Première prison à Québec
À Québec, à l’époque de la Nouvelle-France, en cas d’effraction ou de crime c’était le Palais de l’Intendant qui servait de prison.
Après la Conquête, les nouvelles autorités utilisèrent comme maisons de détention pour les délinquants civils: l’Hôpital-Général, le Collège des Jésuites et le monastère des Récollets. Les prisonniers militaires étaient gardés dans des bâtiments situés sur la rue Saint-Louis, en face desquels les exécutions capitales avaient lieu. Notons en passant que les exécutions étaient assez rares, mais on y avait recours en cas de besoin. En 1810, on y fusilla deux soldats pour désertion, et ce furent les dernières exécutions à cet endroit.
Le premier bâtiment construit spécifiquement comme prison fut érigé entre 1808 et 1814. La bâtisse était située entre les rues Sainte-Angèle, Dauphine et Sainte-Anne. Cette prison fut construite selon les plans et devis dressés par l’architecte François Baillargé. La prison était en pierre et comportait trois étages, avec une avant-cour et des ailes, son architecture mariant les styles français et palladien.
Au-dessus de la porte d’entrée de la prison, l’architecte fit placer une plaque de marbre sur laquelle un vers latin était gravé: Carcer is bono a pravis vindicare possit (puisse cette prison venger les bons de la perversité des méchants).
De 1812 jusqu’en 1867, au cours des 55 années d’existence de la première prison commune de Québec, on exécuta 14 criminels par pendaison. Les exécutions avaient lieu en public en face de la maison d’arrêt, en présence d’un grand nombre de curieux qui ne manquaient jamais d’assister à ces réjouissants spectacles.
Le premier criminel pendu devant la prison fut un civil convaincu de vol avec effraction, en 1815. Le deuxième fut pendu en 1816 pour avoir volé une vache et le troisième fut exécuté la même année pour avoir volé 40 shillings (mais qui vole un œuf…).
On raconte qu’un jour, au moment où le pendu tombait dans le vide, la foule fut prise de panique et que plusieurs des spectateurs furent blessés. Depuis, les exécutions capitales se firent dans la cour de la prison, au grand désespoir d’un public avide de sensations saines, divertissantes et variées.
Cette ancienne prison fut fermée en 1867. L’édifice fut acheté par le Docteur Morrin et devint le Morrin Collège. L’édifice est très bien conservé malgré le changement de vocation du bâtiment.
En 1997, en hommage à François Baillargé, l’un des architectes les plus connus au Québec, une plaque commémorative fut inaugurée devant l’édifice de la vieille prison.
Adresse de l’édifice :
Morrin Centre
44, chaussée des Écossais
Québec
G1R 4H3.