Palais et autres trésors

Palais et autres trésors

Site des palais de la ville de Québec

Le secteur des palais s’avère un endroit incontournable de l’histoire du Québec. À l’ombre du rempart, cet ancien lieu de pouvoir des intendants de la Nouvelle-France a été l’objet de plusieurs campagnes de fouilles archéologiques. Le site témoigne de plus de trois siècles d’occupation humaine.

En 1669, l’intendant Jean Talon, responsable au nom du roi de l’administration générale de la Nouvelle-France, fait construire une imposante brasserie de plus de 40 mètres de longueur, dans un secteur encore inhabité. Le bâtiment peut produire 4000 barriques de bière à l’orge par année, la moitié étant destinée aux Antilles. Même si la bière est de bonne qualité, elle se vend trop cher pour une petite ville à peine peuplée. La brasserie ferme ses portes après cinq ans d’activité.

À quelques mètres à l’ouest, entre les actuelles rues Vallière et de l’Éperon, l’intendant fait aussi construire une fabrique de potasse vers 1670. Destinée surtout au marché français, la potasse sert principalement au blanchiment des tissus. Elle est produite à partir de cendres de bois lessivées. Les premiers échantillons sont jugés excellents, mais l’entreprise périclite après le départ de Talon pour la France. La fabrique est ultérieurement convertie en entrepôt.

En 1986, le roi Louis XIV achète, au profit de l’intendant et de l’administration royale, l’ancienne brasserie et les terres de Talon « abandonnées et remplies de broussailles ». L’édifice est allongé jusqu’à la rue Saint-Nicolas pour loger l’intendant et sa famille, la salle du Conseil souverain – un organisme judiciaire et administratif – les prisons et les entrepôts d’État appelés « les magasins du Roi ». Il y a avait de cuves pouvant servir à lessiver les cendres de bois. Construit surtout en bois, le palais ne résiste pas à l’incendie dévastateur du 5 janvier 1713 qui provoque la mort de quatre personnes.

Le secteur continue de se développer. À partir de 1716, on reconstruit des magasins et des cachots sur les ruines du premier palais. Plus près de la rivière, on élève un second palais encore plus imposant que le premier. De vastes jardins à la française, signe de haut statut social, s’étendent vers l’ouest. Les abords de la rue Saint-Nicolas se peuplent d’artisans et d’ouvriers. Vers 1745, pour se parer d’une attaque anglaise imminente, on fait construire sur le coteau un rempart en maçonnerie et les « Nouvelles Casernes », toujours en place aujourd’hui.

L’intendance n’est pas touchée par les bombardements anglais de 1759 mais l’année suivante, un incendie détruit les magasins du Roi et une partie du quartier. Épargné, le second palais sert de caserne aux soldats britanniques jusqu’à l’invasion américaine de 1775.

Les Anglais mettent alors le feu aux maisons des quartiers Saint-Roch et du Palais pour éviter que l’ennemi y prenne position. L’ancienne fabrique de potasse est presque entièrement détruite, de même que le second palais. Seules subsistent, à ce jour, une partie des caves voûtées de ces deux bâtiments. C’est à cet endroit qu’on entreposait des munitions, de la nourriture et divers objets venus de France, dont les pontets ou garniture de fusil.

Au début du XIXe siècle, on transforme en cour à bois les anciens jardins du palais, désormais propriété de la couronne britannique. Sur la grève, on ouvre la rue Saint-Paul qui coupe dorénavant l’accès direct à l’eau. À une époque de grande croissance économique et urbaine, les terrains qui bordent la rue de Saint-Vallier Est sont lotis. De petits artisans – teinturier, boulanger, maçon, charpentier – s’y installent.

Après le terrible incendie de 1845 qui ravage le quartier Saint-Roche jusqu’au secteur du palais, Jean-Olivier Vallière reconstruit sa fabrique de meubles le long de la rue de Saint-Vallier Est. Repris par son fils Philippe, le magasin Vallière devient l’un des principaux commerces de meubles « de qualité » au Canada. L’entreprise occupe presque tout l’espace entre les rues Vallière et de l’Éperon, y compris le site de l’ancienne fabrique de potasse. L’usine est située au nord d’îlot, tandis que le magasin et les salles de montre ont leur façade rue De Saint-Vallier Est.

En 1852, Joseph Kinight Boswell ouvre une brasserie sur ce site même de l’établissement de Jean Talon. Il occupe graduellement tout le quadrilatère formé par les rues Saint-Nicolas, Vallière, des Prairies et de Saint-Vallier Est. Devenue la brasserie Dow à la suite de diverses ventes et fusions, l’entreprise ferme ses portes en 1968. Une rumeur relie le décès de 16 personnes à la consommation de cette bière. On démolit plusieurs bâtiments du complexe et la Ville de Québec acquiert le terrain en 1974.

Depuis 1982, les étudiantes et étudiants du programme d’archéologique de l’Université Laval ont effectué plusieurs campagnes de fouilles dans le secteur des palais. Ils ont retracé d’importants vestiges qui permettent de mieux comprendre toutes les phases d’occupation des lieux.

Une partie de la collection d’artefacts est visible au centre d’interprétation de l’îlot des Palais, situé dans les voûtes du second palais de l’Intendant, près de la Côte de la Canotière.

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Secteur des Palais. Sur ce site se trouvait la première brasserie au Canada. Photo : © Grandquebec.com.
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Place verte devant le site des Palais. Place verte devant le site des Palais. Photo : © Grandquebec.com.
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Rue Saint-Vallier. Photo : © Grandquebec.com.

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