Ecologie et environnement

Dépollution du Saint-Laurent

Dépollution du Saint-Laurent

Le Canada peut maintenant réaliser la dépollution du fleuve Saint-Laurent

PARIS — « Le Canada se trouve à l’avant-garde des pays industrialisés pour ce qui est de la protection de l’environnement et de la lutte contre la pollution. »

C’est ce que nous déclarait hier à Paris le ministre canadien de l’Environnement. Mme Jeanne Sauvé, qui venait de participer à une conférence ministérielle des pays de l’OCDE sur le problème de l’environnement.

Selon Mme Sauvé, le Canada fait partie des pays — assez peu nombreux — où la protection de l’environnement a été confiée à un ministère à part entière. (La France vient tout juste de créer un ministère de la « Qualité de la vie », et beaucoup de pays de l’OCDE étaient représentés par des secrétaires d’État ou autres ministres de l’Éducation, de l’Agriculture, etc.) Le budget de ce ministère (qui s’occupe également des forêts, des pêcheries et des eaux) est actuellement de l’ordre de $360 millions, chiffre considérable selon le ministre.

« Au Canada, nous disait Mme Sauvé, il y a plusieurs problèmes que nous avons réglés. Par exemple, en collaboration avec les États-Unis, nous avons presque terminé la dépollution des Grands-Lacs, et nous pouvons maintenant nous attaquer à celle du Saint-Laurent.

En ce qui concerne la pollution atmosphérique, nous sommes également avancés. Des réglementations ont été faites en ce qui concerne les industries existantes et désormais, les nouvelles industries devront soumettre leurs plans au ministère de l’Environnement. »

Pour Mme Sauvé, et c’était là l’esprit de cette conférence de l’OCDE à Paris, le Canada peut maintenant entrer dans la « seconde génération de la lutte contre la pollution »: explorer les domaines encore mal connus, et surtout établir des mesures préventives, au lieu de corriger ta situation existante.

Malgré un discours assez neutre surtout si on le compare à celui du ministre australien de l’Environnement) Mme Sauvé s’est montrée fort active au cours de la conférence, en défendant notamment une résolution sur les problèmes de pollution « transfrontières ».

Cette résolution, qui suscitait des réserves au sein de certaines délégations, souligne la responsabilité des pays qui exportent la pollution — atmosphérique ou fluviale — vers les pays voisins. La pollution, nous disait Mme Sauvé, est par excellence un problème international : nous avons beaucoup de rivières qui viennent des Etats-Unis, chaque pays d’Europe a des problèmes analogues. La résolution sur la pollution transfrontières constitue un important pas en avant vers la concertation internationale.

À quoi sert une conférence de ce genre? Dans l’immédiat, elle donne peu de résultats concrets: les pays membres s’entendent sur de grandes orientations et mettent en commun leurs expériences. Comme tout ce qui se déroule dans le cadre de l’OCDE, cette conférence a surtout le caractère d’un forum d’échanges. Cependant, comme les délégations étaient dans la plupart des cas dirigées par des ministres, on peut supposer que les orientations seront éventuellement mises en pratique par les gouvernements participants.

Mais chaque pays — et chaque ministre — demeure tout à fait libre vis-à-vis des conclusions de la conférence (qui n’apportent rien de très nouveau par rapport aux orientations précédentes de l’OCDE ou de la conférence de 1972 à Stockholm). Sur la pollution, précisément, Mme Sauvé a des idées bien arrêtées.

« Le problème prioritaire, nous disait-elle, est pour moi celui de l’eau. Bien qu’on ne connaisse pas très bien celui du bruit, il est possible qu’il ne soit pas dramatique.

Quant à la pollution atmosphérique, on s’y est déjà attaqué et il est surtout spectaculaire: après tout, une éruption volcanique pollue l’atmosphère de façon beaucoup plus grave que toutes les automobiles d’une ville et jusqu’à maintenant on ne meurt pas de l’air qu’on respire.

« Mais le problème de l’eau est gigantesque. Ce problème, c’est celui de l’élimination des déchets humains — celui des égouts. On n’a pas encore trouvé de solution, et la pollution des cours d’eau est d’une gravité certaine —, on ne peut plus se baigner, les poissons disparaissent, etc. Car la réalité, c’est que. bien avant les industries, le grand pollueur moderne est l’homme lui-même ».

(Cette nouvelle vient du 18 novembre 1974).

Le Saint-Laurent. Photo de GrandQuebec.com.

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