Village de La Tabatière
La Tabatière est un village de la Basse-Côte-Nord qui fait partie de la municipalité de Gros-Mécatina, créée en 1994. L’autre village de cette municipalité, c’est le village de Mutton Bay, distant de 9 kilomètres de La Tabatière.
S’étendant sur plusieurs kilomètres le long de la côte et blottie dans la baie de La Tabatière, la communauté de La Tabatière est composée de trois hameaux : Vieux-Poste, Baie-Rouge et La Tabatière. On y compte au total environ 500 résidents.
L’appellation Tabatière vient du mot amérindien tabaquen, qui signifie sorcier et le choix de ce nom s’explique par le fait que les Innus qui commerçaient avec les colons de La Tabatière consultaient un sorcier-voyant avant de partir pour une expédition de chasse. Ainsi le nom du village ne vient pas du mot tabatière.
Autrefois, le hameau de La Tabatière était connu comme la meilleure station de pêche de loup marin de la Basse-Côte-Nord. En effet, des concessionnaires français ayant obtenu les droits de pêche et de propriété y dirigeaient une industrie développée de pêche au loup marin. Ces concessionnaires faisaient aussi le commerce de la plume d’eider ramassée dans les nids de canards.
Ce poste de traite tomba aux mains des Britanniques dans les années 1760, après la chute de la Nouvelle-France et quelques années plus tard, une entreprise de la ville de Québec s’en porta acquéreur. Cependant, elle fit faillite au commencement du XIXe siècle et en 1820, M. Samuel Robertson, un ancien employé, originaire d’Écosse, acheta les droits sur cette industrie pour produire de l’huile de loup marin (les restes de Samuel Robertson reposent au cimetière de la famille Robertson près de La Tabatière). Ensuite, vers le milieu du XIXe siècle, des pêcheurs jersiais, canadiens-français et terre-neuviens y arrivent pour fonder quelques hameaux qui forment aujourd’hui La Tabatière.
L’usine de l’huile de loup marin et de poisson fut réduite en cendres aux environs de 1930, mais on la remplaça par une usine de transformation du poisson qui est en pied jusqu’à nos jours, étant devenue la plus importante de la Côte; on y traite le crabe, la crevette et le pétoncle.
Les vacanciers peuvent parcourir la Fonderie Robertson de loup marin, cette célèbre entreprise de pêche au loup marin de la famille Robertson. On peut y voir les pots de la fonderie servant à transformer la graisse de loup marin en huile à Spar Point.
La rue principale du village mène, passé le quai public et l’usine de transformation du poisson, à des étangs excellents pour la natation.
On peut visiter et parcourir des Îles avoisinantes. Pour cela, on peut louer les services d’un propriétaire de bateau local. La grosse île Mécatina (connue également comme Grosse Île), était autrefois l’endroit où plusieurs familles de pêcheurs résidaient pendant la haute saison de la pêche; elle est située à 6 kilomètres à l’est du village.
Le Refuge d’oiseaux migrateurs de Gros Mécatina a été aménagé à l’est de la communauté de La Tabatière. Ce refuge couvre trois îles : l’île Plate, l’île aux Marmettes et l’île aux Trois Collines. Le macareux moine, le goéland argenté, le petit pingouin, le guillemot noir, le goéland à manteau noir et diverses espèces de sternes forment de petites colonies sur ces îles et le bleuet et la chicouté poussent sur les sommets des collines en abondance.
En été, on peut s’y adonner à la pêche au saumon, à l’observation d’oiseaux marins, de baleines et d’icebergs. Des excursions en bateau et en kayak de mer sont vraiment belles et la cueillette des baies sauvages est une expérience inoubliable. Les véhicules tout terrain peuvent être utilisés pour de longues balades avec un camping sauvage dans les environs de La Tabatière et de la pittoresque communauté de Mutton Bay.
On dit d’ailleurs que la promenade dans le sentier Priest’s Hill vaut le détour : on y prend la promenade de bois et monte jusqu’à Priest’s Hill à côté de l’école municipale. Une vue à couper le souffle sur le port et les îles avoisinantes s’ouvre alors, mais on peut continuer encore trois kilomètres jusqu’à une suite de plages qu’on appelle « les sables ».
Le Parc local Point aux Neiges se trouve sur le parcours d’un chemin de gravier aux abords du village. Une plate-forme avec panneaux explicatifs et même un télescope permettent d’observer la faune marine et les oiseaux et on dit que ça vaut le coup d’œil…
En hiver, les activités abondent : motoneige, ski de fond, pêche de glace, raquettes, ski de fond, tournois de hockey, carnavals d’hiver…
La Tabatière est située à 560 kilomètres à l’est de Sept-Îles.
