Côte-Nord

Île-aux-Œufs

Île-aux-Œufs

Île-aux-Œufs

L’Île-aux-Œufs n’est, à vrai dire, qu’un petit îlot. Avant qu’un phare y soit érigé en 1871, personne n’y habitait. Aussi, les oiseaux de mer, palmipèdes et échassiers, y venaient en grand nombre et les œufs s’y trouvaient en abondance. D’où le nom donné à cette île qui fait face à la Pointe-aux-Anglais.

En 1887, une quinzaine de familles d’origine acadienne, venues de l’Île d’Anticosti, s’y sont établies et pêchaient le hareng et la morue, tout comme les gens de Cap-Chat qui se trouve sur la côte sud.

La longueur de l’Île-aux-Œufs est d’environ 1700 mètres. Elle est large de 400 mètres et elle s’étend en direction nord-sud sur une superficie de 34 acres.

L’Île-aux-Œufs a été ainsi nommée par le cartographe Franquelin en 1678. Le Père Laure en fait mention en 1731 et Charlevoix, en 1744.

Le 25 avril 1661, la Compagnie des Cent Associés concéda cette île à François Bissot de la Rivière «avec le droit et faculté de chasse et d’établir en terre ferme, aux endroits qu’il trouvera plus commodes la pêche sédentaire des loups marins, baleines et marsouins… ».

Le phare de l’Île-aux-Œufs, d’une hauteur de 25 mètres et de forme octogonale, fut construit en bois et ses feux étaient visibles à 25 kilomètres.

L’Île-aux-Œufs doit sa célébrité au naufrage d’une partie de l’armada de l’amiral sir Howenden Walker. La nuit du 21 au 22 août 1711, alors que soufflait un vent violent qui ne réussissait pourtant pas à chasser un épais brouillard, la flotte anglaise qui s’en allait prendre Québec fut anéantie sur les récifs et les rochers de l’Île-aux-Œufs. Environ mille hommes, ou même plus, périrent en cette fatale nuit.

Quatre régiments anglais furent détruits: ceux des colonels Clayton, Kaine, Seymour et Windress. Le journal de Walker chiffre les pertes en soldats à 884 mais ces chiffres ne correspondent pas au total des pertes constatées dans les rapports des régiments touchés par la catastrophe. De plus, il y avait sur les vaisseaux échoués des soldats des régiments britanniques des colonels Churchill, Hill et Kirke, ainsi qu’une partie de l’artillerie et les deux régiments américains des colonels Vetch et Walton.

De nombreux corps furent retrouvés sur la grève et les rochers, parmi lesquels ceux des épouses de certains officiers.

On mentionne plusieurs autres naufrages dans les parages de l’Île-aux-Œufs, dont le naufrage de l’Aquilon, une goélette appartenant au capitaine Alexandre Fraser, en 1880.

Héroïsme obscur

De mémoire d’homme, les récifs de l’Île-aux-Œufs ont toujours été meurtriers et c’est pour cette raison que, lorsque la technologie du XIXe siècle le permit, on construisit un phare destiné à venir en aide aux marins circulant sur le fleuve, entre le premier avril et le 21 décembre.

En 1872, le phare de l’Île-aux-Œufs, confié à Paul Côté et à sa famille, se brisa. Selon Narcisse-Henri-Édouard Faucher de Saint-Maurice, « le pivot de la roue de communication de mouvement qui s’abaisse, de manière à ce que les roues d’angle s’engrènent convenablement, se cassa. » La saison, trop avancée, interdisait pourtant à Côté de se rendre à Québec pour y chercher les pièces requises pour la réparation. « Force fut donc de remplacer la mécanique par l’énergie humaine, et le gardien, aidé par sa famille, se dévoua. Pendant cinq semaines, cet automne là et cinq semaines au printemps suivant, hommes, femmes, filles et enfants tournèrent à bras cet appareil.

Le givre, le froid, la lassitude engourdissaient les mains; le sommeil alourdissait les paupières. N’importe, il fallait tourner toujours, tourner sans cesse, sans se hâter, sans se reposer, tant que durerait ce terrible quart, où la consigne consistait à devenir automate et à faire marcher la lumière qui indiquait la route aux travailleurs de la mer.

île aux Oeufs

Île aux Œufs en 1943, photo du domaine public, d’auteur inconnu. Image libre de droits.

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