
Industrie minière en Abitibi-Témiscamingue
Les roches de l’Abitibi-Témiscamingue sont classées parmi les plus vieilles de la planète (2,7 milliards d’années) et elles en portent bien les rides (failles, plissements et cassures).
L’Abitibi-Témiscamingue est reconnue pour son grand nombre de gisements de métaux précieux et polymétalliques et l’exploitation de nombreuses mines fait de ce territoire l’une des principales régions minières du Québec. En effet, on dénombre plus de 130 mines dans le corridor Rouyn-Noranda–Val-d’Or. On retrouve en Abitibi des mines d’or, de cuivre et de zinc, de nickel, de molybdène et de lithium. Pendant des dizaines d’années, des mines d’or et de nickel ont été exploitées dans la partie méridionale du Témiscamingue.
L’histoire des mines de cette région remonte au début de la Nouvelle-France, dans les années 1600. En fait, inspirés par les découvertes espagnoles au Nouveau-Mexique, les Français se mettent à la recherche de gisements de minéraux, espérant effectuer de grandes découvertes qui leur permettraient de remplir les coffres de l’administration et de financer les voyages d’expédition.
L’apport des Autochtones à ce sujet leur sera d’un précieux secours. À titre d’exemple, en 1686, dans la région du Témiscamingue, des Algonquins montrent au Chevalier de Troyes, en expédition vers la Baie d’Hudson, l’emplacement d’une mine de plomb argentifère dans l’actuel canton de Guigues (après son évaluation, on constate que son éloignement géographique constitue une embûche majeure à sa rentabilité. Le cartographe Jean-Baptiste-Louis Franquelin a inscrit l’anse à la mine sur sa célèbre carte de l’Amérique septentrionale.
Cette mine de plomb argentifère sera finalement mise en valeur dans les années 1870, marquant ainsi les débuts de l’industrie minière dans la région de l’Abitibi et du Témiscamingue. Elle portera le nom de la mine Wright à St-Bruno de Guigues et est la plus vieille au Canada. Dès 1903, à la suite de la découverte d’un important gisement de cobalt, du côté ontarien du lac Témiscamingue, les prospecteurs se dirigent vers la zone de Cobalt. L’avenir leur donnera raison. Ainsi, à l’été 1904, quatre mines entrent en activités dans ce secteur.
Le développement minier démarre alors sur une large échelle à Cobalt et des mines et des camps miniers apparaissent ici et là. En 1907, 500 compagnies sont actives dans le secteur de Cobalt et de Larder Lake. L’année suivante, la population de Cobalt, jusque-là inexistante, est estimée à 7 000, en 1909. Toutefois, ces gisements marquent rapidement des signes d’essoufflement.
C’est au début des années 1910 que les prospecteurs du nord-est ontarien suivent la faille de Cadillac et font d’importantes découvertes de cuivre et d’or.
En 1911, Edmund Horne effectue ses premières découvertes dans le canton de Rouyn. En 1920, il jalonne des terrains sur le nord du lac Osisko. D’autres gisements sont mis à jour par la suite. La découverte de la faille de Cadillac marque le début de l’époque de la fièvre de l’or.
À compter de 1922, c’est la ruée minière dans ce secteur, principalement après les découvertes de gisements Powell et Horne.
En 1925, des financiers new-yorkais fondent la Noranda Mines Limited et cette compagnie achète les terrains du prospecteur Horne. La mine Horne est ouverte en 1927, et 90 autres mines d’or la suivent. De grandes villes industrielles, telles que Rouyn-Noranda (dont le nom est le résultat d’une faute de frappe) et Val-d’Or sont fondées.
Attirés par l’or, des milliers d’immigrants d’Europe de l’Est mettent le cap sur la région.
La Noranda Mines entreprend alors la construction d’une mine, d’une fonderie et d’une ville, baptisée Noranda, sur les bords du lac Osisko.
Ensuite, dans les années 1930, les mines de l’Abitibi deviennent les principales productrices d’or du Québec. Les gisements de divers métaux et d’or et l’industrie minière transforment le paysage de la région. En quelques années, de nombreuses villes minières voient le jour dans la région et contribuent au développement économique de l’Abitibi et du Témiscamingue.
