Premières rues de la ville de Québec, la capitale de la Nouvelle-France
Le 16 juillet 1670, un navire français amenait douze chevaux ; 2 c’était, sans doute, des montures pour le brillant état-major du grand marquis de Tracy, vice-roi. (D’après Faillon, le Roi envoya pareillement un étalon de douze juments et les fit distribuer aux gentilshommes du pays, les plus zélés pour la culture des terres : une jument à M. Talon, deux juments à M. de Chambly avec un étalon, une à M. de Sorcle, une à M. de Varenne, deux juments à M. de Ladineaye, une à M. de Latouche une à M. de Repentigny, enfin la douzième à M. LeBer (Tome III, p. 222).
Ces fringants militaires du colonel de Salières, cette jeunesse dorée du marquis de Tracy, montés sur leurs douze chevaux français, que les aborigènes ébahis nommaient des « orignaux d’Europe, » menaient grand train à Québec.
Ce n’étaient pas tous des saints comme Paul Dupuy que ces militaires du colonel de Salières ! Le major Lafrenière aurait pu vendre des points au plus enragé gamin que l’aidant de la reine Victoria aient compté dans la colonie deux siècles plus tard. S’il y avait à Québec douze chevaux de gentilshommes, ils ne passaient pas toute leur existence à l’écurie. Les sen- tiers escarpés de la Haute- Ville durent s’aplanir, s’élargir ; la voie publique cessa d’être réservée aux piétons seulement. C’est là précisément où nous voulons en venir. En effet, les rues de Québec prirent rapidement de l’importance, en 1665.
Les améliorations effectuées, pendant l’administration du chevalier de Montmagny, avaient été fort goûtées. L’illustre chevalier avait ses rues Saint-Louis, Sainte-Anne, Richelieu, d’Aiguillon, Saint-Jean, pour honorer son roi et maitre, Louis XIII, la belle reine, Anne d’Autriche, le duc de Richelieu, sa nièce, la duchesse d’Aiguillon, le bon prêtre M. LeSueur de Saint-Sauveur.
La rue Saint-Louis était habité par bien de notabilités au XIXe siècle. Le juge eu chef Sewell occupait l’Hôtel actuel du Gouvernement : il décéda en 1839. Il y avait l’Hôtel de M. de Lotbinière, lieutenant civil et criminel ; en 1758 la mai- son de. la chère amie de Bigot, madame Péan, où le juge Emily résidait en 1815: plus tard, le gouvernement l’acheta pour en l’aire une caserne d’officiers ; vis-à-vis la Cour de Justice l’on voyait le Kent House, où Sa Grâce le Prince Edouard séjourna (1701-4.) 1 et où résida vers 1820-4, feu le juge Olivier Perreault. Sur le même côté de la rue, un peu à l’ouest, était en 1815 la résidence de l’Hon Thomas Dunn, d’abord marchand, puis juge, puis membre du Conseil Exécutif, puis, plus tard enfin, lieutenant-gouverneur ou administrateur sous le titre de président du Conseil.
Cette antique habitation l’ut la première qu’occupèrent les Frères des écoles Chrétiennes, à leur arrivée en cette ville en 184-. Le No. 42, la maison du tonnelier François Gobert où l’on déposa la froide dépouille du général Montgomery, le 31 déc. 1775, est devenue historique. L’abbé Vignal. avant d’être sulpicien, logeait à l’encoignure des rues Parloir et Stadacona. Il cultivait son terrain qu’il avait défriché et en donnait le produit au soutien du monastère des Ursulines. Plus tard, il quitta l’office de chapelain des Vierges du cloître pour s’affilier au séminaire Saint- Sulpice.
Les Relations des Jésuites nous ont conservé le récit de sa fin tragique, à Laprairie de la Magdeleine, vis-à-vis de Montréal, le 27 octobre 1661. Là, le pauvre sulpicien fut tué, rôti et mangé par les sauvages. Plus tard, les sommités judiciaires, parlementaires et les avocats ont accaparé cette rue.
On y trouvait Sir N. F. Belleau, premier lieutenant-gouverneur, l’hon. H. L. Langevin, le juge en chef Duval, les juges Taschereau, Tessier, Bossé, Caron, MM. P. Pelletier et beaucoup d’autres.