Mosaïcultures de Montréal : L’arbre aux oiseaux
Œuvre réalisée par l’équipe de la Ville de Montréal et par Mosaïcultures Internationales de Montréal.
« Nous éliminons aujourd’hui plus de mille fois plus d’espèces qu’avant l’époque industrielle. Cette extinction massive, la sixième dans l’histoire de la Terre, l’humanité en est la cause. Elle pourrait en être la victime. » – Hubert Reeves. Ainsi, l’Arbre aux oiseaux a été l’œuvre icône des Mosaïculture. Elle a illustré le troisième sous-thème de la compétition : Les espèces et écosystèmes menacés de la planète. Dernièrement, l’extension a déjà décimé l’eider du Labrador, le dodo ou encore la tourte.
Les branches de cet arbre géant se sont métamorphosées en 56 espèces d’oiseaux alors que ses racines se changent en kakapo, connu aussi comme perroquet-hibou, le seul perroquet qui ne vole pas, ainsi qu’en six espèces de reptiles et batraciens. Au pied de l’arbre, tortue, salamandre, iguane, grenouille naissent des racines pour défier le danger qui les menace.
Toutes les espèces d’oiseaux, de reptiles et de batraciens représentés se trouvent parmi les plus menacées de la Terre selon la liste rouge de l’UICN. Par exemple, deux espèces représentent le Québec, soit le pic à tête rouge et le pluvier siffleur. Toutes les espèces menacées s’envolent de l’Arbre aux oiseaux, comme s’ils voulaient fuir l’extinction qui les menace.
D’une hauteur de 16 mètres, avec une cime dont le diamètre totalise 18 mètres, la réalisation de cette œuvre a posé d’importants défis à l’équipe de la Ville de Montréal, notamment au du choix des plantes, au niveau structural et à celui de l’entretien. Il a fallu plus de six ans à l’équipe de Mosaïcultures Internationales de Montréal pour développer et réaliser cette œuvre.
Planté au milieu d’un bassin, pour symboliser les mangroves du Sundarban, écosystèmes côtiers d’une grande richesse biologique gravement menacés, l’Arbre aux oiseaux représentera la nature sauvage que l’homme doit à tout prix préserver.
La structure a été calculée par les ingénieurs pour permettre au tronc et aux branches de supporter plusieurs tonnes en raison du poids des oiseaux installés en porte-à-faux, l’étendue de leurs ailes frôlant facilement 4 mètres.
Le choix des plantes s’est heurté aux couleurs disponibles pour représenter le plumage de chacun des oiseaux, particulièrement les oiseaux bleus, puisque cette couleur n’est pas disponible dans les plantes de mosaïculture. Il a également fallu utiliser des espèces et variétés de plantes supportant l’ombre qui prévaut sous chaque oiseau.
L’arbre est pourvu d’anneaux d’ancrage, auxquels les horticulteurs chargés de l’entretien pourront fixer sangles, longes ou cordes permettant d’accrocher leurs harnais au moyen de mousquetons. La structure pèse 100 tonnes et l’oiseau le plus lourd pèse trois tonnes. Cet oiseau le plus lourd est le vautour égyptien dont les ailes déployées mesurent près de 7 mètres. Notons que les oiseaux ont été réalisés en métal, notamment en aluminium pour en diminuer le poids.
Les horticulteurs chargés de l’entretien de l’Arbre aux Oiseaux ont suivi une formation spéciale en techniques d’escalade.
L’horticulteur en chef des MIM2013 a également fait développer et utiliser un substrat allégé pour la plantation des oiseaux. Ce substrat a été finalement utilisé pour toutes les œuvres de mosaïculture réalisées par l’équipe de MIM qui a utilisé, pour la première fois, le leptinella squalida et la selaginellea qui ont permis de solutionner les problèmes d’ombre et de certaines couleurs reliés au choix des plantes.
Voici quelques-uns des oiseaux qui se sont posés sur les branches de cet arbre majestueux :
Branche 1 :
Ara hyacinthe (Anodorhynchus hyacinthinus) : C’est le plus long de tous les perroquets et il vit en Amérique du Sud, principalement en Bolivie, au Brésil et au Paraguay. Il fait l’objet d’un important commerce illégal et d’une chasse intensive pour son plumage. La perte de son habitat met aussi l’espèce en péril.
Bernache à cou roux (Branta ruficollis) : On l’a classée, avec raison, parmi les plus belles oies du monde. Elle vit dans les Balkans, en Ukraine, sur le littoral de la mer Noire et dans plusieurs pays de l’ex-URSS, notamment. Les changements climatiques constituent sa principale menace.
