Premières années de Québec

Les premières années de la ville de Québec

La Haute Ville de Québec, avec ses grands chênes, ses noyers, ses ormes majestueux, quand elle faisait partie de la forêt primitive, a dû être un endroit fort giboyeux. Si Champlain et son lieutenant et beau-frère, Etienne Boulé, ainsi que ses amis de la Basse-Ville, eussent été moins ardents à pourchasser d’autres hôtes de la forêt bien plus dangereux, au lieu de faire mention seulement des renards qui rôdaient autour de « l’habitation, » ils auraient noté quelques-unes des parties de chasse qui ont dû se faire sur les déclivités boisées du Cap-au-Diamant et dans les halliers du Coteau Sainte-Geneviève, surtout quand le scorbut ou la disette rendaient indispensable l’usage des viandes fraîches. Perdrix, bécasses, lièvres, castors, renards, caribou, ours, ont dû fréquenter les hauteurs et les vallées de l’antique Stadacona.

En 1617, la chasse dut céder le pas à la culture : le premier habitant de la Haute Ville, l’apothicaire Louis Hébert, de Paris, y établissait feu et lieu. Cette année là, « il commença aussitôt, dit l’abbé Ferland, à défricher le terrain sur lequel se trouvent la cathédrale, le Séminaire et cette partie de la Haute Ville qui s’étend depuis la rue Sainte-Famille jusqu’à l’Hôtel-Dieu ; il bâtit une maison (L’abbé Laverdière, au contraire, prétend que la maison d’Hubert a dû être bâtie sur le site de l’évêché actuel. Œuvres de Champlain, tome II.) et un moulin, vers la partie de la rue Saint-Joseph où elle reçoit les rues Saint-François et Saint-Flavien.

Ces édifices paraissent avoir été les premiers qui aient été élevés sur l’emplacement occupé par la Haute Ville. » La rue Sainte-Famille tire son nom de son voisinage de l’église paroissiale de Québec, dont le titre comme cathédrale était l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie, mais qui fut plus tard érigée en paroisse sous le vocable de la Ste. Famille. Le nom de rue Saint-Flavien fut donné à cette rue, lors de l’établissement de la fête des SS. martyrs Flavien et Félicité, dont les reliques ont été données à la cathédrale par Mgr. de St. Vallier. À cette époque reculée, il ne pouvait y avoir que des sentiers étroits, des avenues irrégulières suivant les détours de la forêt. Ces sentiers s’aplanirent, s’élargirent avec le temps – Champlain et Kirtk s’occupèrent peu de la voirie. On n’avait pas encore pensé aux Grands-Voyers, en la Nouvelle-France.

Un des premiers soucis du gouverneur de Montmagny, après avoir fortifié la place, fut de faire préparer un plan de la ville, d’aligner et d’élargir, de redresser les rues ; certes, ce n’était pas sans besoin. S’il eût poussé encore plus loin cette utile réforme, il aurait épargné à notre municipalité bien des ennuis, au public bien des embarras. Quoiqu’il en soit, on avait, le It novembre 1623, pratiqué une descente à la Basse-Ville, moins dangereuse que celle qui existait déjà.

L’été, l’on voyageait par eau, d’ordinaire en canots d’écorce ; l’hiver, on avait recours aux raquettes. À quelle année remontent les voitures à roues ? C’est ce qu’il nous a pas été donné de découvrir. Le premier cheval, destiné au gouverneur de la colonie, arriva de France en 1648. Son Excellence l’employait-il comme cheval de selle seulement ? ou bien, quand il allait, au jour de l’an, saluer les Jésuites, les bonnes Dames Ursulines, leur porter leurs étrennes (les étrennes consistaient en vin d’Espagne, tourtières, chapons, livres de piété, etc. d’après le Journal des Jésuites), se faisait-il mener en carriole, et en calèche pendant la belle saison ? Voilà encore un point pour nos antiquaires.

Bien qu’il y eût des bestiaux à Québec en 1623, on se servit pour la première fois de bœufs pour labourer, le 27 avril 1628.

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Québec, ville joyeuse. Photo d'Anatoly Vorobyev.
Québec, ville joyeuse. Photo d’Anatoly Vorobyev.

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