Service des incendies à Québec
Le service des incendies à Québec en 1825. – Les pompes primitives – les Watchmen – le tocsin
Hector Bethelot nous parle du service des incendies dans la ville de Québec dans son recueil « Le bon vieux temps », compilé par E.-Z. Massicotte et publié en 2924 :
En 1825, le guet était composé d’environ vingt-cinq Watchmen de Québec, sous le commandement du capitaine Pinguette. En fait, d’après T. P. Bédard, Histoire de cinquants ans (cité par Ch. Berthelot), c’est en 1816 que le guet fut établi à Québec).
La nuit, le Watchman portait, d’une main, un grand fanal allumé et de l’autre, une crécelle dont le bruit s’entendait à une distance d’environ un mille. Pendant que le citoyen du vieux Stadacon reposait la nuit dans son lit, il entendait toutes les heures les cris des constables du guet.
Le Watchman criait toujours en anglais, l’heure et le temps qu’il faisait, par exemple : Eleven o’clock! Stormy night, rainy night, moon night, starry night, all is well !
Lorsque le feu éclatait dans quelques maisons, l’alarme était d’abord donnée au Watchman. Celui-ci criait Fire! Fire! de toute la force de ses poumons. Ce cri était répété par tous ses compagnons qui agitaient leurs crécelles et réveillaient tous les habitants. Il n’y avait pas de cloches sur les stations de pompes et il fallait courir chez le bedeau O’Neille (Louis Fréchette, dans son amusante étude Les Originaux et détraqués, écrit son nom comme Oneille), qui résidait sur la rue Saint-Flavien. Le bedeau s’habillait à la hâte et muni d’une lanterne, il montait dans le clocher de la cathédrale et frappait une des cloches avec un marteau qu’il tenait à la main. Le bedeau restait dans le clocher et faisait donc résonner le tocsin pendat toute la durée de l’incendie.
Sur les entrefaites, l’alarme était donnée au poste central du guet, situé sur la côte des Chiens, en bas de l’ancienne porte de la Canoterie, porte Hope. Un des Watchmen sortait alors avec un gong d’un diamètre de deux pieds et demi qu’il frappait avec un maillet. Il parcourait les principales rues de la ville en remplissant l’air du bruit sonore et sinistre de son instrument. Les pompiers couraient à leurs postes et sortaient les pompes. Mais comme on ignorait alors, le télégraphe d’alarme introduit beaucoup plus tard, il était impossible de préciser l’endroit où le feu avait éclaté. Deux compagnies de pompiers se rencontraient à la bifurcation des rues et s’interrogeaient mutuellement sur la question du quartier où était l’incendie. Souvent, on ne s’accordait pas sur l’endroit et les pompes étaient dirigées à la fois vers deux points différents.
À cette époque, les pompiers étaient sous le contrôle des juges de paix, les compagnies de volontaires ne s’étant organisées que vers 1826, sous le capitaine Sewell.
À l’époque, la loi municipale obligeait les habitants de Québec à garder continuellement dans leur résidence quatre seaux de cuir et un bélier. Les seaux servaient dans la chaîne que formaient les citoyens entre la maison en feu et le puit le plus voisin. Comme le seau devait passer quelquefois par une cinquantaine de mains avant d’arriver à la pompe, il n’y avait que fort peu d’eau dedans lorsqu’on le vidait.
Les boyaux n’étaient pas encore inventés et la lance était fixée au sommet de la pompe. Cette lance était mobile et elle jetait l’eau sur le toit des maisons les plus élevées.
Les pompiers se servaient du bélier pour défoncer des portes ou abattre des murs. En hiver, lorsque les pompes étaient gelées, des charretiers allaient à la brasserie McCallum, la seule qui existait à Québec, en ce temps-là, pour en apporter des tonneaux d’eau chaude pour les faire dégeler.
Comme il n’y avait pas d’aqueduc dans la vielle capitale et comme il fallait recourir aux puits en cas d’incendie, on peut juger des difficultés qu’on était obligé de surmonter pour obtenir un service efficace des incendies. Québec, sous ce rapport, était alors, de cinquante ans en arrière de Montréal.
Un peu plus tard, en 1832, il fut formé à Québec plusieurs compagnies de pompiers volontaires : les Séminaristes (capitaine de Blois), les Cœurs de Lion (capitaine Parent), Les Invincibles (capitaine Manly), les Voltigeurs de Saint-Roch (capitaine Garneau). Il y avait de plus, une compagnie dans le faubourg Saint-Jean, sous le commandement de M. Colette Belleau. Les Irlandais du Cap avaient aussi formé une compagnie de pompiers volontaires.
18 novembre 1884.
D’après Hector Berthelot, Le vieux bon temps, compilé, revu et annoté par E.-Z. Massicotte, publié par la Libtrairie Beauchmein Limitée, Montréal, 1924).
Note de GrandQuebec : En 1858, on a créé un service permanent de pompiers, mais il est impuissant à contrer le grand brasier du 14 octobre 1866 qui détruit 1800 maisons dans le quartier Saint-Roch et le village St-Sauver. « Les milliers de cheminées au milieu des ruines sont autant de monuments funèbres, souligne le journal Le Canadien, attestant que la main de Dieu a passé par là pour nous punir ou nous avertir. »

Lire aussi :
- Pompiers volontiers à Québec au milieu du XIXe siècle
- Les incendies à Québec
- L’incendie du faubourg Saint-Jean
- L’aqueduc de M. Beemer
- L’aqueduc de 1853 à Québec
- Premier service des incendies à Montréal