Déclin de Québec

Déclin de Québec

Jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle, la ville de Québec était l’unique grand port commercial du Canada à rivaliser avec les ports américains. Québec détenait alors le monopole des échanges commerciaux au Canada.

On sait que la prospérité d’une cité dépend en grande partie des activités de son port de commerce, le développement de la ville et de son port suivent en effet une courbe parallèle. En conséquence, si les opérations portuaires viennent à décliner, la cité en souffre nécessairement au point de vue financier. C’est ce qui est arrivé à Québec après 1860.

En 1860, grâce au creusement du chenal fluvial commencé en 1844 (le canal Lachine), le port de Montréal se transforme et devient l’un des plus importants ports d’Amérique du Nord pour la grande navigation. Dès lors, le port de Québec fut détrôné après avoir joué un rôle de premier plan au Canada pendant près de deux siècles. Désormais, le port de Québec n’est plus que le satellite du port de Montréal et les transatlantiques passant devant Québec filent tout droit vers Montréal, leur terminus, où les trains prennent la relève.

Le développement d’une ville mène souvent au ralentissement des affaires dans une autre ville, dans ce cas, l’essor de Montréal a signifié le déclin de Québec.

Nécessairement aussi, l’un des effets de l’ouverture du port de Montréal fut le départ d’un grand nombre de résidents de Québec. Les négociants anglais sont les premiers à émigrer à Montréal. Les débardeurs irlandais les suivent de près, ce qui n’est que très compréhensible vu que le travail les attend là-bas.

On estime que dans les quinze premières années qui suivirent l’ouverture du canal Lachine, plus de 15 mille hommes quittèrent Québec pour s’établir à Montréal.

Voici un tableau évocateur :

1871            1881          Augmentation

  • Population de Québec             59,699          62,444           2,747
  • Population de Montréal          107,225        140,747          32,592

Qui n’avance pas, recule… Ce tableau illustre parfaitement la différence des rythmes de croissance démographique de Québec et de Montréal après l’aménagement de la première voie maritime vers les Grands Lacs (la seconde voie maritime a été ouverte dans les années 1950 avec le creusement du canal qui a permis de traverser les rapides de Lachine).

Ajoutons à cette émigration des gens d’affaires et des ouvriers, le départ de la garnison de Québec. En effet, en 1871, 3 000 soldats quittent la ville de Québec, le danger d’une nouvelle guerre avec les États-Unis n’étant plus d’actualité. La Grande-Bretagne dépensait pour maintenir la garnison $400 000 par année. Autant de perdu pour Québec.

parlement
Parlement du Québec, vue à partir de l’Observatoire. Photo : © tous droits réservés Valeria Novokreschenova.

Ces événements s’accompagnent du déclin, puis de la fermeture des chantiers maritimes. La construction des navires en bois, qui pendant longtemps avait fait la fortune des armateurs et autres charpentiers de Québec, était détrônée. Le fer était devenu le roi de la construction navale. Les charpentiers sont obligés de s’expatrier pour survivre en allant travailler dans les chantiers situés près des Grands Lacs.

Finalement, le développement des usines textiles et autres dans le Vermont, à New York, Chicago et dans d’autres États et villes américaines, provoque l’exode d’un demi-million de Canadiens vers le voisin du sud. Ce fut un véritable exode national et aucun effort de colonisation des terres du nord n’a pu stopper ce processus. La ville de Québec a aussi payé son tribut à cette émigration.

Sans la présence de l’industrie de fabrication mécanique de la chaussure, Québec serait devenue une ville endormie, pleine de souvenirs et de nostalgie.

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