Rue du Trésor de la ville de Québec
C’est dans le Terrier du Saint-Laurent de 1663 qu’on mentionne qu’entre le Palais de la Sénéchaussée et la place du fort Saint-Louis, une petite rue est ouverte qui prolonge une portion d’une voie carrossable déjà existante. Il s’agit de la future rue du Trésor qui relie la rue Sainte-Anne au fort. On l’appelle alors rue tendante au fort Saint-Louis ou rue tendante du fort Saint-Louis à Saint-Jean, d’après l’historien Marcel Trudel.
Le Palais de la Sénéchaussée était situé sur le futur terrain de la cathédrale anglicane. La dénomination de Saint-Jean, quant à elle, fait référence au corps de logis de la terre Saint-Jean qui était situé près de l’actuelle rue Belvédère, un peu au nord du chemin Sainte-Foy.
D’après le Dictionnaire historique de la langue française, le mot Trésor date de la fin du XIIIe siècle. Écrit avec une majuscule, se terme s’applique à l’ensemble des ressources financières d’un prince, d’un souverain, puis d’un État. La Compagnie des Cent-Associés a administré la Nouvelle-France de 1627 à 1663. Comme le commerce était le monopole des Cent-Associés, les ressources financières de cette société pouvaient être désignées sous le nom de Trésor. La maison des Cent-Associés, à la Haute-Ville, était située rue Sainte-Anne, environ à l’emplacement de la cathédrale anglicane Holy Trinity. On devait emprunter ce sentier ou ce chemin pour se rendre à la maison des Cent-Associés.
D’ailleurs, l’historien Yves Tessier écrit que « La rue du Trésor a été ainsi nommée parce qu’elle conduisait jadis aux bureaux du Trésorier de la Marine ». L’historienne Monique Duval fournit les indications encore plus précises sur la localisation de ces bureaux : « autrefois, elle conduisait à la Trésorerie ou Commissariat royal, rue Saint-Louis, où l’on distribuait et échangeait les billets de monnaie courante, soit la piastre espagnole ou française, soit plus tard les guinées et les souverains anglais ».
En plus du tronçon sud de la rue du Trésor, le secteur nord de cette ruelle compris entre les rues Sainte-Anne et De Buade, était ouvert à la même époque comme en font foi plusieurs plans de la ville, en particulier celui de l’arpenteur Jean Bourdon dressé en 1664.
Le 2 juin 1689, un acte notarié de François Genaple de Bellefonds, mentionne également le nom de la rue du Trésor, d’après Pierres-Georges Roy. Trois années plus tard, en 1692, sur un plan de l’emplacement des Récollets à la Haute-Ville, réalisé par l’ingénieur Robert de Villeneuve en 1692, la rue du Trésor porte le nom de Rue de l’hydre.
Dans le Recensement de Québec de 1716, cette rue est décrite comme « Petite rue depuis la place du Fort jusqu’au cimetière qui joint au presbytère ».
Bibliographie :
- Duval, Monique. « En déambulant le long des rues … », Cap-aux-Diamants, vol. 2, no 2, été 1986.
- Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction de Alain Rey, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1998, 3 t.
- Tessier, Yves. Ville de Québec : guide historique et touristique, Québec, Société historique de Québec, 1993.
- Pierre-Georges Roy. Les rues de Québec, Lévis, 1932.
- Trudel, Marcel. Le terrier du Saint-Laurent en 1663, Ottawa, Éditions de l’Université d’Ottawa, 1973, 618 p. (Cahiers du Centre de recherche en civilisation canadienne française ; 6).
- Noms de rues de Québec au XVIIe siècle. Origine et histoire. Jean Poirier. Dossiers toponymiques, 27. Québec, commission de toponymie.
