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Site de pêche Déry

Site de pêche Déry

Site de pêche Déry

Le site de pêche Déry, classé monument historique national, fut fondé en 1804. C’est probablement le premier site de pêche ouvert au Québec. Aujourd’hui, ce centre d’interprétation avec sa maison du péager, son pont à péage et ses fosses à saumons, témoigne des débuts de la pêche au saumon dans la province. Un tronçon de l’ancien chemin du Roy traverse le site.

Le pont à péage du site Déry fut le premier au Québec. Situé sur le chemin du Roy, il relie les deux côtés de la rivière Jacques-Cartier. Il fut construit vers 1784, soit un demi-siècle après l’ouverture du chemin. Avant cette date, il y avait un traversier. Le pont fut reconstruit à maintes reprises car des crues l’emportaient régulièrement au printemps. Le dernier pont, avant la construction du pont à péage, s’écroule en 1798.

Alors, en 1804, on érige un nouveau pont baptisé «pont Royal», plus solide mais avec un péage. Une maison du péager fut construite sur le site. Le pont et tout le site reçurent le nom de Déry, en souvenir de la famille qui a habité ces lieux pendant des générations . En effet, la famille Déry s’est occupée du péage et de l’entretien du pont pendant environ un siècle, de 1816 à 1910. En 1910, le péage est aboli.

La maison Déry servait également de relais de poste et de halte pour les pêcheurs venus débarrasser la rivière Jacques-Cartier de ses innombrables saumons.

Les fosses à saumon de cette rivière attiraient les pêcheurs de tout le Québec, et en 1818 le site Déry devint une réserve de pêche. C’est l’officier britannique Frederic Hildebrand Tolfrey, en garnison à Québec, qui fut l’un des premiers à découvrir le site de pêche Déry et qui chanta les louanges de ses nombreux poissons et de la beauté de ces lieux.

Le pont en bois, construit en 1804, fut remplacé à trois reprises, en 1860, en 1918 et en 1939. Cependant, les résidents locaux, mécontents des tarifs, font construire un autre pont en 1825. Ce dernier est remplacé en 1838.

aquarelle cuvelier site de pêche déry

Le pont en bois sur le site de pêche Déry au XIXe siècle. Aquarelle par Léonce-E Cuvelier. Source de l’illustration : Site Web de la Maison Déry.

Le difficile retour du saumon

Les programmes d’assainissement menés par les municipalités et les papetières, ainsi que les initiatives de la Corporation de restauration de la Jacques-Cartier, des autorités et de promoteurs privés sont parvenus à stimuler le saumon de retour dans la Jacques-Cartier depuis 1983. Mais ce n’est pas un gage d’avenir pour ce poisson.

Le flottage du bois au début du XXe siècle eut pour effet de colmater les sites de frai avec des débris d’écorce; l’impact dramatique de l’opération sur les populations de saumon les fit disparaître presque totalement de l’écosystème local. Après l’exclusion de la drave, suivie par des ensemencements effectués à partir de 1980, les premiers saumons adultes refirent leur apparition en 1983. Sept ans plus tard, 1190 individus ont été recensés et le succès de l’initiative confirmé.

Une autre menace pointe cependant à l’horizon: la construction de barrages exploités par des microcentrales hydroélectriques. Les expériences en Europe l’ont démontré absolument : il y a incompatibilité entre des ouvrages de retenue non franchissables et l’adaptation écologique du saumon. Brisant l’espoir que des barrages munis de passes fassent mentire les chiffres, le début du XXIs siècle a recensé à peinte 190 saumons ayant remonté la Jacques-Cartier : une baisse éloquente sans écho dans les autres rivières du Québec. Ou bien les passes de certaines centrales ne sont plus alimentées après l’élévation du barrage, ou elles s’avèrent peu efficaces, mal conçues, ou inadéquatement localisées de sorte que les poissons sont détournés vers les turbines. Ou aurait oublié que la Jacques-Cartier se situe à la limite de l’aire de répartition de l’espèce ; que les géniteurs ont déjà parcouru aux aires de frai en juin et en juillet. Pressés de regagner les eaux froides, ils redoutent le réchauffement excessif du milieu pendant la saison estivale. Tout retard dans la montaison ou la dévalaison, occasionné par les barrages ou par les passes  inadaptées, leur fait courir un risque mortel.

On a compris que la préservation du saumon entre en conflit direct avec les intérêts des producteurs d’électricité. On résoudrait la situation, vraisemblablement, en transférant des exploitations aux collectivités locales, qui les activeraient en automne et en hiver, mais livreraient passage aux saumons au printemps et en été. L’ampleur des retoumbées économiques liées à la pêche au saumon stimulerait évidemment davantage la communauté que les promoteurs privés, actuellement concernés par le rapport des kilowatts produits par les centrales. Une histoire à suivre.

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