Conseils pratiques

La revue de votre garde-robe

La revue de votre garde-robe

Ce que vous rejetez peut encore servir

(Conseils qui nous viennent de 1952)

En somme, la saison s’avance à si grands pas que nombreuses sont les femmes qui ont déjà planté les premiers jalons de leur élégance printanière et choisi, tissus ou confection toute faite, leur ensemble de printemps.

Nous ne sommes plus à une époque où on a le droit de « jeter ses choux gras ». Mais je voudrais mettre en garde nos lectrices contre quelque chose que ne vaut pas mieux : la conservation d’objets inutiles, qu’on ne remettra plus jamais, qui encombrent inutilement tiroirs et placards et qu’on garde par je ne sais quelle petite sentimentalité qui n’a pas sa raison d’être.

Si vous renouvelez votre garde-robe, c’est que vous en avez les moyens. Avez-vous songé, alors, à toutes celles qui ne pourront pas avoir même une petite robe simple, parce qu’avant de penser à elles, il faut qu’elles alignent des chiffres pour trouver le moyen d’acheter une paire de chaussures à Pierre, une culotte neuve à Paul, un manteau à Jacques et un trousseau indispensable à Jean ? Et dans ce cas-là, c’est toujours bien vite réglé. On donne aux enfants ce dont ils ont besoin et la mère de famille se contente de ce qui reste… et c’est parfois un beau petit rien « tout neu, bordé en bleu. »

Vous savez très bien que vous ne porterez plus jamais cette robe. On vous l’a trop vue. Cette jupe, elle est trop longue et puis, vous l’avez depuis deux ans… cette blouse est un peu défraîchie et vous ne l’aimez plus. Sans parler de votre lingerie qu’elle aussi subit les caprices de la mode et la tentation est si grande, quand on visite les magasins, surtout en janvier où le « blanc » est en vedette.

Ne croyez-vous pas qu’il vaudrait mieux (au lieu de l’enfouir au fond d’un placard, ou de le placer dans un carton qui ira se couvrir de poussière à la cave), donner tout cela ? Le donner avec joie, à celles qui, cette année encore, seront obligées de se contenter de rien ?

Le père Bergeron, dont nous avons déjà parlé ici (dans le journal le Canada), s’occupe des familles pauvres, dans les quartiers ouvriers de notre immense ville. Il les connaît, les familles dans le besoin et où une maman ingénieuse tire parti de tout. Car ne croyez pas que ce que vous ne portez plus ne peut pas servir à d’autres usages. Les mamans plus riches d’enfants que de dollars sont généralement fort habiles de leurs mains et elles vous retaillent, et vous reconfectionnent et vous transforment ce qu’on leur donne de façon extraordinaire, pour le bien de leurs petits, qu’elles habillent au moins proprement.

N’hésitez pas et faites, dès que possible, la revue de votre garde-robe. Ne vous laissez pas attendrir. Une robe, un manteau, ce n’est rien quand il ne sert pas. Les mites sont un petit peuple intéressant qui sait très bien trouver le moyen de gagner sa vie, mais ne vaut-il pas mieux leur ôter la laine des mandibules et faire profiter de leur provende quelqu’un qui lui donnera encore un bon usage ?

L’adresse téléphonique du Père Bergeron est DE. 3558. Appelez-le, il enverra chercher vos envois. Par les temps qui courent, on ne doit pas oublier les autres.

Odette Oligny.

(Texte publié dans le journal Le Canada, le 23 janvier 1952).

« Une passion ne souffre ni organisation ni prévoyance ; elle n'est que folle témérité, risque et spontanéité. » (Alain Gagnon, écrivain québécois. Isle ou Salmacis avortée). Photo :  Megan Jorgensen.
« Une passion ne souffre ni organisation ni prévoyance ; elle n’est que folle témérité, risque et spontanéité. » (Alain Gagnon, écrivain québécois. Isle ou Salmacis avortée). Photo :  Megan Jorgensen.

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