Des nouvelles pas fraîches

Fredaines qui conduisent jusqu’en Cour

Fredaines qui conduisent jusqu’en Cour

Fredaines qui conduisent jusqu’en Cour municipale de la ville de Québec

La fin de semaine consiste, pour la majorité des gens, en des réunions familiales ou en simple repos en face de la télévision. Par contre, certaines personnes emploient ces jours de congé pour accomplir quelques fredaines qui leur attirent des ennuis de la force constabulaire. (C’est arrivé dans la ville de Québec en février 1960).

Ivresse et désordre

Ainsi, un ouvrier de 43 ans a comparu en Cour municipale, hier, sous une accusation d’ivresse et de désordre, pour avoir lancé des menaces à l’égard de son épouse. Le prévenu arrêté chez lui, samedi soir, à la demande de sa propre fille, a protesté de son innocence, devant le juge DeBlois.

Le Québécois a avoué s’être enivré, mais nia cependant d’avoir causé du désordre et encore moins d’avoir menacé sa femme. Celle-ci était d’ailleurs présente à la comparution de son mari, elle était accompagnée de sa fille qui manifesta le désir de retirer la plainte portée contre son père.

Mais le tribunal refusa de se rendre à cette requête, en expliquant à la plaignante qu’un simple retrait de plainte n’arête pas la mise en arche de la Justice. « Avant de porter plainte et faire arrêter quelqu’un, il faut y songer sérieusement », d’ajouter le juge DeBlois. « Cette homme a passé la fin de semaine en cellule et c’est notre devoir de juger s’il a été arrêté pour un motif valable ou non; quelqu’un doit payer les frais de la Cour. »

Voyant toutefois que les deux époux avaient fait la paix et semblaient dans de bonnes dispositions, le président n’exigea que $5 de cautionnement de la part du prévenu et remit la cause à lundi prochain.

Cause identique

Le cas suivant était complètement semblable à la première cause. Cette fois il s’agissait d’un mécanicien de 37 ans, père d’un enfant, accusé lui aussi d’ivresse et de désordre, pour avoir battu sa femme. C’est son épouse qui appela la police et fit coffrer son mari.

Cependant, elle aussi regrettait son geste et demanda le retrait de la plainte. Le tribunal recommença à donner les mêmes explications fournies à la plaignante dans la cause précédente; la dame expliqua à la Cour qu’elle avait demandé la police simplement parce que son époux, sous l’influence de la boisson, parlait fort.

Le juge luit fit remarquer que s’il fallait mettre en état d’arrestation toutes les personnes qui parlent fort, les Cours de Justice seraient débordées. Comme les deux époux étaient consentants à retourner au foyer et à y garder la paix, le tribunal renvoya a cause à la semaine prochaine, exigeant un cautionnement de $5 de la part du prévenu.

$10 ou 8 jours

D’autre part, un débardeur de 37 ans, a plaidé coupable à une accusation d’ivresse et à celle d’avoir résisté au policier qui avait manifesté le désir de voir les papiers du prévenu, après un accident de voitures. Le tribunal condamna l’inculpé à $10 d’amende ou, à défaut de paiement, à 8 jours d’emprisonnement.

Un sans-travail de 37 ans, trouvé ivre sur la rue de la Canoterie, aux petites heures, dimanche matin, a enregistré un plaidoyer de culpabilité et a écopé d’une sentence de $25 ou d’un mois. Étant sans le sou, notre homme sera logé gratuitement durant les prochains trente jours.

Enfin, un jeune homme de 20 ans a été arrêté sur la rue Dorchester, entre 5 et 6 heures, dimanche matin, alors qu’il était au volant d’une automobile, sans posséder de permis de conduire.

Mis en accusation devant le juge DeBlois, l’inculpé plaida coupable et fut condamné à une amende de $50 plus les frais ou à 15 jours de prison.

Flânerie

De plus, les deux hommes arrêtés pour grossière indécence, dans le centre industriel St-Malo, lundi dernier, ont vu leur accusation réduite en celle de flânerie.

Par l’entremise de leur procureur, les prévenus âgés l’un de 50 ans et l’autre de 28 ans, ont plaidé coupable et ont dû payer chacun une amende de $25 pour éviter un séjour en prison. Ils étaient tous deux sous un cautionnement personnel de $100, depuis leur comparution.

Un faussaire « ajusteur » trop empressé à se dire coupable

Un « ajusteur d’assurances » spécialisé surtout dans l’estimation des dommages d’auto est sorti de prison il y a quelques jours. Il estima, sans doute, que sa garde-robe avait besoin d’une retouche et aussi, il se présenta au magasin P. – H. De Blois pour y acheter quelques hardes. Il paya au moyen de deux chèques de $75, et $145, mais ils étaient faux et la police se mit à ses trousses.

La P. J. était à sa recherche depuis déjà plusieurs jours lorsqu’il leur rendit de lui-même une visite, hier, au quartier général de la ville de Québec. Les limiers n’eurent qu’à l’escorter en Cour des Sessions de la paix où il plaida coupable devant le juge Laetare Roy. D’ailleurs, après la lecture de l’acte d’accusation, le juge commença à lui réciter la formule de l’option qui consiste à dire à un accusé de quelle façon il a le droit d’être jugé, soit par un magistrat seul, soit par un juge seul, soit par un juge avec un jury :

Soudain, le juge Roi dit : « Je vois que vous ne comprenez pas ce que cela veut dire et je n’ai pas encore entré dans les détails comme ceux concernant l’enquête préliminaire. Je vais vous expliquer en mots simples tout ce mécanisme juridique. » – « Inutile, M. le juge, de reprendre cet expert en mécanisme automobile, je veux simplement plaider coupable! »

À l’enquête sur la sentence, le juge apprit que cet homme de 43 ans, avait été condamné, en décembre 1958, sous 19 chefs de fraude, à un an de prison et qu’il avait commis ses deux nouveaux délits à sa sortie de prison pour ainsi dire. Le juge s’apprêtait à le condamner quand un limier de la police judiciaire municipale lui demanda de retarder sa sentence à ce matin, parce que les limiers flairent que l’homme est coupable d’autres méfaits et qu’il était trop empressé de se livrer hier et de ne se dire coupable.

L’accusé en prenant connaissance de ces faits nouveaux dans son affaire fronça les sourcils et dit pas un mot.

Pour en apprendre plus :

“Par son silence, un mur peut révéler beaucoup de vérités.” (Zhang Xianliang / Mimosa). Photo de Victoria Zaporozhets.
“Par son silence, un mur peut révéler beaucoup de vérités.” (Zhang Xianliang / Mimosa). Photo de Victoria Zaporozhets.

Vous devez vous enregistrer pour ajouter un commentaire Login

Laissez un commentaire