L’Île Saint-Barnabé
L’Île Saint-Barnabé fut nommée ainsi par Samuel de Champlain en 1603. Elle se trouve à moins de quatre kilomètres des rives du Saint-Laurent, face à la ville de Rimouski et fait partie de cette ville. Faisant face au noyau urbain, et accessible en cinq minutes par bateau pneumatique, l’île offre un point de vue exceptionnel sur la ville.
M. J.-C. Taché a décrit la situation géographique de l’île dans ces termes : «En face de la belle baie au fond de laquelle pose coquettement le village de Rimouski, entourée des plus beaux aspects qu’il soit possible d’imaginer, se voit l’Île Saint-Barnabé, délicieuse corbeille sise au sein des eaux du grand fleuve dans un endroit de son cours où un espace de douze lieues sépare les deux rives.»
Saint-Barnabé est le lieu de migration d’environ quatre-vingt espèces d’oiseaux et cette île constitue un élément très important de la ville de Rimouski aux niveaux touristique, environnemental et patrimonial. Elle est boisée de sapins, d’épinettes, de bouleaux. On y voit aussi des arbustes à petits fruits.
C’est une île de roches et de galets recouverts de varech multicolore, avec de belles agates et de savoureux biscorneaux (ou plutôt bigorneaux). Elle héberge des bernaches, des hérons, des outardes, des goélands, des cormorans et des canards. On y trouve plusieurs sentiers aménagés pour les visiteurs avides de nature.
L’île Saint-Barnabé a été bien connue des marins côtiers. Elle présentait deux havres sûrs et commodes contre les tempêtes et c’était un endroit de pêche du hareng, de la sardine, du capelan, de saumon de l’Atlantique et de chasse aux oiseaux de mer, loup-marin et du pourcil. Tout près des rivages de l’île couverts de coquillages et de goémons, on voyait surgir le gros dos noirs des gibards. L’hiver, alors qu’on pouvait se rendre à pied sur l’île pendant toute la saison, les gens de Rimouski, se plaisaient à y faire la chasse aux lièvres qui étaient légion, selon l’historien Damase Potvin.
En parlant de l’Île Saint-Barnabé, on ne peut oublier de rappeler le souvenir de l’Ermite de l’Île Saint-Barnabé. Ce personnage est à la fois une légende, l’histoire et à la tradition de l’île.
C’est en 1728 qu’un jeune homme âgé d’à peu près 25 ans, arrive à Saint-Germain de Rimouski, alors un simple hameau. Jamais il n’a répondu aux multiples questions qu’on lui a posées pour éclaircir le mystère de sa vie antérieure. Tout ce qu’on a pu savoir, c’est qu’il s’appelait Toussaint Cartier (et on ne sait pas si c’était son véritable nom).
À l’époque, la seigneurie de Rimouski appartenait à Pierre Lepage qui possédait également l’Île Saint-Barnabé. Le jeune étranger, pendant quelques jours, fut l’hôte du seigneur Lepage en son manoir. Un soir, au cours d’une promenade en compagnie de son hôte, le jeune homme s’arrêta subitement et contempla avec extase l’île Saint-Barnabé qu’irradiait le soleil couchant. Ensuite, il déclara à son hôte que c’est là désormais qu’il voulait vivre et mourir.
Pour faire une longue histoire courte, M. Toussaint Cartier fut soutenu dans son désir par le Père Ambroise Rouillard, missionnaire Récollet qui exerçait son apostolat dans ces parages et un contrat fut passé entre le propriétaire de Rimouski et le jeune homme. Il y vécut dans la solitude jusqu’au dernier jour de l’an 1767, quand il décéda et fut inhumé dans une petite chapelle à Rimouski.
Bon, certes, sa solitude fut interrompue en 1753, quand la frégate française Macrée, commandée par M. de Loubarat, fit naufrage sur l’île Gros Mécatina, située à deux milles de la Baie-des-Moutons dans la Basse-Côte-Nord. La plupart des membres de l’équipage du bâtiment périrent, mais l’ermite de Saint-Barnabé aperçut les survivants qui étaient demi-morts de fatigue, de froid et de faim. Il est allé les chercher sur le Gros Mécatina et les transporta sur son île à travers des glaces mouvantes. Au cours de cette opération pénible, quelques-uns moururent, mais M. Toussaint Cartier a sauvé les autres.
Au Québec, l’histoire de l’ermite de Saint-Barnabé fit l’objet de plusieurs romans d’épouvante et d’amourettes (selon la mode de l’époque), parfois, cette histoire fut ridiculement exploitée en pitoyables petits romans pour jeunes filles.
Aujourd’hui, un pneumatique de type zodiac fait la navette entre Rimouski et l’île Saint-Barnabé. L’embarquement se fait à la marina de Rimouski et le départ a lieu toutes les demi-heures, à l’aller comme au retour. Ce service est offert de la mi-juin au début septembre.
C’est un endroit idéal pour piqueniquer et toute quiétude, déambuler dans une nature presque vierge, observer des hérons et des phoques, et, si on est chanceux, croiser des orignaux en liberté. Il est possible de passer une nuit en camping sur l’île Saint-Barnabé, avec son propre équipement ou en utilisant les sites de « prêt-à-camper ».
Tourisme Bas-Saint-Laurent.
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