Historique du village de La Tabatière
Cette localité de la Basse-Côte-Nord est située à 560 km à l’est de Sept-Îles. Blottie dans la baie de La Tabatière, elle comprend aussi deux hameaux voisins : Vieux-Poste et Baie-Rouge. On y trouve une usine de transformation du poisson et des réservoirs pour l’approvisionnement des bateaux qui desservent cette partie de la région. La Tabatière est un établissement fréquenté depuis longtemps par des pêcheurs et des commerçants notamment.
L’Écossais Samuel Robertson s’y installe vers 1820 et fonde un établissement permanent que ses descendants occupent encore de nos jours. Des Jersais sont venus se joindre aux Robertson vers 1855 ; à l’époque, on s’intéressait en particulier à la pêche à la morue et au loup marin.
Pendant une partie du XIXe siècle, cet endroit a aussi été connu sous le nom de Spark Point, expression anglaise qui se traduit par « pointe de l’étincelle ». C’est toutefois le toponyme La Tabatière qui s’est imposé : on a ouvert une mission catholique, Saint Saint-Joseph-de-la-Tabatière, en 1885, et le bureau de poste de La tabatière a commencé ses activités en 1907.
Dans l’usage, on abrège souvent ce nom en Tabatière. L’origine de cette appellation N,est pas la perte d’une blague à tabac par un missionnaire comme le racontent certains. Il s’agit plutôt de la corruption d’un mot amérindien tabaquem, devenu tapatienne, puis tabatière. D’ailleurs, dans l’usage ancien la paroisse était fréquemment dénommée Saint-Joseph-de-Tabaquen, notamment dans la correspondance des missionnaires. Le sens de ce nom serait « sorcier ». Toutefois, le mot tapakueu, proche phonétiquement de tabaquen, signifie « il lui passe un collet sur la tête ».
Un ecclésiastique en visite à la mission, en 1887, a écrit que les groupes amérindiens venus séjourner à cet endroit pour commercer avec les Blancs avaient coutume de consulter un sorcier-jongleur avant de quitter ce lieu pour leurs campements au fond des bois. Il leur donnait des indications quant aux augures pour leur voyage de retour. On trouve aussi une anse de Tabatière près de l’embouchure de la rivière Saint-Jean, dans le Saguenay, on peut faire remonter son usage cartographique à 1883.
Lac Boucher
D’une superficie de 24 km2 et s’étirant d’ouest en est sur 13 km de longueur, cette étendue de la Côte-Nord est située à 45 km au nord-ouest du village de La Tabatière. Elle constitue la source principale de la rivière du Gros Mécatina. Le toponyme Lac Boucher évoque la mémoire de François Boucher (1803-1880), ordonné prêtre en 1829 et devenu curé de L’Ange-Gardien en 1834.
L’évêque de Québec le charge également des missions annuelles auprès des Montagnais du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord. Boucher remplit cette fonction, au moins jusqu’en 1845. L’année précédente, il prend la direction de la paroisse de Saint-Ambroise, à Loretteville, poste qu’il conserva jusqu’à sa mort. C’est là qu’il fonde, en 1848, la Société de colonisation de Saint-Ambroise, dont les objectifs visent à occuper, à défricher et à faire prospérer les terres du canton de Caron, sur la rive sud du lac Saint-Jean. Malgré les résultats mitigés de cette entreprise – la plupart des colons renoncent devant les difficultés à surmonter -, Boucher demeure celui qui amorça le mouvement de colonisation de la région du Lac-Saint-Jean. Monseigneur Signay, archevêque de Québec, le qualifiait d’ailleurs de maître colonisateur. Le nom Lac Boucher figure, en 1913, sur la carte intitulée La Côte Nord du golfe Saint-Laurent. On relèvera aussi l’appellation Dixième Lac.
Canton d’Audhebourg
Au nord de La Tabatière, entre Natashquan et Blanc-Sablon, le canton de D’Audhebourg se situe à l’endroit où la côte reprend sa direction vers le nord-est, faisant suite à un court segment orienté sud-nord. Parmi les étendues d’eau innombrables et multiformes qu’il renferme, se détachent les lacs Ruzé, Santein et Plamondon. Le terrain plat y est généralement dénudé.
Le nom de ce territoire honore Jean-Louis Volant d’Haudebourg qui devint propriétaire du poste de Mingan en 1735-1736, par suite de son mariage avec Marie Mars, veuve de Jean-Baptiste Jolliet de Mingan et par succession des héritiers de François Bissot. Les Archives nationales du Québec possèdent des cahiers manuscrits du sieur Volant sur la pêche et la chasse au poste de Mingan, des années 1736 à 1747. La carte régionale de la Côte-Nord-du golfe du Saint-Laurent (1913) indique D’Audhebourg comme nom du canton. Toutefois le répertoire « Noms géographiques de la province de Québec, en 1921, mentionne D’Audhébourg. Proclamé en 1908.

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