Robert Surcouf

Biographie de Robert Surcouf

(brouillon, matériaux) 

Pour le 450e anniversaire de la traversée de Jacques Cartier, le Gouvernement de Québec a organisé les festivités à Saint-Malo en mai 1984.

A Saint-Malo, neuf mâts ont été installés autour de la statue de Robert Surcouf  avec le drapeau historique.

Au Québec les festivités se sont déroulées selon la chronologie de l’arrivée de Jacques Cartier : d’abord à Gaspée, puis à Québec, à Gatineau et enfin, à Montréal.

Le corsaire ou les exploits de Surcouf (article paru en mai 1898 dans le journal Le Sorelois

Ce type avait disparu. Peut-être, verra-t-on renaître si l’Espagne se décide à accorder des lettres de marque. Les aventuriers de tous les pays lui offriront leurs services et les mers seront écumées par les oiseaux de proie qui renouvelleront les exploits des Barberousse, des Paul Jones, des Surcouf. Je m’amusais à relire, dans un vieux volume, la biographie de ce dernier, qui fut un des hommes les plus extraordinaires de son temps. J’y ai goûté un vif plaisir ; il n’y à pas, je pense de roman qui égale pour la variété des péripéties, cette histoire véridique : elle dépasse tout ce qu’a inventé l’imagination de Dumas père. Surcouf était un de ces êtres créés tout exprès par la nature pour conquérir et dominer.

Dans une sphère moins étendue, il accomplit une œuvre équivalente à celle de Napoléon. Ils appartenaient tous deux à la même race et avaient l’un pour l’autre une mutuelle admiration. Napoléon créa Surcouf baron de l’empire. Et Surcouf défendit Napoléon au retour de l’Île d’Elbe, Une commune passion les rapprochait : la haine de l’Angleterre. On peut dire que Surcouf but ce sentiment avec le lait de sa mère. Celle ci lui contait, pour l’endormir, des légendes fabuleuses où les Anglais n’avaient jamais le beau rôle. Elle les tenait du ses parents, qui avaient servi sous les ordres de Dupleix et avaient rapporté de leurs campagnes de terribles rancunes contre la « perfide Albion. »

Surcouf prit le résolution de suivre leur exemple. Il n’avait pas treize ans qu’il demandait à s’embarquer. On lui permit, par manière d’amusement, de faire le tour du monde. Il manqua de se noyer à la hauteur des tropiques et eut un duel sanglant, au sabre, avec un officier dont le nez lui déplaisait. Quant il revint, c’était an marin accompli. Mais, il entendait être le maître à son bord et n’obéir à personne qu’à lui-même. Un armateur fit construire un léger navire, excellent marcheur, que défendaient quarante nantuis et malouins ; il proposa à Surcouf qui était encore un adolescent, d’en prendre le commandant. Les hostilités venaient d’éclater entre la France et la Grande-Bretagne. Surcouf pouvait, tout à la fois, être utile à la patrie, assurer sa fortune et assouvir son ressentiment. Il leva l’ancre, ouvrit ses voiles à la brise et se dirigea vers les mers des Indes.

Alors, commence cette série de coups d’audace dont l’entendement reste confondu. Surcouf déploie, sur son petit bateau, autant de génie qu’il en faut à Bonaparte pour conduire son armée à travers l’Europe. Quelle existence ! Le corsaire est toujours sur le qui-vive. Un gabier, juché en haut des vergues, annonce les voiles eu vue. Si c’est un vaisseau marchand, on l’attaque ; si c’est un vaisseau de guerre on fuit devant lui. Le capitaine braquant sa longuette sur l’horizon, considère l’ennemi. Ses hommes attendent, nerveux, la décision qu’il va prendre. « Au large! » dit-il. Et l’on court à la manœuvre. Et l’on s’échappe au plus vite. Ou bien, il crie : « Branle-bas de combat ! » Et chacun de saisir ses pistolets, de charger les canons et les gargousses, d’amener des barils de poudre sur le pont.

On se dirige vers l’Anglais. Ou lui intime l’ordre d’amener son pavillon, Souvent, il cède à cette injonction. S’il résiste, on se prépare à l’assaut. On échange des bordées. On se jette des grenades qui éclatent en mitrailles et sèment autour d’elles le carnage. Les deux navires s’approchent, leurs vergues s’enchevêtrent avec d’horribles grincements. Ou croit que les coques meurtries vont s’entrouvrir. Pourtant Surcouf garde, au sein de la mêlée, un étonnant sang-froid. Quand le moment est venu, il jette le suprême commandement: « À l’abordage! Aussitôt, quarante ou cinquante démons bondissent, s’accrochent aux mats, aux cordages, s’avancent sur des ponte fragiles qui plient sous leur poids.

Les voilà au milieu de la fournaise. On se prend corps à corps on s’assomme à coupe de hache, le sang ruisselle. Pas do quartier ! Il s’agit de tuer le chef, car les matelots ne résistent plus lorsqu’ils sont privés de direction, Surcouf ne s’en remet à quiconque de ce soin. Il saisit son excellent fusil qu’il à baptisé le « foudroyant » et qui mérite son nom. Il suit de l’œil, au milieu de la fumée, l’uniforme du capitaine et lui dépêche un biscaïen qui le couche à terre. Au même instant, ses loups cerviers achèvent leur besogne, le pavillon britannique est arraché. Le capture est faite. Le corsaire à remporté une nouvelle victoire.

