Abitibi-Témiscamingue

Étrange manque d’argent

Étrange manque d’argent

Étrange manque d’argent pour développer l’Abitibi

Dans le Nord ontarien, dans l’Abitibi. au Lac St-Jean. sur la Matapédia, dans la Gaspésie et diverses autres régions des provinces de Québec et d’Ontario, il y a des forces hydrauliques considérables. d’immenses forêts d’épinette, et des emplacements propres à la construction de pulperies. L’industrie des pâtes de bois est très payante, et son marché d’exportation illimité. Cependant on trouve très peu de pulperies dans ces régions. On dit que c’est parce que les Canadiens manquent de capitaux. Ça se peut. N’empêche que les Canadiens achètent le «franc» au million. Il n’y a pas de houille dans le Québec et l’Ontario. Le bois de chauffage, déjà hors de prix pour l’usage domestique, n’est pas un combustible pratique pour l’industrie. Le Québec et l’Ontario importent chaque année pour des millions de houille, l’énergie hydraulique de ces provinces, aménagée convenablement, fournirait à leurs industries toute la force motrice nécessaire.

Cette partie de leurs ressources naturelles à été plutôt négligée. Faute de ressources financières suffisantes, sans doute ? Et pourtant, les achètent le « mark » au million. Le dollar canadien, comparé au dollar américain, vaut aujourd’hui quatre-vingt et quelques sous. On dit que c’est parce que la balance du commerce est défavorable au Canada, dans ses échanges avec les États-Unis. C’est vrai. Le Canadien achète des États-Unis trop de marchandises qu’il pourrait fabriquer chez lui. Il y a plus : Je commerçant canadien achète du manufacturier américain pour des millions de marchandises dont la matière première vient du Canada. On croit que, si l’industrie canadienne n’est pas plus développée, c’est qu’il y a pénurie de capitaux au Canada. Peut- être. Mais les Canadiens ont acheté la « lie » au million. Le Québec fournit $8 pour 100 de la production d’amiante du monde entier. Ce produit est exporté à l’état lent. L’Ontario fournit 85 pour cent de la production mondiale du nickel. Cet autre produit canadien est encore exporté à l’état brut. L’argent vaut cher ; il est vendu à un prix exorbitant. Le Canada possède d’immenses dépôts argentifères qui n’ont reçu qu’un commencement d’exploitation.

Le peuple canadien a besoin d’or pour redonner à son papier-monnaie la valeur qu’il représente. Il y a des dépôts aurifères dans toutes les provinces canadiennes. C’est à peine si on leur a donné un peu d’attention. Exemple : les fleuves Saskatchewan et de la Paix charrient de l’or, et on le sait depuis longtemps. Personne ne s’en occupe. Il y an quelques années, à Edmonton, avant que l’agriculture fût développée dans la région comme elle l’est’ aujourd’hui, une des industries à laquelle s‘adonnait la petite population d’alors, c’était la production aurifère. Pour cela, après lu crue des eaux, on se rendait au bout des bancs de gravier et de sable que le courant avait formés de place en place et là, pelletant le sable, on le jetait sur un appareil des plus rudimentaires, pour le laver et en extraire or. On ramassait ainsi de trois à cinq piastres d’or par jour. La Paix est dans le même cas. D’où vient cet or? Des Rocheuses. probablement. où ces fleuves ont leur source. Il faut de toute nécessité que les dépôts aurifères soient considérables, pour que je courant entraîne autant d’or sur un parcours de quatre à cinq cents milles. Et il n’y a, aux sources de ces fleuves, une exploitation aurifère.

Le peuple canadien achète chaque année des États-Unis des quantités énormes de houille. Parce que les forêts d’épinette se trouvent au nord de la ligne 45e, des Américains voudraient. comme représailles, que le Canada fût privé de ce combustible présentement indispensable présentement aux industries. Le Canada possède des dépôts carbonifères que sont considérés parmi les plus riches du monde, et qui ont reçu qu’un commencement d’exploitation Assurément, il faut que le peuple canadien soit totalement dépourvu du côté financier, pour ne pas tirer parti de tant de richesses endormies. Quand on manque de capital.

Néanmoins, c’est par millions que les Canadiens ont jeté l’argent dans des puits de pétrole américains qui n’existent que sur le papier. N’est-ce pas étrange ?

Ernest Laforce. Texte paru dans le journal L’Abitibi, 17 mars 1921, jeudi. Le seule organe français du Nord-Ouest de Québec et de Nouvel-Ontario.

Région rurale
Région rurale. Photographie de GrandQuebec.com.

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