Baie du Moulin à Baude et rivière du Moulin à Baude
Localisée sur les rives du Saint-Laurent, à 5 km en aval de l’embouchure du Saguenay, cette baie, identifiée comme une anse dans l’usage ancien, reçoit la rivière du même nom qui, après avoir parcouru 23 kilomètres dans un territoire accidenté, vient se jeter dans le fleuve Saint-Laurent en sautant une falaise de 50 mètres.
La rivière du Moulin à Baude prend sa source au sud du village de Sacré-Cœur à l’embouchure du lac Agapit .La rivière coule vers le sud, sur la rive nord du fleuve, dans les municipalités de Sacré-Cœur et Tadoussac, dans la municipalité régionale de comté de La Haute-Côte-Nord dans la région administrative de la Côte-Nord. Ce cours d’eau constitue la première rivière à l’Est de Tadoussac.
De hautes dunes de sable bordent le rivage et ont fait, durant un temps, la joie des adeptes d’un sport inusité, le ski sur sable. Samuel de Champlain est le premier, en 1620, à signaler l’existence de ce toponyme alors en usage en précisant qu’il mouilla l’ancre « au moulin Baudé » le 7 juillet 1620. Pour que le mouillage soit bon, il fallait que le moulin soit en vue, avant de jeter l’ancre.
On relève les graphies Bode, Baude, Baudé chez Champlain ; Moulin Baud sur la carte de Jean Bourdon (vers 1641), Moulin Baude dans les Observations sur la navigation de La Rochelle en Canada (1665) par l’intendant Jean Talon de même que sur la carte de Jean Deshayes publiée en 1695.
La notation Baudé par Champlain révèle sans doute la prononciation du mot « baudet », dérivé de l’adjectif « balt, baut, baud », nerveux, plein d’ardeur, signification qui, comme la dénomination familière de l’âne, n’a évidemment aucun rapport avec le lieu.
Par ailleurs, le mot « baud », noté aussi tard que 1641 par Jean Bourdon, désigne une variété de chiens courants utilisés autrefois pour la chasse à courre, signification qui n’entretient pas plus le rapport que la précédente avec le lieu.
Cependant Baud peut être la graphie du terme de marine « bau », désignant une poutre ou la traverse d’un navire qui maintient l’écartement des murailles et soutient les bordages des ponts.
Dans le même ordre d’idée, selon le « Dictionnaire historique de la langue française » d’Alain Rey, « baudet » est passé dans le langage technique où, après avoir désigné un lit à sangles, s’est dit du tréteau du scieur de bois. Dès lors, le sens du toponyme, resté jusqu’à ce jour énigmatique, se précise et révèle qu’un moulin se trouvait là, au début de la colonie, probablement pour scier des poutres et des madriers et que l’installation plus ou moins élaborée près de la rivière devait être un chevalet pour les scieurs de long.
En 1656, les Jésuites se voient concéder, à Tadoussac, une terre, qui aurait avoisiné cette anse. Pourtant, le père Charlevoix constate que l’endroit est désert en 1720.
Les contours de l’accueillante rade ont été modifiés à la suite de la disparition d’une pointe et de deux rochers isolés que les marins appelaient Le Bonhomme et La Bonne Femme Baude. L’hypothèse la plus vraisemblable attribue ces bouleversements au tremblement de terre de 1663.
Au XIXe siècle, on tente en vain d’explorer quelques veines de marbre repérées dans le secteur. Une scierie s’installe avec la colonisation en 1845, bientôt doublée d’un petit moulin à farine, mais dont l’état est qualifié de négligé en 1885. La scierie continue ses activités jusqu’à l’établissement d’une petite centrale hydroélectrique au pied de la falaise en 1944.
Notons en passant que l’embouchure de la rivière du Moulin à Baude se déverse dans la Baie du Moulin à Baude en traversant un grès jusqu’à cinq cents mètres vers le sud-est à marée basse. Cette embouchure est située à 11 kilomètres au sud-ouest de l’embouchure de la rivière des Grandes Bergeronnes, à plus de 4 kilomètres au nord-est du centre de l’embouchure de la rivière Saguenay et à plus de 4 kilomètres également à l’est du centre du village Tadoussac. Le Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent couvre l’embouchure de cette rivière sur les berges de la baie du Moulin à Baude.
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