Les eaux du Québec

Barrages au Québec

Barrages au Québec

Barrages au Québec

Voici quelques-uns des barrages qu’on trouve sur le territoire du Québec. Au total, Québec produit plus de 90 % de son électricité sous forme d’énergie hydroélectrique, ainsi, la province possède plus d’une centaines de centrales hydroélectriques appartenant aux domaines privé et municipal :

Barrages Bersimis-Un et Bersimis-Deux

Érigés sur la Côte-Nord à environ 100 km à l’ouest de Baie-Comeau, les barrages Bersimis-Un, puis, 25 km en aval, Bersimis-Deux, régularisent le cours de la rivière Betsiamites. Celle-ci déverse à quelque 90 km au sud, dans le Saint-Laurent, la où se situe le hameau de Rivière-Bersimis. Les travaux d’édification des barrages débutent en 1953 et nécessitent l’érection d’un quai à Forestville, de même que la construction d’une route afin d’acheminer les matériaux. À la mise en service des centrales, en 1960, un total de 1 567 — kW est ajouté au réseau hydroélectrique québécois. Le hameau de Labrieville, construit à cette même époque à proximité de Bersimis-Un pour accueillir les quelque 5 000 travailleurs de ce grand chantier, sert toujours à loger le personnel permanent des deux centrales, bien que la plupart des construction et bâtiments aient été démolis depuis.

Barrage Sartigan

Construit sur la rivière Chaudière, à la hauteur de Jersey Mills, ce barrage a été officiellement inauguré en 1967. Destiné à retenir les glaces printanières et à régulariser le débit de la rivière en toutes saisons, il constitue l’un des ouvrages principaux permettant d’atténuer les mauvais effets des crues catastrophiques de la Chaudière. Il sert également, depuis 1975, à l’approvisionnement en eau de la ville de Saint-Georges. Le nom a été attribué en l’honneur des Abénaquis, considérés comme les pionniers de la vallée de la Chaudière et de la Beauce. Sartigan reprend d’ailleurs une appellation qui a longtemps servi à désigner l’ensemble de ce territoire. Aux XVIIIe et XIXe siècles, on parlait souvent des gens de Sartigan. Ce spécifique désigna aussi la rivière Chaudière, un site à l’embouchure de la rivière Famine et la forêt ou le bois de Sartigan, qui s’étendait dans la plée de Saint-Henri de Lévis, où fut tracée la route Justinienne. Le terme a connu plusieurs variantes dont Chatigan, Satigan, Santigant et même Saint-Igan. Sartigan n’est pas répertorié dans les travaux récents portant sur la toponymie de ce groupe amérindien bien que le suffixe « igan » ait habituellement le sens de « portage » dans leur langue.

Barrage LG-Deux

Le barrage et la centrale LG-Deux sont situés à 112 km de l’embouchure de la Grande Rivière, du côté est de la baie James, dans le Grand Nord du Québec. Le toponyme est formé de LG, initiales de La Grande, autre nom du cours d’eau sur lequel le Barrage a été aménagé, et de Deux, qui indique que c’est le second barrage en remontant la rivière depuis l’embouchure. Plus long barrage de retenue en enrochement au Québec, il mesure 2 186 m de long et 68 m de haut, sa largeur en crête est de 9 mètres, alors que celle de la base est de 600 mètres. C’est entre 1973 et 1979 que se sont échelonnés les travaux de construction du barrage et de la centrale. Les équipements sont entourés d’un semblable de digues de remblai, dont la longueur dépasse 25 km et dont la hauteur varie de 1 à 66 mètres. Les dimensions considérables de ces aménagements se justifient par l’arrivée des eaux de dérivation des rivières Eastmain et Opinaca, en provenance du sud. Le réservoir qui s’étend derrière le barrage atteint une superficie de 2836 kilomètres carrés. L’évacuation de crue du barrage a une capacité de 17 600 mètres cube/seconde, soit près du double du débit moyen du fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Montréal. La centrale LG-Deux est installée à 137 mètres sous terre, dans une caverne de 483 mètres de long, 25 mètres de large et 45 mètres de hauteur ; on y retrouve seize groupes turbo-alternateurs qui, sous une hauteur de chute de 180 mètres, produisent chacun 333 MW, soit une puissance totale de 5 328 MW. En 1993, cette centrale souterraine était la plus grande au monde et se classait deuxième en ce qui touche la production d’énergie annuelle. Sa puissance a été portée à 7 326 MW en 1992, à la suite des travaux de suréquipement entrepris en 1987. D’autres infrastructures viennent compléter les installations du barrage, de la centrale LG-Deux et se son suréquipement LG-Deux-A ; ce sont chronologiquement par année de mise en service : LG-Trois en 1982, LG-Quatre en 1984 et LG-Un à l’automne 1995. Ces dernières centrales produisent respectivement 2304 MW et 2650 MW pour les deux premières et 1 368 MW pour la dernière.

