Caniapiscau : Réservoir, rivière et la MRC

Réservoir Caniapiscau, rivière Caniapiscau et la Municipalité régionale de comté de Caniapiscau

Réservoir de Caniapiscau

En 1971, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec annonçaient leur intention d’entreprendre un vaste projet priorité, d’aménager la Grande Rivière, afin d’en explorer toute le potentiel. Dans ce cadre, à environ 400 kilomètres au sud-sud-ouest de Kuujjuaq, est né le réservoir de Caniapiscau, qui est l’étendue d’eau la plus considérable au Québec.

Englobant, depuis 1981-1983, de nombreux autres plans d’eau, dont les lacs Delorme, au nord, et Clairambault, au nord-est, il forme maintenant un réservoir d’une superficie de 4 318 kilomètres carrés, soit au moins quatre fois celle du lac Saint-Jean. Deux barrages et quarante-trois digues ont permis d’obtenir ce résultat. L’imposante masse d’eau ainsi créée peut alors alimenter les centrales hydroélectriques du complexe La Grande pendant l’hiver et assurer jusqu’à 35 % de leur production. Selon le père Joseph-Étienne Guinard le terme « kaniapiskau », ou mieux « kaneapiskak » signifie en langues crie et montagnaise « pointe de roche ». Le père Louis-Philippe Vaillancourt en confirme le sens dan son « Dictionnaire française-cri » en désignant une pointe rocheuse par la forme « kinayapiskich » et l’endroit où « il y a une pointe rocheuse » par « nayapiskiw ». Albert Peter Low (1895) avait déjà constaté qu’un haute pointe rocheuse s’avance dans le lac. Il s’agit sans doute de la presqu’île, orientée vers le nord-ouest, dont les contours ont été précisés au moment de la création du réservoir et qui lui donne la forme en arc de cercle qu’on lui connaît maintenant.

Au XIXe siècle, les chasseurs et les marchands de fourrures fréquentaient la région du lac Caniapiscau. La Compagnie de la Baie d’Hudson y ouvrit d’ailleurs en 1834 un avant-poste afin de relier ses établissements de la baie James à ceux de la baie d’Ungava. Kaniapiskau fermera ses portes vers 1870.

Rivière Caniapiscau

Alimentée par de nombreux lacs et cours d’eau, dont les rivières Andréas, Situraviup et Forbes, la rivière Caniapiscau est longue d’environ 800 kilomètres.De sa source, située à 75 kilomètres au sud-ouest de Fermont, elle alimente, à 200 kilomètres au nord-ouest, le réservoir de Caniapiscau, créé pour détourner la majeur partie de ses eaux vers la Grande Rivière.

Avec un débit passablement réduit, elle poursuit sa course toujours vers le nord, dévale les chutes aux Schistes, de la Pyrite et du Calcaire, franchit la gorge du Manitou et finalement rejoint au nord la rivière Koksoak, laquelle se jette dans la baie d’Ungava.

James Clouston, descend la Caniapiscau jusqu’à son embouchure et inscrit dans son journal Caniapuscaw River, on trouve le même nom sur la carte synthèse qu’il dresse l’année suivante. L’explorateur William Henry emploie en 1828 une graphie différente Canniappuscaw, pour identifier cette rivière, En 1898, le géologue Albert Peter Low utilise Kaniapiskau, forme retenue dans le Dictionnaire des rivières et lacs de la province de Québec (1914 et 1925). La carte de la province de Québec de 1946 montre la forme actuelle, Caniapiscau. Ce mot amérindien signifie pointe rocheuse. Les Inuits appellent ce cours d’eau Adlait Kuunga ou Allait Kuunga, dont le sens est rivière des Indiens. Cette entité fut aussi connue sous le nom de Rivière Wauguash.

Municipalité régionale de comté de Caniapiscau

Seconde municipalité régionale de comté par la superficie (81 143 kilomètres carrrés) et dernière pour la population, la MRC de Caniapiscau se situe dans l’arrière-pays de la Côte-Nord, en plein Moyen-Nord québécoise. Elle s’arrête au 55e parallèle, au nord, et touche au Labrador, à la région de la baie James, de même que’aux MRC de Manicouagan et se Sept-Rivières. La MRC caniapiscaine est la plus septentrionale du Québec et se compose de quatre espaces non contigus et de superficie très inégale. Son territoire recoupe quatre régions naturelles, du sud au nord, ce sont grosso modo les Laurentides boréales, le plateau lacustre central, le plateau de la Caniapiscau et la fosse du Labrador. Établie en janvier 1982, la MRC compte deux villes, soit Fermont, la plus populeuse, et Schefferville, de même que quatre territoires non organisés, ces derniers couvrant plus de 90 % de la superficie de la municipalité régionale de comté.