**

La plus mémorable qui soit à l’actif de Surcouf et qui établit toute sa réputation fut la prise du « Kent». Sur son fin voilier, la « Confiance », il croise vers les bras du Bengale… Un matin du mois d’octobre 1800 la vigie signale un bâtiment qui arrive par le bessoir de bâbord. Très gros ! La prudence exigeait que l’on évitât cette rencontre. Mais Surcouf était ce jour-là d’humeur belliqueuse ; puis il avait remarque chez ses hommes quelques velléités d’indiscipline, et il pensait qu’une diversion violente leur serait avantageuse. – Laisse arriver, mets le cap dessus ! dit-il au contre-maître…

Un hourra infernal répond à cet ordre. Surcouf fait amener un baril de rhum qu’il défonce ; il verse une abondante rasade aux marins et les harangue : – Enfants, voici un beau vaisseau que le ciel voue envoie. Avant peu d’heures, il sera à nous, je vous le promets. L’affaire sera chaude, car son artillerie est plus puissante que la notre, et son équipage plus nombreux. Mais chacun de vous vaut bien trois Anglais, je pense ? – Oui! Oui! Hurlent les hommes en chœur.

Pour prix de l’assaut que vous allez livrer, je vous accorde une heure du pillage sur tout ce qui ne sera pas de lu cargaison.

Cependant les passagers du « Kent », se reposant sur la taille de leur navire, regardent ce mirmidon qui ose montrer des intentions menaçantes. L’issue du combat, s’il s’engage, ne saurait être douteuse. Le brave capitaine Revington achève da les rassurer par sa mâle attitude. « Mylords et vous, mesdames, je vous invite à assister à la prise d’un corsaire français où à le voir couler, s’il refuse de se rendre. » À peine a-t-il achevé son discours qu’il reçoit de la « Confiance » une décharge meurtrière ; il y réplique aussitôt, mais la « Confiance » protégée par sa petitesse même contre les boulets qui passent au-dessus d’elle sans l’atteindre, tandis que le « Kent » offre aux Français une large cible. Nos grenades y pénètrent. Une brèche est pratiquée. Cent malouins l’escaladent et se mesurent avec les six cents matelots de Revington. Surcouf est à leur tête. Il est invulnérable ; les projectiles sèment la mort autour de lui sans l’effleurer. Il semble qu’une divinité le protège. Il s’empare d’un canon, le charge jusqu’à la gueule, le retourne contre les Anglais qui se trouvent ainsi foudroyés par leurs propres projectiles. Au bout de trois quarts d’heure, la bataille est achevée et le « Kent » nous appartient…

« Je vous ai promis une heure de pillage, dit Surcouf. Allez, mais braves! Mais défense du manquer de respect aux dames. Souvenez-vous que le Français pratique la galanterie! »… Ce que devaient être ces scènes de brigandage, on le divine ! Malgré les recommandations du capitaine, il est probable que la pudeur des passagères fut fort peu ménagée. Et, d’ailleurs, si grand était leur effroi qu’elles perdaient connaissance et ne cherchaient pas à se défendre contre les fâcheux traitements qui leur étaient ménagés. Le lendemain, Surcouf ramenait sa superbe prise à l’Île-de-France. La population entière de Port-Louis saluait de vivats enthousiastes les deux navires qui naviguaient de compagnie, le pygmée et le colosse, le vainqueur et le vaincu. Quant au jeune corsaire, je vous laisse à penser quelles œillades lui lançaient les jolies créoles !

Ou peut évaluer à douze millions de francs le chiffre des prises que le Surcouf préleva sur les Anglais durant 15 années de campagne. Il en garda la meilleure part pour lui et les armateurs qui l’avaient équipé. Le reste fut abandonné à ses compagnons. Il les traitait généreusement ; et leurs vies étant exposées à mille dangers, il voulait qu’elles furent larges et agréables. Lorsqu’il les apercevait, en quelque ville, attablés au cabaret, il ne manquait pas de leur jeter sa bourse toujours pleine d’or. Ils le craignaient comme le feu, et ils l’adoraient. Ils admiraient su rapidité de décision qui les avait si souvent tirés du péril et répétaient ses bons mots. Cet étonnant personnage avait la langue aussi prompte que la main, et se n’est pus peu dire !

Un Anglais qu’il avait capturé lui reprochait sa rapacité en alléguant que ses compatriotes se battaient pour la gloire, à l’encontre des Français qui re battaient pour ramasser de l’argent.. » Cela prouve, dit Surcouf, que noue combattons chacun pour acquérir ce qui nous manque !

Quand la course fut abolie en 1856, on pourrait en avoir fini avec ces mœurs, Elles sont à la veille do reparaître. Si l’Océan doit retenir du tracas de la canonnade et de la clameur des mourants et des blessés, nous souhaitons gue les corsaires, qui le sillonnèrent en tous sens, aient lu loyauté et la noblesse d’âme de Surcouf !

Adolphe Baisson.

(Mai 1898).

Voir aussi :

surcouf saint malo
Monument à Robert Surcouf dans la ville de Saint-Malo. Photo de GrandQuebec.com.
Le sous-marine
Le sous-marin « Surcouf », peinture de Gregzorz Nawrocki. Image libre de droit.

Laisser un commentaire