Barrage des Marches-Naturelles

Le barrage des Marches-Naturelles a été construit en 1908 à un peu plus de 1 km en amont de la chute Montmorency sur la rivière du même nom, en banlieue de la ville de Québec. Les eaux qui s’en échappent forment une chute de 19 m de hauteur. La centrale hydroélectrique constituée d’une seule turbine à axe vertical n’est plus exploitée depuis 1965. Les travaux de consolidation du barrage terminés en 1977 ont permis d’assurer une réserve en eau suffisante pour alimenter la prise d’eau de la ville de Beauport située en amont du barrage. Le spécifique Marches-Naturelles décrit, en termes populaires, l’empilement des strates calcaires du lit de la rivière Montmorency disposé en gradins, notamment entre le barrage et l’embouchure de la rivière Ferry, à 1 km en amont. La plus ancienne attestation connue de ce nom se trouve dans l’œuvre du peintre James Pattison Cockburn qui intitula l’une des ses aquarelles, en 1828, Natural Steps of Mtcy.

Barrages Pibrac

Ces barrages, localisés à l’endroit où le lac Kénogami se déverse dans la rivière aux Sables, ont été aménagés pour alimenter en hydroélectricité la ville de Jonquière, sur le Saguenay. L’ensemble se compose de quatre digues, dont deux sont reliées aux berges du cours d’eau et deux autres forment deux îles en son milieu. On ne connaît pas l’origine assurée de ce toponyme mais on sait qu’il était déjà en usage au début du XXe siècle. Il pourrait évoquer le village de Pibrac en France, où est née au XVIIe siècle la bergère Germaine Cousin, canonisée par l’Église en 1867. Une digue en bois qu’on appelait batardeau a d’abord été érigée vers 1900 par une entreprise fabriquant de la pulpe et du papier en vue de régulariser le débit de la rivière aux Sables. En 1924, la digue a été remplacée par des barrages en béton. On a parfois désigné ces installations sous les noms de Barrages de Price, Barrage Pibrac Est et Barrage Pibrac Ouest ou Barrages du Lac-Kénogami. Il est même arrivé que le nom des barrages s’étende aussi à la rivière aux Sables, rebaptisée Pibrac. La construction des Nouveaux barrages a occasionné un rehaussement du niveau des eaux du lac obligeant la fermeture du village de Saint-Cyriac situé non loin. Bien qu’on ait espéré voir les familles évacuées venir s’installer à Pibrac, seulement quelques-unes le firent effectivement. Un bureau de poste y a tout de même été en service de!932 à 1952.

Barrage Bourque

Dans la réserve faunique La Vérendrye, ce barrage s’élève sur le parcours de la rivière des Outaouais, à l’extrémité nord-ouest du réservoir Dozois, à 14 km au nord-est de l’établissement amérindien de Grand-Lac-Victoria. Construit en 1949, il a servi à la formation et au maintien du réservoir Dozois. C’est sans doute pour cette raison qu’on le dénomme également Barrage Dozois. Paru sur les documents cartographiques au moins depuis 1952, ce toponyme honore John Samuel Bourque (1894-1974). Né à Sherbrooke, soldat puis officier des Fusiliers de cette ville, entre 1910 et 1943 (sauf durant la Première Guerre mondiale, où il sert dans le Royal 22e Régiment), employé de la Macamic Pulp and Lumber, en Abitibi, après 1918, commerçant de bois à Sherbrooke à partir de 1925, Bourque est surtout connu pour sa carrière politique. Conseiller municipal de Sherbrooke de 1934 à 1938, il siège à l’Assemblée législative du Québec, à titre de député de Sherbrooke, entre 1935 et 1960. Dans le cabinet unioniste de Maurice Duplessis, il occupa successivement les fonctions de ministre des Travaux publics, des Terres et Forêts et des Ressources hydrauliques de 1936 à 1958. De 1958 à 1960, donc à la fin du régime duplessiste, puis sous les gouvernements de Paul Sauvé et d’Antonio Barrette, il dirigera le ministère des Finances. John Samuel Bourqui est décédé à Sherbrooke.

