Hôpital Général de Québec
Le 1er avril 1693, quatre religieuses de l’Hôtel-Dieu de Québec fondent sur les bords de la rivière Saint-Charles, alors aux confins de la ville, un nouvel établissement de soins à la population. Elles agissent sur l’ordre de Mgr de Saint-Vallier, le deuxième évêque de Québec qui avait reçu l’année précédente des lettres patentes pour la fondation d’un nouvel hôpital général à Québec.
Voici les noms des fondatrices de l’Hôpital Général de Québec :
- Mère Saint Jean-Baptiste (née Marguerite Boudon) ;
- Mère Saint-Augustin (née Louise Soumande) ;
- Mère Sainte-Madeleine (née Geneviève Gosselin) ;
- Sœur de la Résurrection, converse (née Madeleine Bacon).
L’Hôpital Général s’installe dans le Couvent Notre-Dame-des-Anges. S’y ajoute d’autres bâtiments en 1711, 1717, 1736 et 1741 (au cours des XIXe et XXe siècles, d’autres modifications ont été apportées).
Fait remarquable, l’Hôpital Général fut épargné lors des grands incendies de Saint-Roch en 1845, et de Saint-Sauveur en 1866. On sait que dès 1717, Mgr de Saint-Vallier, qui exerçait alors les fonctions de Chapelain de l’Hôpital Général, établit une procession dominicale afin de protéger l’hôpital et le monastère des incendies. Pendant de longues années, les mères ont continué cette pratique qui s’est révélée très efficace…
C’est Mgr de Saint-Vallier lui-même qui a défini le programme de l’Hôpital général. Les dames de l’institution devaient prendre soin des pauvres et des personnes agées. Mais en certaines circonstances elles furent obligées de rendre d’autres services.
En 1721, un de leurs bâtiments fut réservé aux aliénés, et ce jusqu’en 1845, quand l’asile de Beauport est érigé. À partir de 1746, l’Hôpital Général accueille des matelots atteints de fièvres malignes.
En 1756, au début de la guerre de sept ans, plus de 600 soldats français arrivés en Nouvelle-France sont hospitalisés à l’Hôpital Général à la suite d’une épidémie qui sévissait parmi les militaires. La plus grande partie de l’Hôpital était remplie de malades, il y en avait même dans la chapelle.
Vingt-deux religieuses furent contaminées, soit plus de la moitié de la communauté. Sept sœurs payèrent ce dévouement de leur vie. Dix religieuses provenant de l’Hôtel-Dieu furent transférées à l’Hôpital Général pour aider à soigner ces malades.
Pendant le siège de Québec, en 1759, l’Hôpital Général accueille un grand nombre de blessés français et anglais. Le Général Wolfe a même témoigné sa reconnaissance au personnel de la communauté par une lettre très flatteuse. Remarquons que pendant le siège, l’Hôpital-Général sert de refuge aux habitants de la ville lors des bombardements. Les greniers, les hangars et les étables furent utilisés comme asile. Il ne restait plus qu’un appartement pour les sœurs.
Après la bataille des Plaines d’Abraham, le général brigadier Townshend demande à voir les trois supérieures qu’il savait réunies dans l’Hôpital Général: mère Sainte-Hélène, de l’Hôtel-Dieu; mère de la Nativité, des Ursulines, et mère de l’Enfant-Jésus, de l’Hôpital Général. Le général rassure les mères et envoie un détachement de deux cents soldats qui se rangent en ordre sous les fenêtres des édifices pour les protéger. Les autorités militaires anglaises fournissent également de la nourriture, du bois de chauffage et des pansements.
Quelques heures plus tard, on transportait d’urgence à l’Hôpital plus de 400 blessés, tant anglais que français. Selon les relations, 193 soldats français moururent de leurs blessures. On ne connaît pas le nombre des soldats anglais décédés. Notons que comme ces derniers étaient protestants, ils furent enterrés dans la partie nord-est du cimetière de l’Hôpital Général.
L’Hôpital Général accueille aussi un grand nombre de blessés après la bataille de Sainte-Foy, le 28 avril 1760. Cette fois-ci, le vainqueur de la bataille, M. de Lévis, envoie un officier avec une garde française pour prendre charge de l’Hôpital. Selon un accord passé entre les Français et les Anglais, la garde anglaise y demeure quand même. On apporte depuis les magasins du roi environ 500 lits. Plus de 300 soldats français, dont 33 officiers, sont morts à l’Hôpital, plus un grand nombre de soldats anglais.
II ne faut pas s’étonner du nombre important de décès, car les mesures antiseptiques n’étaient pas encore connues et les blessés mouraient fréquemment des suites de plaies infectées.
En 1775, lors de l’invasion américaine, les Bostonnais pénètrent dans l’Hôpital Général le matin du 15 novembre. Le général américain Montgomery déclare que les sœurs n’ont rien à craindre. Une nouvelle fois, l’hôpital accueille les blessés des deux parties combattantes. Plus de 400 soldats américains y sont soignés.
Lire aussi :
- L’Hôtel-Dieu à Québec
- Séminaire de Québec
- Jésuites
- Récollets
- Les Ursulines
- Les Ursulines et les Hurons
- Religion au Québec
- Épidémies au cours du XVIIIe siècle
- Vestiges du premier Hôpital général de Montréal