Vautour percnoptère (Neophron percnopterus) : Ce vautour a la drôle de coiffure. Il est un migrateur, qui vit au sud de l’Europe, en Afrique et en Asie centrale. Plus petit que les autres vautours, il est menacé en raison notamment par les produits chimiques ingérés par les animaux et encore présents dans leur cadavre, dont il se nourrit.
Branche 2 :
Amazone de Porto Rico (Amazona vittata) : Voilà un oiseau rare. En fait, on estime sa population à moins de 300 individus. L’amazone a vu sa population décroître en raison de la disparition de son habitat : il ne lui reste plus en effet qu’une toute petite portion de l’île de Porto Rico où nicher.
Pic à bec ivoire (Campephilus principalis) : C’est le deuxième pic le plus grand du monde, mais sa taille ne l’empêche pas d’être très rare. Il y en a si peu, que l’on ignore le nombre d’individus qui restent – le dernier recensement date de 1987. Il était autrefois présent dans le sud des États-Unis et à Cuba.
Nette à cou rose (Rhodonessa caryophyllacea) : Ce drôle de canard à tête rose est pratiquement disparu de la planète. On l’a observé pour la dernière fois en 1949. On croit qu’il en subsiste peut-être quelques-uns dans des coins reculés du Bhoutan. On peut aussi le voir sur un timbre à son effigie, émis en Inde en 1994.
Conure à poitrine grise (Pyrrhura griseipectus) : Ce petit perroquet qui vit au nord-est du Brésil a beau peser à peine 100 g, il peut vivre jusqu’à 25 ans. Bien qu’il soit robuste, sa capture pour les volières et la déforestation ont fait considérablement chuter sa population.
Aigle de Java (Nisaetus bartelsi) : On ne peut pas dire que l’aigle de Java ait une tête bien sympathique! Cela ne l’a pas empêché de devenir l’oiseau emblème de l’Indonésie. Il aurait aussi inspiré les armoiries de ce pays, sur lesquelles figurent le mythique garuda, l’aigle divin.
Branche 3 :
Phodile de prigogine (Phodilus prigoginei) : Un joli petit hibou. Cette espèce vit surtout au Congo, mais on en aurait aussi répertorié au Burundi et au Rwanda. Très peu observé, il fait partie des oiseaux que la déforestation et l’agriculture ont mis en péril.
Brève de Gurney (Pitta gurneyi) : C’est le plus coloré de tous les oiseaux, mais aussi l’un des plus rares : il vit en Thaïlande et au Myanmar et il n’en resterait plus, à ce jour, que quelques centaines d’individus.
Pic à tête rouge (Melanerpes Erythrocephalus) : Avec sa jolie tête rouge, ce pic est un vrai bonheur pour les yeux. Il vit au Québec et en Ontario, au sud de la Saskatchewan et du Manitoba. Toutefois, la perte de son habitat – il niche dans les arbres morts – le rend de plus en plus rare.
Pénélope siffleuse (Pipile pipile) : Cet oiseau vit uniquement à Trinité et Tobago et fait partie de l’ordre des galliformes, qui comprend entre autres les dindes, les poules et les pintades. La destruction de son habitat et une chasse illégale intensive ont contribué à sa rareté.
Perruche à ventre orange (Neophema chrysogaster) : Il ne resterait plus qu’environ 300 oiseaux de cette espèce sur toute la planète, dont 150 en captivité. La perruche à ventre orange vit exclusivement en Tasmanie en été, pour migrer vers l’Australie en hiver.
Branche 4 :
Crabier blanc (Ardeola idae) : Ce petit héron au plumage élégant et au bec bleu vif vit en Afrique et ne mesure pas plus de 48 cm. La collecte de ses œufs et l’introduction de poissons qui entrent en compétition avec lui pour la même nourriture sont en partie responsables de son déclin.
Perruche d’Ouvéa (Eunymphicus uvaeensis) : Avec ses belles couleurs vives, la perruche d’Ouvéa est un oiseau très convoité pour les volières. Il vit en Nouvelle-Calédonie et la capture illégale intensive dont il fait l’objet, ajouté à la perte de son habitat et à ses nombreux prédateurs, en a réduit considérablement la population.
Grèbe mitré (Podiceps gallardoi) : Il vit surtout en Patagonie, mais aussi en Argentine et dans certaines régions du Chili. Les changements climatiques le menacent de même que son plus grand prédateur, le goéland dominicain. La famille des grèbes, dont il fait partie, est proche parente de celle de nos huards.