Lieu-dit Chute à Caron

Le lieu-dit de Chute-à-Caron se trouve à quelques kilomètres au nord-ouest de Jonquière, sur la rive sud de la rivière Saguenay. Tout près, un barrage hydroélectirqie tient son nom du lieu-dit. Avant la construction du barrage, qui s’est échelonnée sur quelques années après 1940 pour répondre aux besoins d’énergie de l’industrie de l’aluminium, il existait bel et bien une chute portant le nom d’un contremaître de la compagnie Price, soit Michel Caron. Le 19 septembre 1863, Caron achète, dans le canton de Simard, deux lots qui, à l’époque, s’étendaient juste au pied de la chute à Caron. Michel Caron occupera le poste de conseiller municipal de Chicoutimi de 1878 à 1882, puis celui de maire, de 1882 à 1885.

Chute-aux-Outardes

À une quinzaine de kilomètres de Baie-Comeau, tout près de Ragueneau, on retrouve le petit village du Canada, foisonnaient jadis entre Hauterive, depuis devenue un secteur de Baie-Comeau, et Ragueneau. Elles ont ainsi laissé leur nom à la rivière qui y coule, puis au village créée en 1951. L’élément Chute fait allusion à la rupture de pente qui actionne les génératrices d’une centrale qui alimente la papeterie de Baie-Comeau, aménagement hydroélectrique qui a marqué le début d’un grand essor pour la Côte-Nord, notamment avec l’installation des barrages Outardes-Trois et Outardes-Quatre dont la puissance totale surpasse 13800 MW. En montagnais, on identifie le lieu sous le nom de Pletipishtuk, « rivière aux perdrix d’eau », nom qui rappelle que ces oiseaux suivent à haute altitude cette rivière au cours de leur migration annuelle, phénomène que les Outardois observent avec intérêt, chaque automne et chaque printemps.

Hameau Chute-Panet

Érigées à 3 kilomètres au sud de la ville de Saint-Raymond, dans Portneuf, les habitations du hameau de Chute-Panet se trouvent près du barrage de la compagnie de papier Saint-Raymond. Vers 1905, à 72 kilomètres en amont de l’embouchure de la rivière Sainte-Anne, la compagnie avait fait construire un barrage pour satisfaire ses propres besoins en utilisant alors le potentiel hydroélectrique de la chute Panet, haute de 9 mètres. L’appellation Panet honore la mémoire de Jean-Antoine Panet (1751-1815) qui fut, à partir de 1777, seigneur de Bourg-Louis, où se trouvait la chute. Homme estimé, il fut notaire, avocat, officier de milice et s’illustra notamment durant la défense de Québec en 1775. Juge, il fut tour à tour député des circonscriptions électorales de la Haute-Ville de Québec et de Huntingdon, entre 1792 et 1815.