Très urbaine, de langue maternelle française, mais avec un noyau de quelque 7% de langue maternelle autochtone, la population de la MRC comprend un pourcentage de jeunes 25% plus élevé que la moyenne québécoise. Les secteurs économiques dont l’importance en termes d’emplois est nettement supérieure à la moyenne québécoise sont ceux des mines et de l’exploitation des transports. L’extraction du fer à Fermont constitue le cœur de l’économie de la MRC, les opérations ont pris fin à Gagnon, qui n’existe plus, et à Schefferville. La MRC tire son nom de l’ancien village de Caniapiscau, de même que de la rivière et du lac Caniapiscau (aujourd’hui englobé dans le réservoir de Caniapiscau).

Rivière Mélèzes

Ce cours d’eau prend sa source à quelque 200 km à l’est de la baie d’Hudson, au nord-est du lac des Loups Marins, près du à l’Eau Claire. Après une course de 272 kilomètres en direction nord-est, cette rivière débouche au confluent Kanning où mêlant ses eaux avec celles de la rivière Caniapiscau, elle forme la rivière Kokoak. Environ 140 km séparent l’embouchure de la rivière aux Mélèzes, dont la superficie du bassin-versant atteint 42 735 km carrés, de celle de la Koksoak, plus au nord-est, dans la baie d’Ungava. L’usage du toponyme descriptif Larch River remonte à 1828 environ alors qu’il figure sur une carte illustrant l’expédition de l’explorateur William Hendry qui inscrit les toponymes « Natwakamee River » (Indians) or Larch River (Europeans).

Cette essence à feuilles caduques, appelée scientificament Larix laricina, se trouve dans le secteur. Le mélèze, nommé parfois épinette rouge dans le langage populaire, est le seule conifère québécois à se dépouiller de ses aiguilles durant l’hiver. Les terrains humides, tourbeux ou granitiques en favorisent la croissance. Les appellations amérindiennes Keenoogamissee River et Kenogamisse paraissent respectivement dans Second Journal of James Clouston (1819-1820) et dans le rapport de 1904 de la Commission de géographie du Canada, alors que le toponyme français Rivière aux Mélèzes est publié dans le Dictionnaire des rivières et lacs de la province de Québec, en 1914. On relève, de plus, chez les Inuits la forme Kuuvik, lit profond de la rivière.

Canton de Noré

Ce canton de la MRC de Caniapiscau s’étend dans le périmètre de l’ancienne ville de Gagnon, à quelque 75 km au nord-est du réservoir Manicouagan. Son territoire est arrosé par plusieurs plans d’eau dont les plus importants sont les lacs Cailleteau, Gaillarbois et Noré, ce dernier étant un élargissement de la Petite rivière Manicouagan. Le toponyme, adopté en 1956, sous la forme Noré, évoque Jacques Le Picard Du Mesnil de Norrey (vers 1658-1713), Originaire Le Picard Du Mesnil de Norrey est garde de la marine en 1677, puis sert successivement à Brest et à Rochefort, où, en 1684, il obtient le grade d’enseigne de vaisseau. Cette même année il vient au Canada à titre de commandant à Trois-Rivières. Promu lieutenant de vaisseau en 1692, Norrey occupe, à diverses reprises , la fonction de commandant au fort Lachine.. En 1699 et 1706, il se retrouve en France. De retour au Canada, il sera, jusqu’à son décès, major des troupes.

Lac Montviel

Ce grand plan d’eau est situé au sud-ouest du réservoir de Caniapiscau, aux sources de la Grande Rivière, dans le territoire de la baie James. Le lac Montviel occupe une superficie de 52 km carrés et il communique directement avec le lac Rambau, son voisin sud, dans lequel il se décharge. Ce toponyme, qui rappelle un personnage historique, se retrouve sur une carte de 1950. Né à Boucherville en 1759, François-Xavier Vassal de Montviel ou Monviel est décédé à Québec en 1843. Influencé par un milieu familial fortement imprégné du métier des armes, il s’engage à 17 ans dans la campagne britannique contre les colonies de la Nouvelle-Angleterre. Il obtient plusieurs grades d’officier et, en 1811, il accède au grade le plus important de la milice bas-canadienne, celui d’adjudant général de l’armée britannique. Il conserve ce poste jusqu’en 1841, mais occupe aussi les fonctions de juge de paix et de commissaire à la construction des églises et presbytères. À plusieurs reprises, il se voit octroyer de grandes étendues de terre en récompense de ses services.

