Le printemps à Québec
Pendant plus de deux siècles, l’arrivée du printemps signifiait l’arrivée des voiliers après la débâcle des glaces. Cet événement était attendu avec une grande impatience. Cela signifiait la renaissance des affaires, la reprise du travail et le renouvellement des relations avec le vieux continent.
On prenait plaisir à arpenter les quais en fumant la pipe et en pariant à qui verrait la première voile poindre à l’horizon, au bout de l’Île d’Orléans.
Notons qu’à l’ouverture de la navigation, les voiliers arrivaient regroupés en grand nombre. En effet, à la Traverse, en bas de Québec, il fallait attendre les vents favorables et la marée haute pour pouvoir poursuivre sa route. Ainsi, à cet endroit, toute la flottille restait en panne.
Une fois cette passe franchie, les navires arrivaient au nombre de dix et plus par jour. Au XIXe siècle, le nombre de navires qui arrivaient quotidiennement au début de la saison de navigation était de 30 ou 40. En juin 1840, pendant la première journée de la saison, 116 navires sont arrivés à Québec. Ainsi, la rade de Québec était littéralement couverte de navires.
N’oublions pas que ces voiliers n’étaient pas grands. Par exemple, les 635 navires qui sont arrivés au port de Québec en 1811 avaient un tonnage global de 138 mille tonnes, ce qui fait un jaugeage moyen de 200 tonneaux par bâtiment. Aujourd’hui, un pétrolier peut avoir 200 ou même 300 mille tonneaux, et une dizaine de vaisseaux communs peut transporter facilement tout le matériel apporté par 635 navires d’autrefois.
Part ailleurs, le chargement d’un vaisseau prend aujourd’hui de 2 à 3 jours, tandis que dans ce temps-là il fallait 2 à 3 semaines pour charger un voilier, toutes les opérations se faisant manuellement.
À l’époque, la traversée de l’océan se faisait en moyenne en 40 jours et un voilier n’accomplissait que deux voyages par année, parfois trois. Aujourd’hui, les transatlantiques peuvent faire deux traversées par mois.

Voir aussi :
- Époque de la voile
- Le naufrage de la Renommée
- La traversée de l’océan
- Les poux de Picardie
- Communications au XVIIIe siècle