L’invasion américaine de 1775

Lac Mégantic et l’invasion américaine de 1775

En 1775, les troupes américaines traversent le territoire des Cantons-de-l’Est se dirigeant vers la ville de Québec. Cette invasion est la conséquence directe du refus des Canadiens d’accepter l’invitation de George Washington à se joindre aux indépendantistes américains, ce qui attire sur eux les foudres des Bostonnais (le nom sous lequel les indépendantistes sont connus à l’époque). L’invasion provoque ainsi une guerre dont les Cantons-de-l’Est gardent le souvenir.

Selon le plan, le général Philip Schuyler devait se diriger vers Québec, en passant par le lac Champlain et le Richelieu, alors que le colonel Benedict Arnold devait le rejoindre à Québec en suivant les rivières Kénébec et Chaudière.

Le général Schuyler n’eut aucun mal à s’emparer des forts militaires se trouvant sur le Richelieu, soit Ticonderas, Pointe-à-la-Chevelure, Saint-Jean et Chambly. Ensuite, ses troupes s’emparent de Montréal.

Pour Benedict Arnold, pourtant, la situation s’avéré beaucoup plus ardue.

Le 13 septembre 1775, le colonel Arnold part vers le Canada avec une armée de 1100 hommes de Cambridge (près de Boston). Les envahisseurs embarquent sur deux cents canots. Les soldats suivent la rivière Kénébec jusqu’à la rivière Dead. Cette route était utilisée par des tribus amérindiennes, explorateurs, missionnaires jésuites, tels que le célèbre missionnaire Sébastien Râles, arpenteurs, colons et coureurs de bois.

C’est alors que survient un problème de taille pour l’armée: des pluies diluviennes s’abattent, provoquant le gonflement des rivières et transformant les rives en marécages. Des provisions sont perdues. On compte pas moins de 200 soldats malades ou affaiblis (d’autres sources en parlent même de 500, soit près de la moitié des troupes d’Arnold).

S’additionnant à ce problème, Arnold commet de graves erreurs. Tout d’abord, il porte une confiance aveugle aux Abénakis et révèle à leurs chefs ses plans. Les Abénakis, pour leur part, ne veulent aucunement participer à la guerre, alors ils diffusent ces informations aux autorités canadiennes. Ensuite, Arnold se fie à une carte vague de la région du lac Mégantic, ce qui l’amène dans des marécages. Ces néfastes circonstances prolongent le trajet au delà du temps que l’on s’était fixé. Les victuailles viennent ainsi à manquer.

Des lettres de Benedict Arnold dévoilent bien l’ampleur du désastre de l’expédition. En ce moment, le colonel Enos désobéit à son chef en effectuant une retraite. Des douzaines, voir des centaines de soldats désertent.

Le 24 octobre 1775, Arnold écrit au colonel Amos, à l’arrière-garde: «Les pluies excessives et les crues de la rivière nous ont empêché d’avancer. Lors de ma dernière lettre, je comptais avoir atteint la Chaudière avant ce jour. Je vous disais alors que nous avions environ pour 25 jours de provisions pour tout le monde. Nous en sommes à présents réduits à 12 ou 15 et ne comptons pas atteindre le lac Mégantic avant quatre jours».

Benedict Arnold continue tout de même son avance avec tout au plus 600 hommes. Il arrive le 27 octobre au lac Mégantic, où fait son campement sur le site de la ville actuelle de Lac-Mégantic. Ils y laissent des pièces d’artillerie dans le lac Mégantic ou dans le lac des Araignées. Ces pièces ont été retrouvées beaucoup plus tard.

Après un repos dans la région du lac Mégantic, les troupes d’Arnold poursuivirent péniblement le chemin vers la ville de Québec. Le siège de Québec sera une défaite totale pour les Américains.

En rentrant aux États-Unis, en mai 1776, les Américains prennent garde, cette fois-ci, de ne pas reprendre le chemin du lac Mégantic qui leur avait causé de si grands tracas.

Vers le milieu du XIXe siècle, la portion de la piste, comprise entre le lac Mégantic et la rivière Dead fut utilisé pour le passage des colons canadiens-français entre le Canada et le Maine. La partie de la route allant de la Kennebec à la rivière Dead permettait aux bûcherons de se rendre dans les chantiers situés dans le bassin de la rivière Dead.

Entre 1924 et 1927, on construisit, sur une distance de 150 km, la Route de la piste d’Arnold en suivant des segments du vieux portage. La route contournait la portion orientale du vieux portage et reliait la ville de Farmington au vieux portage dans le secteur de la rivière Dead où étaient situés les établissements de Stratton et Eustis. Ensuite la route continuait jusqu’à Woburn et Lac-Mégantic, où elle croisait les routes du Québec. Aujourd’hui, il s’agit de la route 27. Plusieurs routes de l’État du Maine, y compris la route 16, relient également cette route à la région de Rangeley Lakes.

Notons finalement que autour de la piste du lac Mégantic, à l’époque coloniale, il y avait des campements indiens, mais pas de villages des colons. Ces villages apparurent avec le développement de l’industrie forestière dans le milieu des années 1800.

En août 1975, un groupe d’Américains ont refait l’itinéraire de l’expédition d’Arnold. Ces enthousiastes, vêtus en costume d’époque ont vécu cet événement important de l’histoire et ont confirmé que le trajet était en effet très difficile et épuisant.

Richard Montgomery
Général Montgomery. Portrait de l’époque. Image libre de droits.

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