Histoire du papier

Histoire du papier de Windsor

C’est en 1859 que William Angus et Thomas Logan s’associent pour former la Angus, Logan & Co. Cela afin de vendre sur le marché québécois le papier. On produit ce papier dans une usine de papier de Sherbrooke, propriété de William Brooks. En 1860, la Angus, Logan & Co. acquiert l’usine. En fait la compagnie sait profiter de la Guerre civile américaine. (Cette guerre a créé une demande extraordinaire de papier journal. E n conséquence une hausse des prix du papier a eu lieu).

Avec les bénéfices, la Angus, Logan & Co. construit une usine de pâte à Windsor. La localité de Windsor Mills (nom qui porta Windsor jusqu’en 1914) se trouve au confluent des rivières Watopeka et Saint-François, où se trouvent des chutes d’une dénivellation de quarante-deux pieds. Alors, cette dénivellation répondait parfaitement pour la technologie de la roue à eau de l’époque. Les chutes deviennent alors une grande source de pouvoir hydraulique. La présence du chemin de fer le Grand Tronc, dont le parcours avait rejoint Windsor Mills en 1852 et qui se prolongeait aussi loin que Portland, Maine, s’avère être un deuxième élément décisif.

On a utilisé l’usine ou le Moulin Windsor pour mettre au point la technologie de la transformation de la fibre de bois en pâte à papier. Cela se faisait par un procédé chimique, technologie d’expérimentation à l’époque. Aujourd’hui, une plaque de bronze commémore cette première expérience canadienne. Le moulin Windsor produisait deux types de pâte. C’est-à-dire, pâte à base de fibres de bois et pâte à base de fibres végétales diverses récupérées dans les villes à proximité. (Papiers usagés, chiffons, cordages). La pâte finale était un mélange des deux précédentes (75% pâte de bois, 25% pâte de chiffons). Elle alimentait l’usine de papier de Sherbrooke.

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Vu l’énorme succès du premier moulin, la compagnie construit une deuxième usine. Cette fois-ci à Windsor Mills en 1866 pour augmenter la production. On y installe deux machines à papier de type fourdrinier de 62 et 72 pouces de large. Elles ont une productivité de 2 à 3 tonnes par jour de papier à enveloppe, à livre, d’emballage. Ainsi que du papier journal.

Vers la fin des années 1866, la Angus, Logan & Co. compte environ 150 employés. Dont une vingtaine de femmes et quelques enfants. La coupe, l’écorçage et le transport du bois requièrent une main-d’œuvre importante pour quelques mois par années.

En 1873, Angus, Logan & Co. devient Canada Paper Company Ltd. Mais en 1882, William Angus décide de partir son propre moulin à papier à East-Angus. Il se sépare donc de Thomas Logan qui ouvre une troisième usine à Windsor Mills. Il s’agit du moulin Springvale. Le nouveau moulin se sitapit à quelques centaines de pieds du site des premiers moulin. En fait un peu plus haut en amont de la rivière Watopeka. On aperçoit encore une partie de ses ruines de nos jours.

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Comme matière première pour la fabrication de la pâte on n’y utilise que des fibres végétales récupérées. (Papiers récupérés, chiffons, cordages). Le papier journal fait à base de chiffons et le papier d’emballage de type manille sont les principaux produits fabriqués par cette usine. Elle a nécessité d’ailleurs la construction d’un barrage en amont de la rivière Watopeka. Cela pour régulariser le débit de celle-ci. Deux machines à papier assuraient alors la production. En fait, une machine de 62 pouces de large provenant du démantèlement de l’usine de Sherbrooke. Une nouvelle machine de 90 pouces de large. Mais le moulin Springvale n’a été en opérations que pendant trois ans. Le feu l’a détruit en 1886.

Après l’incendie, on a reconstruit le moulin Springvale. Par ailleurs, on l’a doté de deux nouvelles machines de 72 et 92 pouces de large respectivement.

En 1895, en réponse à l’expansion du marché des journaux à grand tirage, le papier journal devient une marchandise très populaire. La Canada Paper doit réorganiser son approvisionnement en matière première. Puisque les cultivateurs de la région fournissent principalement du bois dur. C’est le bois d’épinette et de sapin qui servent de matière première utilisée pour la fabrication de la pâte mécanique. Le flottage du bois commence sur la rivière Saint-François lors du gonflement des cours d’eau au mois d’avril et par voitures à cheval – on en dénombre 600 en 1899. Un total de 500 à 600 employés travaillaient pour la Canada Paper au début du XXe siècle.

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En 1902, le moulin Saint-François est reconstruit. On y installe une cours à bois servant à l’écorçage du bois et une machine à papier haute vitesse de 156 pouces de large, la plus importante au Canada lors de son installation.

Les travailleurs forment alors leur syndicat, plutôt une branche locale du syndicat américain l’International Brotherhood of Pulp, Sulfite and Paper Mills Workers.

En 1908, M. G. Kilgour devient le nouveau propriétaire de la Canada Paper. Le moulin Springvale est démantelé et démoli. Le moulin Watopeka (anciennement moulin Windsor) est rénové et agrandi. Le procédé pour la fabrication de la pâte de papier de Thomson est abandonné au profit du procédé Kraft (Windsor Mills est la deuxième usine en Amérique du Nord, après l’usine d’East-Angus à adopter ce procédé. Le procédé kraft produit un papier plus résistant. Le carton et les papiers d’emballages sont fabriqués à partir de ce moment sans autres fibres végétales que la fibre de bois.

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Dès 1925, la Canada Paper décide de concentrer ses activités autour de la fabrication de papiers utilitaires à forte résistance (carton, papier d’emballage, sacs). La production de papier est d’environ 70 tonnes par jour. L’entreprise aménage un laboratoire de recherche à Montréal. L’équipe de recherche de ce laboratoire se fait connaître, entre autres choses, pour l’invention, en 1934, de la fournaise de récupération de la liqueur de cuisson Badcox-Wilcox-Tomlinson. Ce fut une première mondiale et la fournaise fut installée pour la toute première fois à Windsor. L’invention permit de faire réaliser des économies substantielles et marqua un tournant remarquable pour l’ensemble de l’industrie de la pâte kraft.

En 1942, quelques 500 ouvriers insatisfaits de leurs conditions de travail forment une deuxième union et se joignent à la Confédération des Travailleurs Catholiques de Canada (CTCC l’ancêtre de la CSN). À l’époque, on dénombre plus de 1500 personnes employées à Windsor par la Canada Paper. La production de papier est de 320 tonnes par jours.

En 1961, La Dominion Tar and Chemical Company (Domtar) prend le contrôle de la Canada Paper Company et spécialise sa production à Windsor vers les papiers fins.

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En 1987, la construction de la nouvelle usine est complétée et en 1988, les coupeuses Folio et Format sont mises en marche.

Le moulin Watopeka (ancien moulin Windsor), la toute première usine, est démolie en 1990, après 126 ans de production, mais la production augmente et en 2001, une centrale de cogénération de 25 mégawatts démarre.

Dans les années 1980, un Festival du Papier a eu lieu à Windsor, conçu par les gens du village afin de souligner leur histoire de papetiers. Le festival comprenait un grand nombre d’activités amusantes, dont un pittoresque Défilé de créations de papier, un défilé présentant des vêtements fabriqués en papier, mais en 2009, il a connu des difficultés financières et a été annulé pour un temps indéfini.

Windsor Historie du papier
Ville de Windsor. Photographie libre de droit.

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