
Le cas de l’hydroélectricité au Québec
L’eau des rivières n’est pas seulement source de vie, ellle est également source d’énergie. Les Québécois le savent depuis belle lurette. Fort brûlant en ce début de XXIe siècle, le dossier de l’hydroélectricité ébranle le conseusus social, d’une façon plus turbulente que les activités proprement répréensibles précédemment commentées. Le problème est complexe : les besoins, apparemment insatiables, grandissent; la ressource hautement renouvelable tend à y répondre malgé l’état actuel des rivières qui en appelle avec insistance à la réflexion sinon au découragement.
Le combat inéagl de la nature contre l’ambition économique, de la vie contre le profit a commencé.
À la fois juge et partie dans ce débat, chacun s’interroge à savoir si la privation relative de confort vaut davantage que le salut d’une rivière. Mais il est clair que l’on devra trouver le meilleur équilibre possible entre, d’une part, le confort et les profits momentanés et, d’autre part, les besoins que la planète peut combler sans tarir ses forces. Un tel débat déborde le cadre de ce billet, alors contenons-nous de considérer le poids énorme de l’industrie du kilowatt sur les rivières et l’écosysteme aquatique, sans perdre de vue que les Québécois, par leurs choix et leurs exigences, l’ont bâtie à leur image.
L’énergie en quelques chiffres
Environ 95% de la puissance électrique totale disponible au Québec est générée par l’hydroélectricité, un bilan qui met la province au rang des principaux producteurs mondiaux.
Demande énergétique
Selon le ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs, le Québec est l’une des régions du monde où la consommation énergétique est parmi les plus élevées, la forme d’énergie principale étant l’électricité (plus de 40 pour cent). La consommation québécoise s’établit à plus de 1% de la consommation mondiale d’électricité. En fait, la consommation per capita place le Québec au deuxième rang mondial après le Norvège.
Une puissance bien assise
À la fin de l’année 2000, la puissance électrique de la province du Québec totalisait plus de 40 000 mégawatts, dont plus de 77% aux mains d’Hydro-Québec qui comptait quelque 80 centrales réparties sur l’ensemble du territoire québécois, un réseau de transport de 32 000 kilomètres et un réseau de distribution de plus de 100 000 kilomètres.

Saint-Laurent. Photo de GrandQuebec.com.
Portrait économique
En mars 2003, Hydro-Québec annonçait des profits de 1,5 milliard de dollars pour l’année 2002. Son actionnaire principal, le gouvernement du Québec, recevait pour sa part des dividendes records de 763 millions de dollars. Depuis 1997, les exportations, en 15 ans, d’électricité ont augmenté de plus de 55%.
Aujourd’hui, dans les faits, les besoins hydroélectriques du Québec paraissent énormes. Ils nous ont déjà oobligés à inonder des milliers de kilomètres carrés de forêt.
La création de réservoirs entraîne l’inondation de précieux territoires forestiers. La superfivice des réservoirs a presque quintuplé entre les années 1960 et 1980, passant d’un peu plus de 4 000 kilomètres carrés à près de 20 000 kilomètres carrés. Les implantations se sont faites d’abord en région septentrionale, au-delà du 50e parallèle Nord, sur un territoire jusque-là peu touché par des initiatives de cet ordre. Parallèlement, les projets se multiplient, étendent leurs ramifications, menacent un nombre croissant de rivières. La voracité du système soulève l’ire des citoyens, qui reprochent de plus en plus ouvertement à la société d’État ainsi qu’à certaines firmes privées et à l’État lui-même de faire fi du bon sens et de trafiqueer les paramètres pour une question d’image ou de gros sous, en tâchant d’ignorer les contrecoups de l’entreprise sur le patrimoine et l’écologie.
Quelles sont les conséquences concrètes des installations hydroélectriques sur les éco-systèmes aquatiques? Premièrement, l’impact physique. La création de barrages et la mise en eau de réservoirs modifient considérablement les zones périphériques des lacs et des rivières, dessinant de noveaux rivages très souvent appauvris ou im,productifs. La présence de telles installations se solde généralement par la perte combinée d’habitats terrestres et aquatiques. Les ouvrages de retenue nuisent à la migration de certains poissons; le changement de débit affecte les sites et les activités de frai de nombreuses espèces. Même les petites centrales au fil de l’eau peuvent altérer l’apparence des chutes et des rapides, causant non seulement un préjudice visuel, mais aussi une atteinte aux fonctions écologiques du site.
Le marnage, qui atteint plusieurs mètres dans les réservoirs, érode les rivages, qui deviennent alors réfractaires à toute colonisation végétale et animale. Après l’inondation de vastes territoires, des populations animales entières se trouvent dans l’obligation de migrer vers de nouveaux habitats; quelques espèces incapables de s’adapter à ces bouleversements disparaissent localement.
L’inondation des terres et des forêts solubilise le mercure présent dans le milieu. Une fois transformé en méthylmercure, il s’avère plus toxique et plus persistant dans la chaîne alimentaire. Cette contamination au mercure, inhérente à la création de réservoirs, rend le poisson impropre à la consommation pendant plusieurs décennies, voire une centaine d’années, le temps qui cesse l’accumulation du métal et que les teneurs présentes dans la chair retombent à des niveaux comparables à ceux mesurés dans les poissons des lacs naturels, Soit dit en passant, ces derniers sont en général loin d’être à l’abri d’une contamination au mercure.
Dépassant l’important impact régional, le cumul de ces dérangements à une échelle de plus en plus considérable inquière et nous incite à remettre en question la pertinence des initiatives en matière d’hydroélectricité.
(Source : Rivières du Québec, par Annie Mercier et Jean-François Hamel. Découverte d’une richesse patrimoniale et naturelle. 2004, Les Éditoons de l’Homme, une division du groupe Sogides. Pp. 24-27).
Facebook
Twitter
RSS