Buse de Ridgway (Buteo ridgwayi) : Cette buse qui peut mesurer jusqu’à 45 cm vit exclusivement en République dominicaine; elle serait complètement disparue d’Haïti. On en retrouve un autre dans un haut lieu du tourisme d’aventure : le parc national Los Haitises. L’activité humaine, notamment la chasse et l’agriculture, est sa principale menace.
Calao de Walden (Aceros waldeni) : Il est tout simplement spectaculaire : ce calao, qui vit aux Philippines, peut mesurer jusqu’à 60 cm et fait malheureusement l’objet d’une capture intensive du fait de sa grande beauté. La déforestation et la destruction des nids sont parmi les menaces les plus importantes pour l’espèce.
Albatros des Galapagos (Phoebastria irrorata) : Ce grand albatros est un capricieux : il niche exclusivement sur l’île d’Española, dans l’archipel des Galapagos. Heureusement, car cette île fait partie d’un parc national où il est rigoureusement protégé. Il est toutefois menacé par une chasse illégale intensive, car ses plumes sont très recherchées.
Branche 5 :
Ara de Buffon (Ara ambiguus) : Ce beau perroquet peut mesurer 90 cm et vit au Honduras, au Panama, en Équateur et au Costa Rica, où l’on a mis sur pied dans un zoo un projet d’élevage pour sauver l’espèce. Il fait l’objet d’une chasse illégale pour sa chair et ses plumes.
Cigogne orientale (Ciconia boyciana) : Elle est grande, très grande! La cigogne orientale peut avoir jusqu’à 2,2 m d’envergure. Elle vit en Chine, à Taïwan, à Hong Kong, en Corée et au Japon. La surpêche, l’assèchement des marais pour l’agriculture, la construction de barrages et la déforestation sont ses principales menaces.
Caïque de Fuertes (Hapalopsittaca fuertesi) : L’habitat de cet oiseau est très limité, et s’étend sur le côté ouest des Andes centrales, en Colombie. Il n’y aurait plus à l’heure actuelle qu’un maximum de 250 individus et les efforts de conservation de l’espèce sont importants. La déforestation est la principale responsable de son déclin.
Martin-chasseur des Gambier (Todiramphus gambieri) : Ce petit oiseau coloré habite la Polynésie française et niche dans les cocotiers morts. Son habitat est plus restreint en raison de l’activité humaine. La compétition avec d’autres espèces pour sa nourriture et les prédateurs de ses petits, dont le chat domestique, sont parmi ses principales menaces.
Étourneau de Rothschild (Leucopsar rothschildi) : Quelle élégance! On dirait qu’il porte un masque! Cet étourneau de l’Indonésie fait l’objet d’une capture intensive, car il est très prisé des amateurs d’oiseaux en cage. Cette chasse illégale se poursuit même si l’espèce est protégée et confinée au parc national de West Bali.
Branche 6 :
Calao de Narcondam (Aceros narcondami) : Il ne resterait plus que 350 spécimens de ce grand oiseau qui vit au large de la Thaïlande, sur la petite île de Narcondam, à qui il doit son nom. Moins de 350 individus ont été répertoriés; l’oiseau est donc très sensible aux changements dans son habitat et à la présence de prédateurs (animaux domestiques).
Érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala) : Ce canard vit surtout sans le sud de l’Europe ainsi qu’au Kazakhstan, en Russie et en Mongolie. Il est menacé par la pollution, les filets de pêche où il est capturé accidentellement, la chasse et la perte de son habitat, l’hybridation et la compétition avec d’autres canards pour son alimentation.
Condor de Californie (Gymnogyps californianus) : On déploie des efforts considérables pour préserver l’espèce, dont on ne compte plus que quelques centaines d’individus. La principale cause de son déclin, amorcé il y a plusieurs décennies, est l’agriculture et l’intoxication au plomb contenu dans les munitions de chasse, puisque ce charognard se nourrit de carcasses abandonnées.
Gallicolombe de Negros (Gallicolumba keayi) : Cousine exotique de la colombe, la Gallicolombe de Negros vit dans l’île du même nom ainsi que dans l’île de Panay, dans les Visayas, aux Philippines. La déforestation est la principale responsable du déclin de l’espèce, dont on ne compte plus aujourd’hui que moins de 300 individus.