Les prospecteurs poursuivent leur travail d’exploration et se rendent dans la région des sources de la rivière Harricana, où ils découvrent d’importants gisements aurifères dans le secteur qui s’étend des actuelles villes de Cadillac à Val-d’Or. La mine Lamaque, à proximité de l’actuelle ville de Val-d’Or, devient la plus grosse productrice d’or au Québec. Ainsi naît Bourlamaque, une ville de compagnie. Parallèlement à cette dernière se développe Val d‘Or, à l‘initiative des commerçants. On retrouve le même phénomène avec les villes de Noranda et de Rouyn.
L’augmentation du prix de l’or, de 20 $ à 35 $ l’once, en 1934, entraîne l’ouverture de la plupart des mines d’or de la région. Au total, de 1927 à 1950, 50 mines entrent en production en Abitibi et au Témiscamingue, la plupart étant situées le long de la faille de Cadillac ; 40 d’entre elles produisent de l’or, neuf du cuivre, du zinc et de l’argent et une du molybdène.
La production des mines d’or de l’Abitibi et du Québec atteint son apogée en 1942, pour ensuite décliner jusqu’en 1947. Toutefois, malgré certaines difficultés, l’intérêt pour l’exploitation minière se maintient et après la Deuxième Guerre mondiale, la prospection gagne le district de Chibougamau-Chapais.
Durant 34 ans, on a extrait beaucoup d’or à Sullivan (aujourd’hui, secteur de la ville de Val-d’Or : Un million et demi d’onces d’or! C’était un filon riche, qui a fait vivre des générations de travailleurs, et créé un village prospère.
Au total, depuis les débuts de la production minière du Québec jusqu’en 2005, environ 265 sites miniers se sont succédés dans la province du Québec. De ce nombre, plus de la moitié, soit 150, étaient localisés en Abitibi-Témiscamingue.
En 2009, 117 projets d’exploration minière ont été répertoriés dans la région. Les deux tiers des projets ciblaient les minéralisations aurifères tandis que l’autre tiers était axé sur la recherche de gisements polymétalliques et de diamants.
L’Abitibi-Témiscamingue compte aussi des gisements qui font l’objet de travaux de développement importants, soit ceux de Canadian Malartic, de Lac Pelletier, de La Ronde-extension et de Westwood.
En 2010, la production minière de l’Abitibi-Témiscamingue provenait de huit mines d’or : Barry, Beaufor, Goldex, Kiena, Lac Herbin (ouverte en 2008), Lapa (mise en opérations en 2009), La Ronde et Mouska. L‘or était extrait de veines de quartz, de veines riches en sulfures ou des gisements de sulfures massifs (gisement de Rouyn-Noranda).
Soulignons que la mine Kiena, à Dubuisson, a la particularité suivante : elle est située sur une île du lac Demontigny (île Parker). Ce lac est entouré de sites miniers.
Pour vous faire une idée de la richesse du sous-sol abitibien (spécialement l’axe longeant la faille de Cadillac), disons que 70% des mines d’or du Canada se retrouvent dans cette zone.
La région est aussi l’hôte de la fonderie Horne, de Xstrata, laquelle représente un actif important pour l’industrie minière et pour l’économie régionale. La fonderie récupère, entre autres, le soufre sous forme d’acide sulfurique.
Force est de noter que les découvertes de nouvelles réserves minières se font maintenant de plus en plus en profondeur, comme c’est le cas à la mine La Ronde de la compagnie Mines Agnico-Eagle ltée et au projet Westwood de la société Gestion IAMGOLD Québec inc.
Quelques carrières de pierre architecturale sont également exploitées en Abitibi-Témiscamingue, tout comme des gisements de minéraux industriels (chaux, quartz, kyanite, mica et grenat). Temisca inc. y exploite une carrière de grès. Plusieurs entreprises effectuent l’extraction du sable et du gravier.

Monument au mineur à Val-d’Or. Photo : © Grandquebec.com.
Voir aussi :
- Le prospecteur
- Faille de Cadillac
- Canadien Malartic
- Route des prospecteurs et des défricheurs
- Les mines d’or au Québec
- Village minier de Bourlamaque
- Cité d’Or
- Musée minéralogique de l’Abitibi-Témiscamingue
- Maison Dumulon
- Authier
- La Sarre
- Amos
- Senneterre
- Val-d’Or
- Rouyn-Norand
- Route des pionniers
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