La bataille commence

Les forces s’engagent dans la bataille d’Austerlitz

Le combat commence en effet à la gauche des Russes, très surpris de trouver devant eux la droite française qu’ils pensaient tourner :

Les premiers coups de fusils partirent de notre gauche, où se trouvait le détachement du général autrichien Kienmeyer, le plus rapproché des Français du côté d’Aujezd, dans le but de prendre Tellnitz, et de nettoyer la route à la première colonne sous les ordres de Doctouroff. Kienmeyer rencontra en avant de Tellnitz une partie des divisions Legrand et Margaron, placées à l’extrémité de l’aile droite de l’armée française : le village de Tellnitz, entouré de vignobles et de ravins, donnait à l’ennemi la facilité d’une forte résistance. Ce général plein de courage, que Souvoroff avait déjà si avantageusement distingué à Rymniki, dans la guerre contre les Turcs, pénétra deux fois dans Tellnitz, mais ne put s’y maintenir.

Une heure après, Buxhoewden apparut avec la colonne de Doctouroff, et envoya pour soutenir les Autrichiens un bataillon du 7e de chasseurs à pied, une brigade du général Loewis, le régiment de la Nouvelle-Ingrie et celui de Yaroslaw. Kienmeyer et Loewis attaquèrent de nouveau Tellnitz et le prirent. Le comte de Buxhoewden, se bornant à exécuter l’ordre qui lui avait été donné de se tenir à la hauteur de la deuxième colonne du comte Langeron, se borna à la prise et à la conservation de Tellnitz, et il arrêta le mouvement de Doctouroff jusqu’à l’arrivée de Langeron.

Le feu cessait à peine, par ce, par ce temps d’arrêt, que Davout déboucha de Raygern, à la tête de la division d’infanterie du général Friant et de la division de cavalerie de Broussier. Il prit le commandement en chef des divisions Legrand et Margaron, s’avança sur Tellnitz ; puis, le brouillard s’étant abattu tout à coup, il tomba à la baïonnette sur le 7e régiment des grenadiers de Phanagorie. À huit heure et demie, lorsque Doctouroff commença l’attaque de Tellnitz, Langeron s’approcha du Goldbach, fut assailli par le feu des tirailleurs et des batteries ennemies placées derrière le ruisseau, et entama l’affaire avec les Français.

La colonne de Przibyszewski marchait aussi, par la gauche, de Pratzen vers Sokolnitz, précédée par un bataillon du 7e de chasseurs à pied, suivi des régiments de Boutyrsk, de Galitch, de Narwa, de Podolie et d’Azoff.

Les vignobles, les canaux et les ravins retardaient la marche. Cependant, nos troupes étant parvenues à s’approcher d’une portée de canon de Sokolnitz, on s’aperçut que le château, près duquel passait la route, était occupé par les Français ; aussi ne put-on franchir le ruisseau qui couvrait Sokolntiz. Przibyszweski ordonna au général Müller d’attaquer le château, à la tête de deux bataillons du 7e régiment de chasseurs et du régiment de Galitch. Müller exécuta cet ordre avec succès, chassa l’ennemi du château, et lui prit deux pièces de canon ; mais il fut grièvement blessé, et remplacé par le général Stryck. Przibyszewski lui donna pour renfort le régiment de Boutyrsk, et lui ordonna d’attaquer les hauteurs sur lesquelles les Français, chassés du château, s’étaient retirés.

Les régiments de Podolie, d’Azoff et de Narwa, sous les ordres du lieutenant général Wimpfen, formaient la réserve de ce côté du ruisseau. Le compte Buxhoewden, attendant les succès de Langeron et de Przibyszewski, restait à Tellnitz, avec Doctouroff, en traitant avec l’ennemi, tandis que, sur les derrières des trois colonnes qui lui étaient confiées, un combat très acharné, près de Pratzen, venait de commencer.

(Mikhaïlowski-Danilewski. Campagne de 1805).

Les premières colonnes s’engagent dans le combat

Le 20 novembre (2 décembre) à 8 heures du matin, les trois premières colonnes quittèrent leurs bivouacs. Doctouroff s’avança vers Tellnitz ; à sa droite marchait Langeron ; Przibyszewski descendait en même temps de Pratzen vers Sokolnitz. Pendant ce mouvement combiné de nos trois premières colonnes, Napoléon se tenait en observation sur une hauteur, près de Schalapanitz, entouré de ses maréchaux, que, dès l’aube du jour, il avait mandés près de lui.