Lac Mouy

Cette importante nappe d’eau fait partie d’un vaste système hydrographique qui baigne l’espace situé au sud-ouest du réservoir Caniapiscau, dans le Nord-du-Québec. De configuration asymétrique, le lac Mouy s’étend sur une superficie de 23 km carrés. L’hydronyme, approuvé par le gouvernement du Québec, figure sur une carte en 1945. Il rappelle Charles de Mouy, seigneur de La Meilleraye, vice-amiral de Bretagne, qui fit prêter serment au capitaine Jacques Cartier, le 10 avril 1534, avant son départ pour la « Terre Neufve, dite la Franciscane ». Charles de Mouy est décédé en 1562.

Lac Néret

Cette appellation désigne deux plans d’eau, l’un au Témiscamingue et l’autre dans le Nord-du-Québec. Ce dernier, voisin du réservoir de Caniapiscau, fait maintenant partie du réservoir que constitue le lac Fontanges, à la suite du détournement de la Grande rivière de la Baleine. À l’origine, il s’étendait sur près de 50 km carrés, avec une profondeur de 15 m. Des camps abandonnés subsistent sur ses rives. Le lac Néret est indiqué sur la carte officielle du Québec, en 1946. Ce toponyme rappelle Jean-Baptiste Néret, bourgeois, marchand et avocat au parlement de Paris. Entre 1706 et 1717, il a été membre de la Compagnie du Castor, société des sieurs Louis-François Aubert, Néret et Jean-Baptiste Gayot. Cette société avait obtenu en 1706 le monopole du marché du castor ; elle a nommé en 1714 Nicolas Lanouiller de Boisclerc (vers 1679-1756) procureur avec mandat de venir à Québec afin de régler ses comptes avec les associés Aubert et De Maur et surveiller la marche des affaires.

Rivière de la Mort

Cette rivière dangereuse, fortement encaissée et entrecoupée de rapides, porte bien son nom. Elle se jette dans le lac Cambrien, du côté ouest, cet élargissement spectaculaire de la rivière Caniapiscau, à quelque 200 km au sud de Kuujjuaq. Selon James White, le nom de la rivière proviendrait de la traduction du nom terme amérindien tipa, mais l’auteur ne précise pas davantage. La carte du district d’Ungava incluse dans le neuvième rapport de la Commission de géographie du Canada (1911) indique Death River comme nom du cours d’eau. Le nom français R. de la Mort figure quant à lui sur la carte de la partie nord de la province de Québec publiée en 1914 par le ministère des Terres et Forêts. C’est en 1944 que la Commission de géographie du Québec a accepté le nom Rivière de la Mort. Les Naskapis d’aujourd’hui l’appellent Wayustikw ou Wayustiku, c’est-à-dire « la rivière grasse », car les poissons y sont bons et gras, à ce qu’ils soutiennent.

Lac Ribero

Ce lac est situé à quelque 125 km au nord-est du réservoir de Caniapiscau et fait partie du territoire non organisé de Rivière-Koksoak, dans le Nord québécois. Le lac Ribero est tributaire de la rivière Swampy Bay, affluent de la Caniapiscau qui se jette, à son tour, dans la rivière Koksoak. Cette étroite nappe d’eau, en forme de Y, a une superficie de 17 km carrés, une longueur de 12 km et une longueur de 13 km et une largeur de 3,1 km. Son nom, approuvé le 13 mars 1947, évoque Diego Ribeiro ou Diogo Ribero (? – 1533), cartographe portugais au service de l’Espagne. Sa carte du monde alors connu, publiée en 1520, fort riche sur le plan toponymique, est signée Diogo Ribero.

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Position de la MRC de Caniapiscau sur la carte géographique du Québec. Image libre de droits.
Position de la MRC de Caniapiscau sur la carte géographique du Québec. Image libre de droits.

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