Un nirvana à la limite du Waterloo : Gothics

UN NIRVANA À LA LIMITE DU WATERLOO : GOTHICS…

Mont Gothics : Par Charles Bertrand

À l’occasion, une bonne leçon d’humilité assagit son homme…

Dans les Adirondacks, j’ai expérimenté la mienne lors de l’ascension du mont Gothics effectuée avec un groupe de randonnée, un jour de novembre.

Gothics fait partie d’une série de sommets donnant sur l’Ausable Lake (plus précisément, les Lower et Upper Ausable Lakes), sommets qui offrent des vues vertigineuses et qui s’avèrent presque tous extrêmement exigeants : c’est le cœur des High Peaks, le centre de la spirale.

Ce niveau de difficulté ne vient pas tant de la distance à parcourir que du dénivelé, des plus abrupts. Ce sont des montagnes pour randonneurs avertis, absolument pas pour les débutants, et pour prouver à la guide, dans l’autobus nous conduisant, que je n’en n’étais plus un, débutant, que je pouvais bel et bien faire Gothics, j’avais argué mon excursion de dix heures dans Giant, me cataloguant et me rangeant spontanément parmi les « vites », étant persuadé de pouvoir suivre sans problème…

Fatale erreur !

Et dont voici la cause…

La piste de Gothics proprement dite ne commence qu’au bout d’un chemin de terre privé auquel l’on accède par un terrain de golf (celui que l’on voit du haut de Giant), chemin dont il faut savoir respecter l’environnement par égard au propriétaire qui en accorde l’accès, et qui monte légèrement pendant environ une demi-heure.

Cinq minutes après que nous l’ayons entamé, le groupe s’est divisé en trois et je me suis acharné à me maintenir parmi les premiers du cortège. Ces « vites » furent surnommés « les comètes de montagne » par les autres membres du groupe, et j’ai à peu près réussi à arriver en même temps que ces comètes au croisement du chemin et de la piste.

Mais, on l’aura peut-être deviné, le sort en était alors jeté : j’avais brûlé ma mécanique, je ne pouvais plus « pomper l’huile », il ne m’en restait plus !

L’ascension comme telle fut ainsi un léger cauchemar… Je me suis souvent retrouvé à bout de souffle, et ensuite aux prises avec des crampes à l’aine et aux mollets ; et pour la première fois, j’ai atteint le faîte d’une montagne à tous petits pas, en traînant littéralement des pieds…

Quand j’examine les photos de mon ahurissante personne captée en haut de Gothics, je conclus que cette sacrée montagne porte bien son nom : j’avais vraiment un langage facial « gothique » !

*

Cela dit, quel hallucinant paysage offre ce sommet, en particulier du côté opposé à la piste !

On dit que les Adirondacks ont été créées par la fonte de glaciers ; pour ma part, mon premier réflexe, arrivé au sommet de Gothics, fut plutôt d’imaginer la chute d’une série de météorites qui auraient fait exploser la terre et la pierre, les retroussant comme les pétales d’un bouquet de fleurs gigantesques.

Par après, en redescendant et en réfléchissant à mon ascension, j’aurai posé deux questions à Rachel, la guide qui m’avait presque remorqué jusqu’en haut, et la première de ces questions se disait comme suit…

– « Ai-je, ne serait-ce qu’un seul instant, cessé de paraître content de me trouver là ? »…

Bon, d’accord, disons que sur la photo, un subliminal doute transparaît sans doute sur mon visage ! Par contre, si l’on porte attention au paysage en arrière-plan, l’on comprendra aisément que l’on peut tout de même avoir raison d’être heureux de se retrouver là peu importe notre état !

Quoi qu’il en soit, lors de ce retour, la guide et moi avons demandé à un vieux routier des Adirondacks qui nous accompagnait si, après Gothics et en fin de trentaine, j’avais les capacités, surtout mentales aurait-on dit désormais, de grimper les autres sommets de plus de 4 000 pieds…

Le mont Marcy par exemple…

– GOTHICS : INFOS PRATIQUES –

– On aimera… –

La première partie de la randonnée sur un chemin de terre qui monte peu, la présence de nombreux cours d’eau et d’une spectaculaire chute, un certain nombre de plats très appréciés, l’hallucinante vision des High Peaks à partir du sommet.

– On aimera un peu moins… –

Un début de piste pédestre (après le chemin de terre battue) assez abrupt voire intimidant. Un tracé très exigeant et une distance à parcourir non négligeable.

– Niveau de difficulté –

Très difficile.

– Durée aller-retour –

8 à 9 heures.

– Route –

À partir de l’autoroute, prendre la sortie pour la 9N vers Lake Placid. À l’intersection de la 86 vers Lake Placid et de la 9N. Rester à gauche sur la 9N. À l’intersection de la 9N et de la 73, prendre à gauche la 73S.

– Stationnement –

Situé juste après St. Huberts, à droite sur la 73S, en face du stationnement pour Giant, où l’on peut se stationner également.

– Divers –

Il semble exister, par l’intermédiaire d’un club de l’endroit, une possibilité de faire du canot sur l’Ausable Lake. S’informer sur place.

sommet mont gothics
Au sommet du mont Gothics, l’auteur et son faciès « gothique », et le spectaculaire paysage en arrière-plan. Photo : © Tous droits réservés Charles Bertrand.

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