L’âge d’or de la chaussure

L’âge d’or de l’industrie de la chaussure

À partir les années 1870, l’industrie de la chaussure prend son envol.

Les chaussures de Québec deviennent populaires et sont considérées généralement comme des chaussures de qualité. Aux expositions canadiennes et internationales, elles remportent de nombreux prix. La chaussure québécoise alimentait non seulement le marché local et canadien, mais aussi le marché américain.

Cette situation a persisté jusqu’aux années 1940 et le Québec a tenu au cours de ces années les devants de cette industrie.

Par exemple, en 1939, avant la Seconde guerre mondiale, il y avait 233 manufactures de chaussures au Canada.

Voici un tableau illustrant la répartition de ces manufactures au Canada :

  • Québec :                     136 fabriques
  • Ontario :                     70
  • Colombie-Britannique : 7
  • Manitoba :                   4
  • Nouveau-Brunswick :    3
  • Nouvelle-Écosse :         2
  • Alberta :                      1

Dans les 136 fabriques situées dans la province de Québec en 1939, on fabriquait environ 15 millions de paires de chaussures par an. Au total, au Canada, la production de chaussures s’élevait à 25 500 000 paires.

Le Québec fournissait donc les 3/5e de la production totale du pays. La ville de Québec occupait la première place parmi les villes canadiennes, avec une production de 2 800 000 paires.

Cette année-là, le salaire total des cordonniers de la ville de Québec était de $1 160 820.

Le Soleil, samedi 13 septembre 1975 La chaussure canadienne maintenant compétitive

Il fut un temps où les femmes chic ne juraient que par les chaussures européennes, chaussures qu’elles jugeaient plus gracieuses et sophisti­quées que celles qui étaient fabriquées au pays. Même si le volume de ces chaussures demeu­re élevé, l’industrie canadienne de la chaussure est devenue très concurrentielle, et c’est là qu’on y trouve maintenant les plus bas prix.

Évidemment, il y a encore des catégories de femmes qui préfèrent payer plus cher pour des chaussures importées et qui s’attachent à un nom de prestige, mais c’est par snobisme surtout. C’est du moins l’avis de trois représentants des Chaussures Faber de Québec, Mme Connie Prévost et MM. René Montmigny et Yves Berger, respectivement coordinatrice de la mode, administrateur des ventes et représentant pour l’Est. que nous avons retrouvés en table ronde, question de voir les chaussures que vous portez à travers les yeux de ceux qui les fabriquent…

L’industrie canadienne de la chaussure est plus concurrentielle que jamais. Son manque d’originalité dans le style de ­ vient de plus en plus chose du passé avec des noms de chez nous comme Christina, Denny Stewart, La Vallée, Faber… Les prix également sont raisonnables, moins touchés par l’inflation peut-être que les chaussures importées d’Europe qui paient, en plus, des frais de douanes. Ils n’ont augmenté que de 7 à 10% depuis l’automne dernier, ce qui est bien raisonnable devant l’inflation générale. Le cuir demeure évidemment le grand favori, et sa demande constamment en hausse… comme son prix. Depuis quelques an ­ nées, on tente avec plus ou moins de succès d’imposer le polyuréthane, surtout dans les sandales ouvertes. Ce produit a l’inconvénient de causer la transpiration dans les chaussures fermées mais permet une gamme supérieure de coloris que le cuir bien que d’une durabilité inférieure. C’est moins cher, et on l’adopte graduellement.

Selon les représentants de Faber, les Québécoises cultivent bien des pré ­ jugés à l’égard de la chaussure canadienne, et pourtant la plupart des chaussures importées ne sont pas disponibles, elles n’ont qu’une largeur encore et leurs formes de pied ne sont pas adaptées aux vôtres!

Car ça existe le pied canadien, et c’est différent du pied européen, et du pied américain. La chaussure canadienne, dans ses styles, tient compte des formes de pied qu’on trouve ici, et par conséquent, est plus confortable, plus résistante et durable. La qualité de leurs pro ­ duits, les manufacturiers canadiens y tiennent et ils la garantissent, endossant leurs produits à 100% au ­ près des détaillants. Si un défaut se manifeste, vous retournez votre chaussure au détaillant et elle vous revient retapée, comme neuve, en autant évidemment qu’il s’agisse d’un défaut de fabrication.

