Commerce maritime au XIXe siècle

Commerce maritime au Québec au XIXe siècle

Au XIXe siècle, la deuxième source de revenus de la ville de Québec, après la construction navale, était le commerce de bois, qui arrivait de l’intérieur des terres du mois d’avril jusqu’à fin octobre en descendant le fleuve.

Après l’arrivée du train de bois, on faisait d’abord le classement du matériel et son triage. Ensuite, les marchands de bois l’achetaient et une fois le marché conclu, toutes les pièces de bois choisies pour l’exportation étaient fixées à une chaînes et touées auprès des voiliers.

Le chargement d’un navire durait de deux à trois semaines. Toutes les manipulations de ce bois de construction se faisaient exclusivement à bras d’homme. Tout au plus se servait-on d’un palan.

Les ouvriers travaillaient sous la direction d’un arrimeur attitré, car n’était pas arrimeur qui voulait. Pour ce faire, il fallait être qualifié et avoir obtenu sa licence de la Chambre de commerce du lieu où le candidat entendait exercer son métier. Ses fonctions, pleines de responsabilités, consistaient à disposer méthodiquement tout ce qui entrait dans la cargaison d’un navire, de telle sorte que celui-ci puisse tenir la haute mer et garder son équilibre même par gros temps. On ne pouvait permettre, par exemple, que les billots plus petits soient placés en bas et les plus gros au-dessus, parce que cela pouvait causer un déséquilibre entraînant la perte du navire, de son équipage et de sa précieuse cargaison. Enfin, quand l’arrimage était mal fait, le navire donnait de la bande, ou piquait du nez. Ce désastre s’appelait en terme de marine «boire la grande tasse».

La flotte a payé un lourd tribut au Québec… On surnommait i’Île d’Anticosti, par exemple, le cimetière de vaisseaux, parce que les accidents s’y succédaient avec une telle fréquence que, d’après M. Narcisse Rosa, le gouvernement s’est vu dans l’obligation d’entretenir sur cette île des postes de ravitaillement pour les naufragés. Cette île aurait fait plus de cent victimes.

Le naufrage du navire Le Prince, qui s’échoua et se brisa sur les côtes de Terre-Neuve en octobre 1818, est attribué précisément à un arrimage incorrect. Après le naufrage, on a trouvé au printemps suivant parmi les débris une lettre donnant en détail les causes de la catastrophe et décrivant les souffrances endurées par ces naufragés. Ils sont tous morts de froid à Terre-Neuve.

À l’époque on exportait du bois, du blé, des fourrures, des pommes de terre, de la potasse, etc. Le Canada importait des marchandises industrielles dont l’Europe était grande productrice. D`Angleterre, on achetait surtout des tissus et de l’outillage. Des îles des Antilles venaient le sucre, les sirops et le rhum, qui était alors la boisson favorite des Québécois. Pour 25 sous, on pouvait se procurer une bouteille de rhum. Le moindre épicier détenait un permis de vente. On n’hésitait pas à lever le coude pour affronter les dures réalités de l’hiver québécois et la plupart des cultivateurs avaient leur petite barrique de rhum pour passer le temps des fêtes.

Soulignons que la valeur monétaire des produits exportés l’emportait sur celle des marchandises importées. Cette différence dans les échanges commerciaux se confirme par le fait qu’un bon nombre de bateaux arrivaient au Canada avec des cales vides – n’ayant que du lest – mais tous les navires s’en retournaient bien chargés. En 1820, le Bas-Canada importa pour 674 556 livres sterlings de marchandises, tandis que, rien que pour le bois de construction, le pays exporta pour 1 200 000 livres sterlings, soit presque le double. Le Bas-Canada a exporté en 1810 pour plus d’un million de livres sterlings de blé. De plus, on exportait de nombreuses fourrures et la traite des pelleteries rapportait ainsi des revenus substantiels.

Voici un petit tableau, illustration de l’exportation des fourrures en 1904 :

  • 118 448 peaux de castor
  • 23 796 peaux de martre
  • 20 237 peaux de loutre
  • 11 567 peaux de vison
  • 5 767 peaux de loup-marin
  • 8 891 peaux de renard
  • 17 417 peaux d’ours
  • 178 479 peaux de rat musqué
  • 8 234 peaux de loup
  • 249 050 peaux de divers animaux sauvages

On exportait aussi de la perlasse (ou potasse). En 1808, la somme des exportations de perlasse s’élevait à 200 mille $. Les usines de perlasse se trouvaient à Québec, rue de la Couronne (Crown Street). Elles appartenaient aux frères Coveney, deux Irlandais. Le personnel était lui aussi constitué d’Irlandais. Les ménagères du voisinage envoyaient leur progéniture y acheter pour un sou de lessive. Pour cette somme, elles obtenaient suffisamment de perlasse pour laver le plancher, la galerie, l’escalier et le perron de la maison.

voiliers de nuit
Voiliers de nuit. Photo : © Nicolas T.

Lire aussi :

Laisser un commentaire