Artistes peintres canadiens d’autrefois
Le peintre Antoine Plamondon
J’allai, raconte M. Garneau, au cours de son voyage à Paris, faire visite à l’un des fidèles partisans de Charles X et de la restauration, M. Paulin Guérin, peintre éminent de France, à qui nous devons notre excellent artiste M. Plamondon.
Il me reçut très bien, me montra son atelier dans lequel se trouvaient des toiles d’un très grand mérite sorties de son pinceau. Il me parla avec intérêt de son élève ; mais il en avait fait un peintre trop parfait pour le Canada, car M. Plamondon a été depuis obligé d’abandonner ses chevalets pour l’agriculture.
Trop ami de la perfection, il donnait à ses œuvres un fini qui n’était pas apprécié et qui demandait trop de temps pour le prix qu’on lui en offrait. L’esprit commercial va trop loin en Amérique pour favoriser les beaux arts. De simples ébauches ont aux yeux de la multitude la valeur de morceaux achevés ; il faut seulement savoir les faire valoir. Le Canada n’avait pas encore reçu de peintres formés sous des maîtres de l’école française.
(Voyage en Angleterre et en France, 1831, 1832 et 1833. F.X. Garneau).

Le peintre Falardeau
Le grand duc de Toscane s’était rendu avec le duc de Parme dans l’atelier du peintre Falardeau à Florence, pour lui acheter quelqu’une de ses études. Une entre autres frappa le duc de Parme, la duchesse surtout, qui se prit de passion pour elle. C’était une petite fantaisie de la façon du peintre, représentant deux Cupidons qui se querellent pour une rose. Le due offrit un prix que Falardeau refusa ; puis il fut prié de faire son prix, ce qu’il refusa de même.
Mais voyant l’envie dont la duchesse brûlait pour son œuvre, il offrit galamment de lui en faire don, ce qui fut accepté. Peu après le duc lui remit de sa main, une épinglette en diamant d’un très grand prix et ajouta à ce cadeau princier le brevet de l’ordre de Saint-Louis.
(Panthéon Canadien. Maximilien Bibaud.)
Antoine-Sébastien Falardeau naquit au Cap Santé, prés de Québec en 1822. Il est mort à Florence en 1880. Il est célèbre surtout comme copiste des grands maîtres. Maximilien Bibaud, fils de l’historien Michel Bibaud est né en 1823.

Une reine achète les œuvres d’un Canadien
En 1910, la reine Wilhelmine, de Hollande, a acheté une nouvelle aquarelle de Charles P. Gruppe. C’est la troisième, de ce peintre, qu’elle place dans sa collection. M. Gruppe est né au Canada, de parents allemands. Voilà vingt ans, maintenant, qu’il vit en Hollande et il en a fait sa patrie d’adoption.
M. Gruppe est avant tout un paysagiste de l’école allemande moderne.
(The Montréal Star, novembre, 1910).
Le sculpteur Hill
Un jour que le maître sculpteur Frémiet, et l’auteur renommé de la statue de Jeanne d’Arc, visitait, à Paris, une usine de fondeur, il s’arrêta devant une statue représentant un cheval maîtrisé par son cavalier. Après avoir demandé quel était l’artiste qui avait exécuté ce travail, et avoir examiné le groupe attentivement, il répéta plusieurs fois: « c’est très bien, très bien ».
Le contremaître de l’usine qui était présent lui dit alors qu’il ferait sans doute grand plaisir à l’auteur, s’il voulait lui écrire cette, appréciation et Frémiet s’exécuta.
Le groupe en question, connu ici sous le nom de « Groupe Strathcona » orne maintenant le Square Dominion, et l’on considère que c’est le chefs-d’œuvre du sculpteur George Hill.
(Canadian Century, 1910. J. Mount).
M. Hill est né à Shipton, province de Québec. Il débuta chez son père, puis se rendit à Paris, en 1889. Il en revint en 1894, après avoir été admis à l’École des Beaux-Arts et avoir étudié sous Falguière. Le Canada lut doit plusieurs monuments.