Trains de bois
Au cours du XIXe siècle, l’industrie du bois a été l’une des sources les plus importantes de revenus de la province de Québec. On comprend parfaitement que, sans elle, il aurait été impossible de développer l’industrie de la construction navale. De plus, on exportait du bois vers l’Angleterre et d’autres pays européens.
Vers la fin du XIXe siècle, avec l’essor de l’industrie de l’impression, on commence à produire du bois pour les usines de pulpe et de pâte à papier.
Au Québec, il y avait des milliers de bûcherons (on les appelait aussi lumber Jack).
Tout le bois coupé dans les forêts était transporté vers les ports grâce aux rivières. Ce flottage était appelé la drave, les gens qui s’en occupaient étaient des draveurs et le bois transporté s’appelait train de bois.
Pour former un train de bois, il fallait d’abord mettre à l’eau les arbres abattus. Pour ce faire, on apportait les troncs près des rivières navigables et on les jetait à l’eau au moyen de glissoires. Ensuite, le draveur construisait avec ces billots un radeau plutôt petit pour pouvoir franchir les rapides et arriver ainsi jusqu’aux grandes eaux. Une fois les chutes passées, les draveurs assemblaient les petits radeaux pour en faire de plus grands, longs de 50 à 100 mètres. On unissait les radeaux au moyen de longues perches reliées par des harts flexibles et tordus. On posait perpendiculairement un arbre plus court que l’on liait aux billots par des clameaux et des chevilles. Sur les bords, on fixait des tonneaux vides et fermés afin de maintenir en équilibre cette cage de bois.
Ces radeaux s’appelaient des trains de bois et ils comptaient jusqu’à cent hommes d’équipage qui se reposaient à tour de rôle au cours d’un voyage qui durait parfois une semaine. À cette fin, on disposait sur les radeaux de petit abris. On y aménageait aussi des cuisines et des salles à manger.
Un chef, le maître draveur, supervisait toutes les opérations et divisait ses hommes en équipes qui se relayaient jour et nuit à la manœuvre afin d’éviter les échouements.
Au cours de la traversée, on chantait des refrains populaires qui aidaient à coordonner les efforts aux endroits où l’on devait agir simultanément et rapidement (par exemple, pour éviter la collision avec un autre train). On chantait donc À la claire fontaine, Trois beaux canards s’en vont baignant, Élise vit à Paris, etc.
Pour devenir draveur, il fallait être vigoureux, adroit et courageux, parce qu’il fallait sauter sur les billots flottants comme un écureuil. C’était une besogne hasardeuse. Le 13 mai 1829, des vagues brisèrent et cassèrent un radeau comme un fétu de paille lors d’une tempête, faisant 13 victimes. Mais ce n’était pas un cas isolé et des accidents survenaient régulièrement.
La destination finale des trains de bois était la ville de Québec, où on les envoyait vers les chantiers navals de la ville, ou de celle de Lévis, ainsi que dans le port pour être chargés sur des bateaux.
Au début de l’époque de la drave, en 1807, on a compté 340 trains de bois arrivés à Québec. On y voyait entre autres du pin, du chêne, du noyer, de l’érable, du frêne, du tilleul, du cerisier et de l’orme. Le chêne était utilisé surtout pour faire les mâts des navires et des barriques.
Remarquons finalement que ces trains de bois ne venaient pas que du Québec. On envoyait à Québec du bois du Vermont et de l’Ontario (Kingston et Bytown–Ottawa, d’où le bois passait par le canal Rideau).
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