Vivre sur un bateau
On a déjà mentionné les conditions de vie et de travail des membres des équipages des vaisseaux qui faisaient la traversée de l’océan aux XVIIe et XVIIIe siècles. Quant aux passagers, leur vie était encore plus pénible.
Tout d’abord, la durée d’une traversée était imprévisible. En 1610, Samuel de Champlain accomplit un voyage de Honfleur jusqu’à Tadoussac en 19 jours, grâce aux vents favorables. L’année suivante, moins chanceux, le premier gouverneur de la Nouvelle-France met 74 jours pour le même trajet.
En 1752, un vaisseau fait la traversée depuis la France jusqu’à Québec en 6 longs mois. 140 passagers y ont embarqué pour commencer une nouvelle vie. Vingt d’entre eux eurent le bonheur de débarquer sur le nouveau continent. L’année suivante, un autre navire fait la traversée en 24 semaines en raison de l’absence de vents durant le voyage. Sur ses 154 passagers, 50 arrivent à bon port.
Par contre, le retour en Europe est généralement beaucoup plus rapide. En effet, au cours d’une année les vents de l’ouest soufflent pendant plus de 260 jours.
Quoi qu’il en soit, pour les passagers, vivre sur un bateau d’une longueur de 25 à 50 mètres, entassés dans les cales, c’est une véritable torture. Si les membres de l’équipage possèdent un lit ou un hamac pour deux personnes, les passagers vivent dans des conditions encore plus précaires.
Les passagers, à l’exception des plus fortunés, dorment dans la Sainte-Barbe. C’est une salle avec des hamacs suspendus qui servent de lits aux hommes et aux femmes, ainsi qu’aux canonniers du vaisseau dont les postes de combat se trouvent à proximité. Les immigrants dorment dans ce lieu infect et obscur. Pour aller se coucher, il faut se heurter vingt fois la tête et les jambes à de multiples obstacles. On ne peut ni se déshabiller ni se laver.
Parfois, de grosses vagues éjectent les passagers de leurs hamacs, alors, une mêlée improbable de bonnes sœurs, de canonniers, de paysans et d’officiers de marine se forme et on entend les prières des femmes et les blasphèmes des soldats qui essayent de démêler cet enchevêtrement de corps.
Lorsque la mer est agitée, il arrive parfois que l’eau pénètre par les fentes les plus imperceptibles et tous les lits sont mouillés. Si la tempête dure plusieurs jours, tout le monde est malade et vomit dans la salle… Ouvrir les portes pour aérer est impossible…
Divers animaux séjournent dans la même salle depuis des semaines…
Finalement, par mesure de sécurité, il est interdit d’allumer du feu pendant la nuit et de circuler hors de la salle de «repos». Si un passager doit se lever pour des besoins urgents, il peut disposer de barriques installées dans les coins (d’où l’expression «aller aux petits coins»).
Des maladies sévissent, les passagers meurent par dizaines… Ceux qui réussissent à se rendre à destination remercient le Seigneur pour la fin cette interminable traversée.
Pour en apprendre plus :
- 400e anniversaire de la ville de Québec
- Tragédie du Chameau
- Traversée de l’Atlantique
- Collision entre Lafayette et Benmaple
- Naufrage de La Renommée
- Naufrage de L’Auguste
- Commerce maritime au Québec
- Le printemps au Québec
- Histoire de La Sultane
- Naufrage du Montréal