Pie-grièche de Sao Tome (Lanius newtoni) : Son plumage fait un peu penser à celui de nos mésanges, mais elle est beaucoup plus grande, et peut facilement mesurer 20 cm. Comme son nom l’indique, elle vit uniquement sur l’île de Sao Tomé. La déforestation en raison de l’agriculture (cacao, café) constitue sa principale menace.
Aigle de Florès (Nisaetus floris) : Cet élégant rapace d’Indonésie est heureusement protégé, notamment au parc national Rinjani, sur l’île de Lombok. Mais cela n’empêche pas sa population de poursuivre son déclin, notamment en raison de la dégradation de son habitat. À défaut de pouvoir l’observer, on peut le voir sur un timbre émis par l’Indonésie en 2012.
Branche 7 :
Conure soleil (Aratinga solstitialis) : Ce splendide oiseau de 30 cm environ est parmi les oiseaux les plus appréciés dans les volières. À l’état sauvage, il vit au Brésil et en Guyane, principalement. Il est menacé par la capture intensive et la par le rétrécissement constant de son habitat en raison de la déforestation.
Milan de Forbes (Leptodon forbesi) : Il ne resterait plus que 21 couples de ce grand oiseau, qui peut mesurer jusqu’à 50 cm. Il a besoin de très grands arbres pour construire son nid, mais son habitat naturel, sur la côte Atlantique du Brésil, n’en comporte presque plus, en raison de la déforestation accélérée.
Perruche de Latham (Lathamus discolor) : Comme le koala, la perruche de Latham adore les forêts d’eucalyptus de la Tasmanie, où elle habite. Longiligne et élancée, elle se nourrit de pollen et du nectar des fleurs d’eucalyptus. Toutefois, ces sources d’alimentation, comme son habitat, se raréfient en raison du développement domiciliaire, de l’agriculture et de l’activité humaine.
Voici la liste complète des espèces qu’on peut observer sur l’arbre et autour de son tronc :
Strigops habroptila Kakapo ou strigops kakapo
Amazona oratrix Amazone à tête jaune
Ara ambiguus Ara de Buffon
Centrocercus minimus Tétras du Gunnison
Oreophasis derbianus Oréophase cornu
Starnoenas cyanocephala Colombe à tête bleue
Aceros narcondami ou Rhyticeros narcondami Calao de Narcondam
Anodorhynchus hyacinthinu Ara hyacinthe
Aratinga solstitialis Conure soleil
Ardeola idae Crabier blanc
Branta ruficollis Bernache à cou roux
Ciconia boyciana Cigogne orientale
Eos histrio Lori arlequin
Eunymphicus uvaeensis Perruche d’Ouvéa
Grus japonensis Grue du Japon
Guaruba guarouba Conure dorée
Leptoptilos dubius Marabout argala
Mergus squamatus Harle de Chine
Neophron percnopterus Vautour percnoptère
Otus ireneae Petit-duc d’Irène
Oxyura leucocephala Érismature à tête blanche
Pavo muticus Paon spicifère
Phodilus prigoginei Phodile de Prigogine
Pipile jacutinga Pénélope à front noir
Pitta gurneyi Brève de Gurney
Podiceps gallardoi Grèbe mitré
Buteo ridgwayi Buse de Ridgway
Melanerpes erythrocephalus Pic à tête rouge
Charadrius melodus Pluvier siffleur
Amazona vittata Amazone de Porto Rico
Campephilus principalis Pic à bec ivoire
Gymnogyps californianus Condor de Californie
Pipile pipile Pénélope siffleuse
Aceros waldeni Calao de Walden
Ara glaucogularis Ara canindé
Cacatua sulphurea Cacatoès soufré
Celeus obrieni Pic d’O’Brien
Claravis godefrida Colombe de Geoffroy
Cyanopsitta spixii Ara de Spix
Gallicolumba keayi Gallicolombe de Negros
Geronticus eremita Ibis chauve
Gyps indicus Vautour indien
Hapalopsittaca fuertesi Caïque de Fuertes
Heteroglaux blewitti Chevêche forestière
Lanius newtoni Pie-grièche de Sao Tomé
Leptodon forbesi Milan de Forbes
Neophema chrysogaster Perruche à ventre orange
Nisaetus floris Aigle de Florès
Phoebastria irrorata Albatros des Galapagos
Rhodonessa caryophyllacea Nette à cou rose
Todiramphus gambieri Martin-chasseur des Gambier
Pyrrhura griseipectus Conure à poitrine grise
Ara rubrogenys Ara de Lafresnaye
Lathamus discolor Perruche de Latham
Leucopsar rothschildi Étourneau de Rothschild
Nisaetus bartelsi Aigle de Java