Ville de Québec

Québec en transition vers une économie de service

Québec en transition vers une économie de service

La ville de Québec en transition vers une économie de service

En plus de services municipaux de base que l’administration municipale peut implanter sur son territoire à des fins industrielles, le gouvernement provincial a autorisé, en 1961, les municipalités à créer un fonds industriel pour financer l’acquisition de terrains et leur revente ou location à des industries pour s’établir sur leur territoire. Dans les quinze années suivantes, plusieurs municipalités de l’agglomération de Québec se prévalent de cette loi et constituent un patrimoine foncier de quelque 122,5 millions de pieds carrés à un coût de 9,3 millions de dollars : ainsi, la Communauté urbaine de Québec (à 90% à Saint-Augustin et le reste à Beauport), à compter de son organisation en 1970, en acquiert les deux tiers, soit plus de 81 millions de pieds carrés pour 3,8 millions $, Sainte-Foy 14% pour près de 4 millions $, Saint-Romuald et Lauzon ensemble 14% pour 600 000 $, Vanier et Duberger 4,3 % pour 869 000$. Ces acquisitions foncières permettent à ces municipalités d’attirer des industries sur leur territoire en fournissant tout l’éventail des appuis techniques et professionnels, des infrastructures de transport et d’énergie, de même que des services municipaux à des conditions concurrentielles de taxation, par rapport aux autres municipalités de la région ou de l’extérieur.

Une quinzaine de parcs industriels planifiés, aménagés et gérés par des instances municipales pour les principaux, parapubliques (Conseil des Ports nationaux) ou privées pour plusieurs autres, mettent en jeu tous les instruments d’appui aux entreprises pour les attirer dans leur sein, avec un succès relatif : beaucoup de grands projets (industries pétrochimiques près de la Golden Eagle ou aluminerie à Saint-Augustin) dont quelques-uns seulement se réalisent. La plupart des nouvelles industries spécialées, surtout petites et moyennes, s’y installent à côté de nombreux établissements à vocation plus commerciale qu’industrielle, mais les plus grandes à effets structurants et les plus lourdes ou les plus polluantes pour les banlieusards se font rares après l’installation, dans les années 1960, de la cimenterie St-Laurent de Villeneuve et de la raffinerie Golden Eagle dont les hautes cheminées ne parviennent pas à empêcher les protestations de leurs voisins. Par la suite, seules les hautes cheminées de l’usine de verre plat de la H.F.G. Industries (Glaverbec) à Saint-Augustin rompent, en 1991, la quiétude du ciel de l’agglomération québécoise.

De plus, une vingtaine de zones industrielles sans gestion intégrée ajoutent des espaces réservés, certaines évoluant même en parcs industriels. Tous ces développements échappent à la ville centre, alors en voie de désindustrialisation, et seule une fusion avec les municipalités de banlieue de Duberger, Les Saules et Neufchâtel, en 1970, peut lui donner accès à de nouveaux espaces industriels importants et lui permettre de participer au nouveau courant industriel, localisé dans le couloir ferroviaire et autoroutier (Charest et de la Capitale) à l’ouest de Saint-Malo. À mesure que les projets industriels dans les parcs et les zones réservées restent bien en deçà des attentes des promoteurs, les utilisations alternatives prennent de l’ascendant dans le contexte d’une approche d’accès populaire au fleuve, notamment sur les battures de Beauport où une vocation de parc riverain s’affirme aux dépens de sa désignation industrialo-portuaire, tout comme à la Pointe-de-la-Martinière sur la rive sud et le long du boulevard Champlain sur la rive du fleuve entre l’Anse-au-Foulon et le pont de Québec où elle reste débattue.

À l’encontre de la tendance qui maintient et même renforce le contrôle municipal sur les espaces industriels, confirmée par la municipalisation depuis les années 1990 des parcs de la CUQ et de celui des battures de Beauport, de multiples intervenants régionaux obtiennent la fondation, par une loi provinciale de 1988, de la Corporation du Parc technologique du Québec métropolitain avec mission de favoriser la croissance et l’implantation d’entreprises de recherche, de développement et de fabrication de produits de haute technologie. Localisé au nord-est du croisement des autoroutes Henri-IV et Charest, au milieu des parcs industriels du secteur, le Parc technologique s’appuie sur un groupe d’importants laboratoires de recherche du gouvernement du Québec implantés sur le site entre 1970 et 1973, principalement le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ), la direction de la recherche du ministère des Forêts, le Centre de recherche minérale du ministère de l’Énergie et des Ressources, les programmes de formation en sciences de l’eau et en géologie de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et des laboratoires des ministres des Transports, de l’Environnement, de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, auxquels se sont ajoutées, dans les années 980, quelques unités fédérales de recherches. L’organisation en 1983 du Groupe d’action pour l’avancement technologique et industriel de la région de Québec (GATIQ), rassemblant le CRIQ, l’Université du Québec, l’Université Laval et la Chambre de commerce et d’industrie du Québec métropolitain, veut assurer ainsi une place à l’agglomération de Québec dans le virage technologique industriel indispensable à la nouvelle économie.

Cette infrastructure d’accueil des entreprises fournit des terrains, des espaces locatifs, des services communs facilitant l’implantation, le développement et la mise en marché des produits des entreprises, en plus de l’accès aux ressources intellectuelles d’institutions universitaires et gouvernementales (Université Laval, INRS). Elle compte, dans les années 1990-2000, plusieurs grandes entreprises industrielles dans le domaine biomédical (Laboratoires Aeterne, Biohem Pharma, Prodyits biologiques Shire), dans les matériaux de haute technologie (R/D Tech, ABB Inc. – Asea Brown Boveri, Maxtech), dans l’optique photonique (Institut national d’optique ou INO), dans la foresterie et l’environnement (Forintek Canada) et dans les technologies de l’information (Copernic). De nombreuses entreprises plus petites complètent les cadres des 80 à 100 entreprises présentes dans le Parc, qui tentent de percer dans des domaines à haut risque, ce qui explique le fort taux de roulement annuel de 10 à 15%. surtout marquée de 1990 à 1994, la croissance remarquable du nombre d’entreprises se concrétise, en 1993, dans quelque 1500 emplois du Parc, en stabilisation à près de 3500 dans les quatre premières années du second millénaire. Jusqu’à sa privatisation en 2000, des subventions gouvernementales (fédéral, provincial villes de Québec et de Sainte-Foy) lui permettaient de couvrir ses frais de fonctionnement alors que ses opérations de ventes de terrains servaient de fonds de développement; par la suite, le Parc doit graduellement subvenir à tous ses besoins à même les revenus de son parc immobilier de plus en plus multilocatif ; un objectif atteint en 2003-2004. Même si les résultats sont probants dans les domaines de spécialisation privilégiée, la région de Québec n’avait pas été la seule à miser sur de tels parcs ou technopôles et la demande pour ses services a souffert notamment de cette concurrence et de la crise internationale des valeurs technologiques du début des années 2000.

(Histoire de Québec et de sa région, tome III, 1940-2008. Par Marc Vallières, Yvon Desloges, Fernand Harvey, Andrée Héroux, Réginald Auger, Sophie-Laurence Lamontagne, avec la collaboration de André Charbonneau.)

 

Basse-Ville
Basse-Ville et la Fresque des Québécois. Photo de GrandQuebec.com.

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