Le style demeure un handicap pour les manu­ facturiers bien qu’il ait été maîtrisé par des grands noms de chez nous. La mentalité des acheteurs est toutefois difficile à changer quand, par snobisme ou convictions, certains ne continuent de jurer que par la chaussure européenne. Les styles vestimentaires donnant le pas aux styles des chaussures, et ces derniers se dessinant généralement en Europe et prenant quelque temps avant de se voir vraiment implantés ici, les chaussures européennes se font les favorites des femmes qui suivent de près cette même mode, étant sur le marché québécois bien avant les autres. Certains consommateurs, les jeunes et les personnes averties, achètent à l’œil d’abord, un style qui leur plaît.

D’autres, plus conservateurs, choisissent confort sur ­ tout, aux mêmes magasins, et se font conseiller. Et comme tout est à la mode pour le vêtement, il en est résulté une sembla­ble révolution pour la chaussure. Un exemple de la compétivité de la chaussure canadienne nous est fourni par Faber qui dé­ taille une botte cavalier, la fureur cette année, une cinquantaine de dollars alors que la botte cavalier européenne est du double. “ C’est la même botte, notre cuir est peut-être moins beau mais il est plus résistant. Ici. nous devons donner des plates- formes plus résistantes, du cuir plus pesant: c’est une affaire de climat. Les Anglais ou les Français n’ont pas à marcher dans la neige ou la gadoue pendant 5 ou 6 mois par année. » C’est comme le soulier doublé. Saviez- vous que c ’ était exclusif aux fabricants québécois? Conseils d achat Mme Prévost, une coordonnatrice de la mode, suggère de bien déterminer ses besoins avant de se rendre acheter une paire de chaussures.

Est- ce pour travailler, pour des sorties chic, pour le sport, la promenade? Le choix du matériel, le cuir ou un substitut, sera question d’usage. Un rapide examen comparatif de la finition, de la solidité, un essai enfin permettront de se fixer rapidement sur la souplesse et le confort du soulier. Des chaussures, c’est très personnel, et ça ne se laisse pas imposer par quiconque. Même les enfants choisissent eux-mêmes les styles qui leur plaisent, et dès leur bas âge. Mais il ne faut pas hésiter pour autant à consulter des vendeurs compétents chez des détaillants de con­ fiance.

Les Québécoises s’intéressent beaucoup à la mode et dépensent comparativement plus que les citoyennes des autres pro ­ vinces. Elles se chaussent mieux également. Comme souliers chic, les fabricants canadiens vous suggèrent cet automne des souliers avec courroies en bande ou en T sur le dessus et à la cheville, des souliers deux pièces à angle prononcé dans des talons hauts de à 3 pouces, à porter avec des robes et jupes qui ont plus de 2 pouces en bas du genou, ou des sandales chic encore. Un mode de transport tout confortable.

Pour des tenues sportives, des sandales confortables et sport à angle moins prononcé, montées sur des semelles compen­sées, en cuir ou polyuréthane, des sandales de bois, des buffalo en cuir épais pour les jeunes encore. La botte chic est cavalière, plissant au bas de la jambe, libre et dégagée, haute cette année encore. Pour le sport, elle est ajustée sur la jambe, corsée. L’an prochain, elle sera moins haute, plus près du plancher des vaches… plus « cowboy ». Les souliers doublés, les souliers fermés sont toujours très populaires pour les écolières comme pour les femmes de tout âge. Différente des autres Nord-Américaines, la Québécoise n’est pas pour autant européenne. Si el ­ le a adopté les chaussures d’ailleurs dans le passé, pendant que nous demeu­rions fidèles à la chaussure d’ici, bien malin celui qui prédira ce que les femmes porteront dans le futur…

chaussures
Usine de chaussures, photo de l’époque, libre de droit.

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