Barrage La Gabelle

Cet ouvrage d’art retient les eaux du Saint-Maurice, à environ 20 km en amont de la ville d Trois-Rivières. Dans la Relation de son voyage de 1651, le père Jacques Buteux note qu’une chute aussi imposante que celle du Niagara coulait aux Grès, là où a été construit le barrage La Gabelle. Dans ses écrits, mère Marie de l’incarnation prétend que le tremblement de terre de 1663 aurait fait disparaître cette chute. Des études démontrent qu’il y a eu simple remaniement superficiel des alluvions et matériaux meubles, lors de ce séisme, ce qui n’a pas modifié le cours proprement dit du Saint-Maurice. L’hypothèse qu’un second Niagara ait existé aux Grès est plutôt allégorique. Dans un acte de concession de 1673, le fief et la chute du Saint-Maurice à cet endroit ont été respectivement appelés La Gabelle et Sault de la Vérendrye. Selon le témoignage de l’explorateur et coureur de bois François Verreault, consigné dans les Journaux de la Chambre d’Assemblée du Bas-Canada, pour l’année 1823-1824, « il y a un portage nommé Péoabusk (Portage du Fer), les Voyageurs le nomment Portage de la Gabelle, ce portage à trois quarts de lieue ; à deux lieues de là on tombe sur les Forges des Trois-Rivières. » Les Amérindiens y rencontraient les commerçants de fourrures et évitaient ainsi un long portage vers Trois-Rivières. Pour expliquer l’origine du toponyme,des auteurs ont émis l’hypothèse que l’administration coloniale française percevait à ce lieu de traite une gabelle, c’est-à-dire un impôt sur les fourrures. En 1926, la société privée d’électricité Shawinigan Water and Power a construit sur le site de la chute de la Gabelle, un barrage qui a perpétué le nom remontant au XVIIe siècle.

Lac Kénogami et ses barrages

De temps immémoriaux, cette vaste étendue d’eau, longeant la bordure nord du massif des Laurentides, a constitué un jalon majeur parmi les voies d’eau conduisant les Amérindiens et plus tard les premiers Européens, de Tadoussac au lac Saint-Jean et aux territoire sous la forme Lac de Kinugamai dans sa « Relation de 1672 » et, par la suite, plusieurs documents et cartes du XVIIIe siècle en font mention mais parfois sous des formes un peu différentes. Les experts de la langue montagnaise s’entendent pour affirmer que la signification de ce toponyme est « lac long » ou « eau en longueur », provenant des racines « kino » (long) et « gami » (lac ou liquide). Plusieurs formes orthographiques ont été utilisées, on disait autrefois Kinogami mais la forme Kénogami a fini par prédominer. Ce lac mesure 28 km de longueur et sa largeur varie entre 1 et 6 km ; il dépasse parfois 100 m de profondeur. Sa configuration a été fortement modifiée en 1905 et surtout en 1923, à la suite d’un rehaussement du niveau des eaux, causé par la construction de barrages aux deux extrémités et du côté nord. L’exploitation forestière, alors en plein essor, a amené le gouvernement à vouloir créer un réservoir pour alimenter les installations d’énergie hydraulique situées en aval, sur les rivières aux Sables et Chicoutimi. Le chemin existant sur les berges du lac a été submergé, ce qui a coupé définitivement la route traditionnelle entre le Bas-Saguenay et le lac Saint-Jean et a détourné l’intérêt vers Jonquière. Une colonie agricole, Saint-Cyriac, a vu ses champs inondés, non sans que sa population ait tenté de résister à l’envahissement : elle a été malgré tout forcée d’abandonner la partie et de se relocaliser ailleurs.

Hameau de Rapide-Blanc

Le hameau de Rapide Blanc est établi sur la rive est de la rivière Saint-Maurice, entre le réservoir Blanc et le lac Tourouvre, soit à 40 km au nord de La Tuque. Cette agglomération s’est développée lors de l’érection entre 1930 et 1934, du barrage du Rapide-Blanc, à 0,5 km en amont. Celui-ci est doublé d’une centrale dont la puissance potentielle est de 183 600 kW. Quelques employés de ce complexe mis à part, le hameau n’est habité que sur une période d’environ sept mois annuellement par des travailleurs de la compagnie de flottage du bois du Saint-Maurice. Le barrage a été construit sur le site de l’ancien rapide Blanc, d’où le choix de la désignation, également attribuée à un arrêt ferroviaire se trouvant à 12 km au sud du hameau. Il ne subsiste aujourd’hui qu’une partie du rapide, dénommée Rapide de la Tête du Rapide Blanc. Le nom du rapide lui-même remonte au moins au XIXe siècle. En 1954, Oscar Tiffault, enregistrait une chanson folklorique intitulée Le Rapide Blanc.

Barrage de la centrale hydroélectrique de la rivière des Prairies. Photographie de Megan Jorgensen.
Barrage de la centrale hydroélectrique de la rivière des Prairies. Photographie de Megan Jorgensen.

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