservation aussi, bien sûr, mais en entraînant la consolidation et la croissance de la ressource. On a jugé un peu trop cavalièrement jusqu’à aujourd’hui que la perte des patrimoines naturel et culturel des milieux aquatiques et humides était négligeable. La réalité nous rappelle cependant que l’humain dépend de la santé de la nature et de l’eau qui l’entoure. Pas de salut pour lui sans le respect et la protection qu’il est en mesure d’assurer, sous quelque forme qu’elle se présente, à chacun des éléments de sa propre survie : air, terre, eau.
Une fois qu’on examine le Québec de long en large et du nord au sud, la question est: que restera-t-il pour les prochaines générations des ressources aquatiques du territoire québécois sacrifiées à une pseudo croissance économique si nous continuons à les surexploiter et à les endommager?
Au rythme actuel, nous n’en avons peut-être pas beaucoup devant nous, de ces années d’opulence. À vrai dire, le compte à rebours a commencé sans prévenir. Saurons-nous déterrer nos racines et les rafraîchir à la source de nos rivières? Écoutons la réponse de plusieurs organismes et de citoyens mis en alerte qui se sont portés volontaires pour entreprendre cette tâches titanesque que nous ne pourrons abattre qu’ensemble, pionniers d’un nouveau monde digne de ceux d’hier et des rivières qui chantaient comme une promesse d’avenir.
Admettons cependant, que depuis quelques années, une proportion croissante d’industries et d’instance gouvernementales, talonnées par l’opinion publique et par l’urgence de la situation, se préoccupent déjà de la préservation des ressources aquatiques.
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