Soleil pleurant
Au début du mois de juin 2007, une exposition de dessins d’enfants se tiendra à Montréal. Les auteurs de ces œuvres sont des enfants, ayant survécus au cauchemar de Beslan, en Russie. Par le simple langage des dessins, ils illustrent tout ce qu’ils ont vécu, en passant par la paix et l’horreur, l’amitié et les pertes, la vie et la mort. Ces chefs-d’œuvre d’enfants sont vraiment uniques.
Pour moi, même que je suis adulte, il est difficile de décrire ce qui s’est passé à Beslan. Difficile de trouver des mots parce que le mal qui comme toujours entre soudainement dans la vie brûle l’esprit et le cœur, malgré le fait que je suis un étranger… Je me demande : « Peut-on rester indifférent après tout ça ? ». Ce sont nous, les humains qui le font et ça arrive à nous. Beslan peut se produire avec tous et chacun, n’importe où. C’est pourquoi, quand il y a autant de souffrance, il est difficile de trouver les mots justes. Les enfants ne sont pas habitués d’exprimer leurs sentiments par les mots. Ils préfèrent dessiner et montrer leurs dessins à nous, les adultes, responsables de ce monde inhumain.
Les vies et destins de ces jeunes peintres en herbe sont chamboulés à tout jamais par ce mois de septembre saignant. Chacun le comprendra des qu’il verra ces dessins la première fois. Sur l’un d’eux un petit garçon pleurant tombe à genoux, il supplie : « Mères, n’allez pas à l’école! Vivez ! C’est un dessin de (nom du garçon), qui pendant la fusillade protégeait sa sœur cadette, et leur mère n’a pas pu survivre parce qu’elle l’a protégé lui-même.
Chaque dessin représente une histoire réelle. Un élève dessina son enseignant, accompagné de tous les élèves qu’il avait sauvés. L’auteur d’un autre dessin illustra tous ses compagnons de classe qui n’iront plus jamais à l’école. « Sans vous, nous n’irons pas à l’école !» annonce-t-il. Et là, l’école No 1est dessinée aussi. Entière et belle.
Les enfants dessinent de la manière qu’ils sentent et voient. Leurs dessins sont vifs et ouverts. Devant mes yeux il y a ces scènes obscures dans l’école, et sur les dessins, malgré tout le vécu, on voit beaucoup de couleurs différents et ensoleillées.
Comment effrayant doit être le temps quand les enfants rêvent à la paix. Pour eux, cette dernière est beaucoup plus importante que pour les politiciens qui sont responsables de leurs vies.
Un des dessins illustre un soleil en train de pleurer. « Je veux regarder tout le monde avec des yeux gentils! Je veux vous serrer dans mes mains! Je vous aime tous!».
L’exposition à Montréal suivra la Journée internationale de la défense des enfants, qui se tient chaque année par l’initiative de l’ONU au début du mois de juin.
Cette exposition sera présentée pendant deux semaines au centre-ville et ensuite elle se promènera pendant une semaine dans des écoles de Montréal.
Les organisateurs de l’exposition sont des organismes communautaires russophones (Le Congres des communautés russophones du Québec : La Maison russe, La Société « Bakinets », l’Association « Svetoch », le Centre de l’Asie Centrale, Entraide-progress), le groupe « Hope For Beslan », l’Association des enseignants de l’école No 1 de Beslan.
Ceux qui voudront s’impliquer dans ce projet ou simplement faire un don pourront appeler au : 514-528-4369.
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