Le mouvement de nos troupes, favorisé par un brouillard assez épais, n’avait pas d’abord été aperçu ; mais lorsque le soleil eut éclairé la cime des montagnes, Napoléon vit avec joie que les hauteurs que nous occupions se dégarnissaient, et que nos colonnes, en les quittant, prenaient la direction la plus conforme aux dispositions qu’il avait prescrites dans son ordre du jour. Après s’être bien assuré de cette circonstance, il donna définitivement à ses maréchaux les ordres suivants :

  1. À Bernadotte et à Soult de s’emparer des hauteur de Pratzen, de couper notre armée en deux, et de commencer l’attaque au bout d’une demi-heure ; pendant le temps nécessaire à ses dispositions, l’armée alliée devait se trouver encore plus disséminée ;
  2. À la cavalerie de réserve de Murat, aux grenadier d’Oudinot et à la Garde impériale, sous les ordres de Bessières, de suivre Bernadotte et Soult ;
  3. À Davout et à Lannes d’agir sur les flancs, en conservant toutefois la défensive, jusqu’à ce que le succès fût assuré sur le centre.

La fumée des bivouacs et le brouillard ne nous permettaient pas de voir les troupes françaises, réunies dans la soirée par Napoléon de ce côté des défilés, et nous restions dans la ferme conviction que l’ennemi se tenait toujours à couvert derrière les lacs et les ruisseaux. Au petit matin, l’aile française se bat sans y voir grand-chose.

Cependant, le désordre régnait aussi chez l’ennemi, car un givre humide obscurcissait la vue, et permettait si peu de se reconnaître que les Française tiraient les uns sur les autres. Quand cette obscurité fut dissipée, ils commencèrent à sortir de Tellnitz, pour se porter sur nous ; mais ils furent repoussés par les hussards de Hesse-Hombourg, et le comte de Buxhoewden put s’emparer de nouveau de Tellnitz et s’y fixer. Telles furent les premières opérations de la colonne de Doctouroff.

(Mikhaïlovski-Danilewski. Campagne de 1805).

Stutterheim nous décrit la bataille autour de Sokolnitz :

Le mouvement offensif des Français dérangea l’attaque des Alliés, et dès lors leurs combinaisons cessèrent.

Nous avons laissé les deuxième et troisième colonnes dans Sokolnitz que la tête de cette dernière avait passé. Ces deux colonnes, comme on l’a vu, s’étaient croisées pendant le brouillard épais dont il a été fait mention ; elles étaient en désordre dans ce village où elles s’encombrèrent. Dans le même moment les Français, qui avaient combattu devant Tellnitz, se retirèrent sur Sokolnitz. Le général Legrand fit tourner fit tourner le village par le général Franceschi. Le centre des Alliés était alors déjà percé, et les Français sur les hauteurs de Pratzen. Les Russes dans et au-delà de Sokolnitz, voyant l’ennemi autour d’eau, se rendirent. Le commandant Przibyszewski et six mille hommes des deux colonnes furent faits prisonniers dans la vallée de Sokolnitz ; les deux colonnes perdirent toute leur artillerie.

Les débris de la deuxième colonne allèrent en désordre sur Aujezd et ce qui en resta formé vint se replier sur la première colonne.

… Alors déjà les Français, après leurs succès sur le centre, s’étaient étendus le long de la crête des hauteurs qu’avaient occupées les Alliés le matin, depuis Pratzen jusqu’à la Chapelle au-dessus d’Aujezd ; mais l’ennemi n’était encore qu’en petit nombre ; mais il était sans canon au-dessus de ce village. Si la première colonne des Alliés, renforcée par quelques bataillons de la deuxième, s’était portée en masse sur ces hauteurs et les eût attaquées ; si au lieu de passer un défilé dont l’ennemi occupait la hauteur, cette colonne avait chargé le flanc des Français, une défaite dans Aujezd, qui était facile à prévoir, eût été évitée. En marchant sur la hauteur d’Aujezd, la gauche des Alliés pouvait rétablir une chance en faveur de l’issue de la bataille.

Au moment où la colonne arriva dans Aujezd, les Français fondirent de la hauteur sur ce village où il y eut d’abord une fusillade très vive, mais courte, et ils s’emparèrent du village. C’était la division Vandamme.

(Stutterheim. La Bataille d’Austerlitz).

Bivouac à l'aube de la bataille d'Austerlitz. Peinture de Louis Francois Lejeune (1775-1848).
Bivouac à l’aube de la bataille d’Austerlitz. Peinture de Louis Francois Lejeune (1775-1848).

Laisser un commentaire