Dominion Corset

La Dominion Corset

Québec – Capitale de la chaussure et du corset

Dans les dernières décennies du XIXe siècle et les premières décennies du XXe siècle, la ville de Québec, qui a vu ses activités portuaires diminuer et la construction navale disparaître, réoriente son économie et devient un important centre de production de chaussures et de corsets. De nombreuses manufactures s’établissent dans les quartiers populeux de Saint-Roch et Saint-Sauveur et emploient plus de cinq mille personnes en 1900.

La Dominion Corset de Georges-Élie Amyot a été l’une des plus grandes fabriques de corsets en Amérique. C’est en 1886 que Georges-Élie Amyot se lance dans la fabrication de corsets. Il devient au tournant du XXe siècle le plus gros employeur de Québec, et est nommé conseiller législatif en 1912.

À la production, la main-d’œuvre a toujours été exclusivement féminine et les ouvrières ont été supervisées par des contremaîtresses. Le travail en usine permettait aux femmes célibataires de subvenir à leurs besoins en dehors du mariage et de la vie religieuse, mais jusqu’à la fin des années 1950, il était interdit aux femmes mariées de demeurer à l’emploi de la compagnie.

Notons que les corsets fabriqués à la fin du XIXe siècle donnaient une taille de guêpe à celles qui les portent au moyen de « tournures » en forme de cerceaux s’adaptant aux robes de l’époque. Au début du XXe siècle, la baleine antirouille affinait les silhouettes sans trop contraindre la respiration. De nouveaux corsets et bustiers réduisaient les rondeurs indésirables de la mode tubulaire des années 1920.

L’arrivée des tissus synthétiques fait disparaître les baleines métalliques après la Seconde Guerre mondiale. La clientèle adopte les premiers modèles de gaines et de soutiens-gorge. Les années 1950 constituent l’âge d’or de la compagnie, qui lance les lignes Sarong et Daisyfresh.

Au départ de Pierre Amyot en 1973, la direction de l’entreprise est confiée à Maurice Godbout. Dès 1977, la compagnie adopte une nouvelle stratégie de marché et prend le nom de Créations Daisyfresh. Elle est encore vendue en 1988 à la compagnie Canadelle WonderBra, qui abandonne la manufacture de la basse ville pour s’établir dans le parc industriel de Vanier.

La manufacture désaffectée est finalement réaménagée pour abriter le Centre de développement économique et urbain (CDÉU) de la ville de Québec et l’École des arts visuels de l’Université Laval.

L’arrivée des fonctionnaires et des étudiants au début des années 1990 contribue à la revitalisation du quartier Saint-Roch. Son vaste édifice, au coin du boulevard Charest et de la rue Dorchester a été restauré et est occupé par des services de la Ville de Québec et de l’Université Laval. Le rez-de-chaussée, ouvert au public, évoque le souvenir des centaines d’ouvrières qui y ont travaillé autrefois.

Dominion Corset
Le vaste établissement de la Dominion Corset était situé au cœur du quartier Saint-Roch de Québec.

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