Les Îles Mécatina
L’île du Gros Mécatina est située à deux milles de la Baie-des-Moutons, à trente-six milles à l’ouest de Harrington, à six cent quatre-vingt-dix milles de Québec. Elle mesure trois milles de longueur par trois quarts de mille de largeur.
Naguère, cette île a été occupée par la Cie R.-C. Brown qui employait une cinquantaine d’hommes à la pêche à la morue. M. Samuel Gaumont y eut aussi, dans la suite, un établissement de pêche, puis l’île fut louée à la Halifax Fishing Co par M. Gaumont dont les héritiers pendant longtemps réclamèrent, nonobstant la location, un côté de la baie, ce qui détermina un procès dont on ignore l’issue.
Vers 1755, le Gros Mécatina était occupé par un poste de pêche appartenant à M. Jean Taché, commerçant de Québec. Cette année 1755, une frégate de Sa Majesté le roi de France, la Macrée, commandée par MM. Loubarat et Sauvenier, faisait naufrage dans les parages de l’île. Une partie de l’équipage périt et l’autre put atterrir sur l’île où se trouvaient encore quelques hommes du comptoir de M. Taché qui se préparaient à laisser la place, la saison de la pêche étant terminée. Les hommes de M. Taché mirent un petit bateau à la disposition des rescapés qui purent faire route pour Québec avec les gens du poste. Mais les naufragés de la Macrée jouaient du malheur. Ils firent de nouveau naufrage dans les environs du Bic et furent recueillis par celui que l’on a appelé l’ermite de l’Île Saint-Barnabé (note de GrandQuébec.com : cette histoire diffère un peu de l’histoire racontée dans notre article sur l’Île Saint-Barnabé).
L’île possède un bon havre pour les navires de 100 à 150 tonneaux.
La Petite Mecatina, par un caprice d’appellation, est plus grande que le Gros Mecatina ; mais elle n’est guère accessible. Elle n’est abordable que du côté nord et par mer haute seulement. Dans l’une des baies de l’île, croît une espèce de foin que l’on appelle le « foin des îles » mais dont on ne peut faire aucun usage vu les difficultés d’accès de l’île.
Dans les mêmes parages, on peut voir les Iles Kekarpoué où quelque familles vivaient jadis de la pêche à la morue et de la chasse aux loups marins. Enfin, dans le groupe des îles de la Tête-de-la-Baleine, – un des meilleurs endroits de pêche à la morue, – à une dizaine de milles des Kekarpoué, se trouve l’Île-aux-Goélands au milieu de laquelle en voit un petit lac de cinquante acres de superficie et de trois pieds seulement de profondeur. On dit que les légumes viennent bien sur cette île et l’on y récolte annuellement de vingt à trente barils de ce petit fruit spécifique à la Côte Nord et qu’on appelle le Checoutee dont on fait une excellente gelée et qu’on a pensé à commercialiser en établissant sur la côte des fabriques où on le mettrait en conserve.
(D’après Damase Potvin, Le Saint-Laurent et ses îles, Éditions Garneau, 1945).
Pointe Antrobus
Cette pointe forme l’extrémité est de l’île du Petit Mécatina et fait partie du territoire munipalisé de Côte-Nord-du-Golfe-Saint-Laurent sur la Basse-Côte-Nord. Haute et escarpée, la pointe Antrobus est bordée d’une belle plage de galets blancs. Le toponyme Pointe Antrobus figure sur une carte fédérale de 1954 ; il honore la mémoire d’Edmund William Romer Antrobus (1795-1852), dernier grand voyer (officier d’État qui surveillait notamment la construction des routes et des ponts) du district de Québec, Bas-Canada, entré en fonction en 1826.
Îles aux Marmettes
Des îles de l’archipel du Gros Mécatina, dans la Basse-Côte-Nord, tirent leur appellation d’un oiseau de la famille des Alcidés, au long bec effilé et pointu, au plumage blanc et noir. Le mot « marmette » dans le sens d’oiseau de mer paraît chez Champlain dès 1613. N. Earl Godefrey et Suzette Blais notent que cet oiseau, qui fréquente également les côtes françaises, est appelé en Normandie « marné, marnet ». Deux variétés viennent dans le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent : la marmette de Toil (Uria aalge) et celle de Brünnich (Uria lomvia). Les deux variétés s’installent en colonies sur les falaises rocheuses. La marmette de Brûnnich est plus commune dans la région et elle hiverne en mer. On qualifie quelquefois les marmettes de manchots du Nord parce qu’elles ont les pattes insérées sur la partie arrière du corps, ce qui explique leur port dressé lorsqu’elles sont au sol. À quelques kilomètres à l’est de ces îles, on retrouve les récifs aux Marmettes et, au sud-est, les rochers aux Marmettes au nombre de deux également. Certains documents, en particulier les cartes de Seutter (1728), Bellin (1744) et Vaugondy (1770), portent Mermette. On rencontre sur quelques cartes la forme Îles Murr, le terme anglais murre signifiant marmette ou guillemot.
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