Au temps des matelots
Au cours du XIXe siècle on observait à Québec, au moins lors de la saison de navigation, de nombreux matelots qui circulaient dans tous les quartiers.
Pendant la première moitié du siècle, Québec était le seul grand port maritime du Canada, et même après l’aménagement des quais du port de Montréal, la ville resta pendant des décennies le second port du pays. Aussi le port de Québec était-il visité par un très grand nombre de navires à voiles, et par des vaisseaux à vapeur à partir du milieu du XIXe siècle.
De 800 à 1400 navires étrangers débarquaient à Québec chaque année. Tous les matelots des navires marchands investissaient alors la ville. On peut imaginer que la vie des habitants n’était pas toujours très facile en présence de cette foule de rudes hommes de la mer qui avaient bien l’intention de profiter de leur séjour en ville… N’oublions pas qu’en 1850, la population de Québec n’était que de 50 mille résidents.
Il faut ajouter à ces matelots les Jack tar, surnom des membres d’équipages des vaisseaux de guerre britanniques qui visitaient régulièrement le port et qui n’étaient pas tous des anges.
On parlait parfois de ces gens de la mer comme de la terreur des Québécois. Des bagarres éclataient quotidiennement ou presque. Parfois, c’était entre les matelots de deux vaisseaux originaires de pays différents, d’autres fois entre les matelots civils et la flotte de guerre, ou encore entre les matelots et les soldats de la garnison, qui n’étaient pas non plus des enfants de chœur. Ajoutons un grand nombre de scandales et de crimes dans les maisons de prostitution, dans les auberges de la rue Champlain et dans les diverses tavernes et cabarets de la ville.
Parfois, les rixes étaient mortelles et les batailleurs s’entendaient pour faire disparaître le corps du délit. La justice n’en entendait donc pas parler. Et comme les disparus n’avaient pas de famille, ou en avaient une dans des terres lointaines, personne ne portait plainte. Les capitaines des bateaux avaient également intérêt à se taire. Il circulait ainsi des rumeurs sur des dizaines de ces disparitions silencieuses.
De cet état de choses, il devait nécessairement résulter des conséquences.
Une des premières fut la fondation par la ville de Québec du premier bureau d’hygiène. Les Drs Hackett et Dubord furent nommés à la surveillance du port de Québec en 1817 et ouvrirent le premier hôpital pour matelots dans le Cul-de-sac (plus tard, le marché Finlay y fut établi, démoli en 1906. Aujourd’hui, il existe une rue du Marché-Finlay).
Le deuxième hôpital fut inauguré au faubourg Saint-Jean-Baptiste, près de l’église. Cet hôpital reçu l’appellation d’Hôpital des Émigrés. Malheureusement, les règlements sur l’hygiène n’existant pas, cet hôpital devint un foyer de propagation des maladies contagieuses.
En 1834, la nouvelle cité de Québec, constituée en 1832, construisit l’Hôpital de la Marine, au bas de la rue de la Couronne, sur le bord de la rivière Saint-Charles. Son premier directeur était le Dr F.-X. Tessier. Cet hôpital servait de refuge aux blessés, aux malades atteints de maladies vénériennes et de maladies infectieuses exotiques, telles que le choléra, le typhus et quelques autres.
Voir aussi :
- Histoire de la police de Québec
- Les cabarets de Québec
- Incorporation de la cité de Québec
- Choléra à Québec
- Typhus de 1847