La Presse Canadienne – 16 septembre 2008
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Le pont Champlain, le plus achalandé du Canada, montre des signes inquiétants de dégradation.
Selon des études dévoilées par la télévision de Radio-Canada lundi, la structure, qui relie la rive sud du Saint-Laurent à l’île de Montréal, recèle des éléments dans un état critique, ce qui soulève des doutes quant à sa sécurité, contrairement aux assurances fournies par les autorités fédérales responsables.
En 2006, à la suite de l’effondrement du viaduc de la Concorde à Laval, le ministre fédéral Lawrence Cannon avait affirmé que les infrastructures telles que le pont Champlain étaient examinées régulièrement.
Au même moment, la société de génie Génivar recommandait, dans une étude, le remplacement du pont Champlain par une nouvelle structure, en soulignant qu’une décision rapide devait être prise.
Puis, en 2007, une autre étude, celle-là de la société Dessau, soutenait que certains éléments du pont étaient dans un état «critique à médiocre».
Enfin, un troisième rapport, réalisé récemment par Oxand, soulèverait même des doutes sur la sécurité de l’ouvrage. Des éléments seraient dans un état critique très élevé, notamment certaines poutres, selon les sources de Radio-Canada.
Il serait par ailleurs difficile pour les professionnels d’attester la sécurité du pont, en raison de son état de corrosion. Le rapport insiste sur l’urgence des travaux à effectuer.
Le directeur général des Ponts Jacques-Cartier et Champlain, Glen Carlin, a assuré que le pont était sécuritaire. La présence d’éléments à risque ne signifie pas qu’il y a un danger, a-t-il maintenu en entrevue. Il a expliqué que le pont était soumis à une inspection annuelle et que des capteurs recueillaient quotidiennement des données.
L’organisme a confirmé la présence d’un trou de trois pieds dans une poutre, mais a défendu sa décision de ne pas fermer en conséquence une des voies du pont, contrairement à l’opinion d’un ingénieur.
L’organisme demandera néanmoins au fédéral 200 millions $ sur 10 ans en vue de la réfection du pont Champlain. Un programme d’investissements sera mis en place en 2009.
Chaque année, pas moins de 57 millions de véhicules empruntent le pont Champlain.
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Bruno Bisson
La Presse
L’Agence métropolitaine de transport (AMT) devra payer près de 3,6 millions de dollars au Canadien National (CN) pour les droits de passage d’un train de banlieue qui n’a jamais existé.
Conformément à une décision arbitrale rendue en avril dernier dans le cadre d’un litige contractuel, l’AMT devra payer les droits d’accès qu’elle avait réservés pour un cinquième départ quotidien du train de banlieue de Mont-Saint-Hilaire, même si ce service n’a jamais été offert.
Cette obligation découle d’un contrat signé en 2000, qui devait débuter en 2002 mais dont l’entrée en vigueur a été reportée en 2005 parce que l’AMT ne disposait pas du matériel roulant nécessaire pour offrir le cinquième départ.
Début 2006, le CN a toutefois signifié un avis de défaut et de différend à l’AMT, ce qui déclenche automatiquement le processus d’arbitrage commercial. Le CN prétendait que, à l’expiration du dernier contrat temporaire, le 11 octobre 2005, le contrat permanent signé en 2000 entrait en vigueur.
L’AMT s’est opposée à cette façon de voir. La Cour supérieure a toutefois rejeté ses objections et renvoyé les deux parties à l’arbitrage, en août 2006.
Selon l’AMT, ce n’est qu’en avril dernier, soit plus d’un an et demi après la décision de la Cour supérieure du Québec, qu’un arbitre a conclu que le contrat signé en 2000 était bel et bien en vigueur depuis le 11 octobre 2005.
Depuis cette date, l’AMT paie donc au CN des droits d’accès pour cinq départs – et cinq retours – quotidiens du train de Mont-Saint-Hilaire.
Selon les données que l’AMT a fournies à La Presse, les droits d’accès pour ce cinquième départ s’élèvent à environ 1,2 million par année depuis octobre 2005, soit une moyenne de 100 000 $ par mois.
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Louise Lemieux
Le Soleil
Québec
Sophie Bouchard, 20 ans, arbore fièrement ses piercings et son collier de cuir à piques. Pour l’occasion, elle a aussi enfilé ses collants épais de léopard, sa minijupe — propre précise-t-elle — et sa ceinture cloutée.
L’occasion, c’est le dévoilement des neuf derniers vitraux historiques, au terminal du port de Québec.
La nuit, Sophie Bouchard revêt son sage uniforme de préposée aux malades. C’est son métier depuis qu’elle a quitté la rue. «Et j’enlève mes piercings quand je travaille», précise-t-elle.
Sophie Bouchard a vécu longtemps dans la rue. «Mais je ne me voyais pas vieillir dans la rue. J’étais tannée de vivre à 10 jeunes plus cinq chiens dans un 5 1/2 avec des voisins qui chialent tout le temps… J’étais écœurée de cette vie-là. Il fallait qu’ils se passe quelque chose», raconte-t-elle.
Elle a abouti à la Maison Dauphine. Y a terminé son secondaire. Et comme 13 autres jeunes de la Maison, a participé à la réalisation des 17 vitraux. «Participer au projet m’a habituée à être chaque jour au même endroit, à tenir mes promesses. Après, j’ai réussi mon DEP (diplôme d’études professionnelles) de préposée aux bénéficiaires», raconte-t-elle.
Aujourd’hui, elle vit en appartement avec son amoureux. «On se fait une petite vie», dit-elle. Mais elle l’avoue, «par bouttes», la rue lui manque. «La rue, c’est la liberté absolue, c’est aller à Trois-Rivières sur le coup de l’impulsion. Ça me manque un peu», avoue la jeune femme.
Hier matin, Sophie Bouchard était pourtant fière de revoir les vitraux sur lesquels elle a trimé dur, dans la première phase du projet. Maintenant, le travail est complété. Les 17 vitraux représentent chacun un personnage historique lié à la ville de Québec. Ils ont tous été fabriqués par 13 jeunes, dans le jubé de la chapelle de la Maison Dauphine. L’effet des vitraux dans le terminal est saisissant.
L’artiste verrier Jean Beaulieu, de Trois-Rivières, a supervisé le travail. «Ces jeunes ont du talent et de la persévérance. Ils ont fait une bonne job. Quand on connaît le vitrail, c’est un exploit, ce qu’ils ont fait», a déclaré l’artiste, hier.
Cinq des 13 jeunes artistes de la rue étaient présents au dévoilement des neuf dernières pièces, hier. Avec leurs bottes lacées, leurs cheveux verts et rouges, leurs piercings et leurs tatouages, ils tranchaient sur les autres invités.